Pour ce BD de mai 2024, je continue à lire du manga. En effet, après avoir exploré de nombreuses bandes dessinées franco-belges, j’ai fait un peu le tour. Des séries longues à lire comme Ajin ou Berserk. On trouvera aussi l’étrange Beastars qui fait quand même pas loin de 4000 pages ! Le manga fait lire, beaucoup lire.

Ajin

Le pitch d’Ajin pourrait paraître classique et pourtant la manière dont l’idée est exploitée est plutôt intéressante. Dans notre monde actuel, des gens meurent de façon accidentelle ou intentionnelle, sauf qu’ils ne meurent pas. Il s’agit des Ajin. La première originalité du manga, c’est qu’à la manière d’Highlander, les Ajin sont des gens tout ce qu’il y a de plus normal. L’immortalité leur tombe dessus par surprise. La bande dessinée n’explore pas vraiment les éventuelles recherches, on part du principe que c’est comme ça.

En outre, les Ajin valent de véritables fortunes et on bafoue totalement les droits de l’homme. Car en fait, les Ajin vieillissent, et leur immortalité se traduit dans le fait que même si on tranche leurs organes, ils repoussent. On les capture non seulement pour faire des expériences, mais aussi pour avoir des distributeurs d’organes illimités ou faire des tests de produits de laboratoire.

Ainsi, chaque personne qui prend conscience d’être un Ajin fuit, de peur de se faire attraper. Sato est un Ajin d’un certain âge, un homme qui a fait la guerre. Il voit dans les possibilités que lui offre son corps, un moyen de s’amuser. Il décide tout simplement de prendre le contrôle du Japon. Nagai quant à lui, un jeune homme indifférent qui fait des études de médecine, décide de s’opposer à lui.

Ajin est une bande dessinée extrêmement violente qui exploite l’immortalité des Ajin dans des scènes de combat particulièrement bien pensées. L’histoire est captivante, et on se demande comment nos héros vont pouvoir réussir à coincer cet homme qui n’a peur de rien, à raison, il est immortel.

Berserk

Cinquante-cinq millions d’albums vendus pour Berserk. C’est un manga que j’ai commencé plusieurs fois, jeune surtout et que je n’ai jamais fini. En même temps, pas sûr de voir la fin un jour avec la mort de Kentarô Miura son auteur, même si on ne tue jamais la poule aux œufs d’or. Un décès qui n’est pas passé inaperçu puisqu’il a été annoncé dans tous les médias français, ce qui donne tout de même la portée de l’œuvre.

Berserk nous propose de suivre les aventures de Guts de façon assez décousue au départ. On découvre un personnage borgne avec un bras de moins qui tue des monstres. Il est marqué au cou d’une trace qui saigne face à des démons. Pourquoi est-il maudit ? Comment en est-il arrivé là ? L’histoire nous plonge alors dans son passé, d’une enfance dans laquelle il naît pour ainsi dire sur les champs de bataille jusqu’à ce qu’il rejoigne la troupe du faucon. La troupe du faucon est une troupe composée par des jeunes gens. À leur commandement, Griffith, un jeune homme ambitieux qui a pour rêve de devenir dirigeant du royaume.

Au coup de Griffith, un étrange pendentif, la Béhélit, une sorte d’œuf qui a l’air d’être vivant et qui va jouer un rôle essentiel dans l’aventure. Lorsque Griffith et Guts affrontent pour la première fois un démon, ce dernier s’arrête de se battre contre eux quand il voit le pendentif. Il ne faut pas sortir d’une grande école pour comprendre que Griffith est appelé à un autre destin que diriger le royaume et que Guts sera son ennemi.

Un manga TRÈS / TROP violent et phare

Le premier volume de Berserk date de 1990. Si le manga a de nombreuses séries qui font rarement dans la dentelle, force est de constater que Berserk va loin. On parle ici de Dark Fantasy, la même qui a pu inspirer des univers comme Dark Souls ou Elden Ring. Le manga non seulement offre des combats qui sont particulièrement gores avec des membres découpés, des monstres horribles, mais il franchit souvent la ligne rouge. Viol, inceste, pédophilie. Kentarô Miura va très loin, je pense même trop loin. Berserk n’est pas un manga à placer dans toutes les mains. Même des adultes peuvent être choqués par les contenus.

J’évoquais plus haut la marque de Berserk dans le jeu vidéo, c’est en effet pour le moins étonnant. Des monstres, des ambiances, même des designs de personnages, on les retrouve dans des jeux. Il faut dire que le dessin atteint aux environs du tome 20 son paroxysme malheureusement au détriment du scénario. Je suis actuellement au moment où j’écris ces lignes au tome 30. L’histoire s’enlise complètement et on n’imagine pas la fin alors qu’on sait que l’auteur est décédé aux environs du tome 40. En effet, les god hands sont au nombre de cinq, ils apparaissent comme les ennemis ultimes. Pour l’heure, aucun combat n’a eu lieu.

Berserk avait pourtant démarré de manière intense, si le manga reste plaisant à lire, on ressent moins le besoin d’urgence qu’on pouvait avoir au début de la série.

Chiisakobé

Dans un grand incendie, Shigeji perd ses parents et le siège de l’entreprise familiale. Ritsu, une amie d’enfance, a perdu sa mère sans rapport avec l’incendie. Shigeji la prend à son domicile où elle devient son employée de maison. Elle n’est pas venue les mains vides puisqu’elle a récupéré cinq enfants de l’orphelinat qui a aussi brûlé dans l’incendie. Ils vont composer une bien étrange famille.

Shigeji va devoir relever les nombreux défis qui l’attendent. Sauver l’entreprise familiale, gérer sa vie personnelle, et s’affirmer. En effet, avec sa longue barbe, son grand niveau d’étude, sa « disparition » durant des années, on ne le considère pas. C’est d’ailleurs l’une des thématiques phare de ce manga, qu’est-ce que devenir adulte ? Qu’est-ce que devenir un homme.

En quatre tomes, une très jolie histoire pleine d’humanité, de non-dit. J’aime beaucoup le dessin particulièrement réussi qui va bien avec cette bande dessinée qui prend le temps. En effet, on cadre sur les mains, les objets, le dessin n’essaie pas d’aller à l’essentiel, il est souvent contemplatif. Un très joli manga.

Beastars

Il m’en aura pris du temps ce Beastars et finalement, j’en vois le bout. Beastars est un monde basé sur l’anthropomorphisme, mais de façon très différente de celle qu’on peut lire dans la bande dessinée franco-belge. C’est avec Solo qu’il y a le plus de lien. L’histoire se déroule dans une ville où cohabitent des carnis et des herbis. L’ouverture, c’est un meurtre, un herbi vient de se faire dévorer par un carni. Car c’est ici toute la différence avec ce qu’on peut voir ailleurs, l’anthropomorphisme ici n’est pas que graphique, mais il conserve les attributs de chaque espèce. Si les carnis sur le principe ne mangent plus de viande et prennent des produits de substitutions, parfois ça dérape.

Ce crime se déroule à l’école où cohabitent toutes les espèces. On y suit plus particulièrement les aventures des membres d’un club de théâtre. Le héros principal, malgré la quantité de personnages, c’est Legoshi, un loup. Legoshi le loup est un personnage atypique, il voue une passion pour les herbis, mais pas dévorante. Louis la star de l’établissement, un cerf va devenir son meilleur ami, il est fou amoureux d’une lapine du nom de Haru.

Beastars intrigue, c’est un manga particulièrement bien fait qui manipule parfaitement son univers. Les couples mixtes par exemple avec la problématique qu’on imagine d’un carni et d’un herbi qui s’aiment. Le marché noir qui cache l’hypocrisie de toute la société dans lequel on vend de la viande d’herbivore. Au travers des états d’âmes de Legoshi on va le voir mener l’enquête pour trouver qui a tué le pauvre étudiant. Par la suite et jusqu’à la fin, on aura droit à un nouveau grand méchant, Melon, croisement d’une gazelle et d’un léopard.

J’ai vraiment trouvé ce manga atypique, avec des héros particulièrement attachant, il y a de toute évidence trop de tomes pour une histoire qui aurait dû s’arrêter cinq ou six tomes plus tôt. La fin en est presque ridicule quand la bd poussait tout de même à une réflexion « intéressante » sur la différence.