Au sommaire de ce one shot : Salto sur l’ETA, Omni-Visibilis, l’année fantôme, un loup pour l’homme, et Mamoht.
Salto : L’histoire du marchand de bonbons qui disparu sous la pluie
L’ETA est un mouvement indépendantiste basque qui a agi en Espagne de 1959 à 2018. D’après Wikipédia, 829 seraient mortes dans les différents attentats. Miguel vit en Andalousie, il est typiquement un épicurien. Il ne fait pas payer les clients, il ne paye pas les factures et profite de la bienveillance de ses voisins, du maire. Il rêve de devenir écrivain, mais il n’écrit pas une ligne. Sa femme commence à perdre patience face à des dettes qui s’accumulent et une vie qu’elle ne supporte plus.
Miguel décide de devenir « chien ». Il s’agit d’individus qui exercent la protection de personnes menacées par l’ETA. On va découvrir, sur un récit passionnant, l’histoire de cet homme possédé par la joie de vivre qui se transforme en paranoïaque de la gâchette. Il va se retrouver à la protection d’un homme politique qui vit dans le déni. Il boit, il sort, et fait appel à son chien à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.
Judith Vanistendael nous livre un one shot passionnant qu’on lit d’une traite. Il s’agit d’une histoire vraie. On pourrait reprocher au récit d’être trop classique. Comme on peut s’en douter, passer de la lumière à l’ombre aura des effets dévastateurs sur Miguel et sa famille. Pourtant, malgré ces clichés sur les métiers de la « police », c’est passionnant.
Omni-Visibilis le one shot absurde de Trondheim et Bonhomme
On ne présente plus Lewis Trondheim, on a vu Bonhomme sur le site pour sa reprise de Lucky Luke. Hervé est un célibataire, un type banal, sans trop d’envergure. Du jour au lendemain, il est reconnu dans la rue. Les gens ne savent pas trop pourquoi, mais finissent par lui raconter ce qu’il a fait depuis le début de la matinée.
Hervé a développé un super-pouvoir, le monde entier peut voir à travers ses yeux, écouter à travers ses oreilles, idem pour les autres sens. Il commence à prendre conscience du problème lorsque sa petite amie du moment, actrice, commence à jouer une scène devant lui. Il est en effet le plus grand émetteur du monde, et les gens n’ont d’autres choix que de supporter ce qu’il voit ou ce qu’il entend. La traque démarre, chacun a quelque chose à raconter à la terre entière.
Très drôle, notamment dans le découpage des scènes. J’ai éclaté de rire quand il est aux toilettes et qu’on voit à travers le monde, des gens renifler pour comprendre d’où vient l’odeur nauséabonde. Une très bonne bande dessinée notée tome 1 sur différents sites, mais qui pourtant est bien un one shot à mon sens.
L’année fantôme
Gilles Collot-Sopièdard est un chroniqueur presse et radio. Il est une caricature de ces chroniqueurs qu’on trouve sur les plateaux de télévision. Ces gens qui essaient de briller en écrasant souvent les autres. L’humour caustique, sûr de lui, rien ne l’arrête. Il mène une vie de bobo entre les diners mondains où il explique l’art d’épater la galerie. Comme tout bon parisien, il voit une psy, l’une des rares à ne pas succomber à son charme. Son épouse aussi, une femme, qui est totalement premier degré et qui n’entend rien à l’humour.
Collot fuit sa famille. Sur la couverture, on peut voir l’enfant qu’il était, lui rappeler qu’il fallait fuir et partir à la capitale. L’anniversaire de son frère approche, et il finit par accepter d’y aller à contre cœur. Il va se rendre compte qu’il ne connaît pas tout de sa propre vie et découvrir une année fantôme, une année qu’il a occultée.
Didier Tronchet capable d’humour absurde, est devenu pour ma part un extraordinaire raconteur d’histoire. Si on peut reprocher à la première partie d’être trop dans la caricature même si elle est très bien faite sur les personnages, la seconde partie sur le secret de famille est remarquable. La galerie de personnages est réussie. L’épouse de Collot notamment qui ne rit jamais à l’humour de son mari, ou Collot lui-même, cynique sur tout, y compris sur lui-même. Un one shot à lire.
Un loup pour l’homme
En France, dans les années 20, à la campagne. Le « baron », un propriétaire terrien, gère sa famille et son exploitation comme un tyran. Pensant qu’il peut tout se permettre, il agresse lors d’une soirée bien arrosée une de ses domestiques. Elle refuse, il la tue. Sa fille Maya est jetée dehors. L’enfant grandit seule au milieu des loups. Seul Markus, plus ou moins le fils adoptif du baron, continue de prendre soin d’elle.
Avec Maya qui vit au sens propre au milieu des loups, on comprend qu’il y a une nature fantastique dans la bande dessinée. Je n’en dirai pas plus si ce n’est que c’est un élément clé de ce one shot. Environ 200 pages très joliment illustrées à mi-chemin entre le manga et Disney. En effet, pour toute la partie animale, difficile de ne pas penser aux classiques. De la même manière, lorsqu’on voit la jeune fille en peau de bête sur la couverture, on pense au trait Hayao Miyazaki.
L’histoire n’est pas très originale, plutôt prévisible, mais c’est prenant. Les relations entre les différents personnages sont très bien travaillées. Il s’agit d’une bande dessinée qui a l’intelligence de poser les choses.
Mamoht
Mamoht est une histoire plutôt originale qui nous raconte l’histoire de trafiquants d’ivoires. Tout commence en Russie, où un homme retrouve ses amis. Voiture, argent à gogo, il explique qu’il est devenu trafiquant d’ivoire. L’idée est simple, retrouver des mammouths ensevelis et prendre l’ivoire sur les fossiles.
La bande dessinée aborde deux aspects. L’aventure bien sûr, avec une équipée qui va de plus en plus loin pour trouver en quelque sorte le cimetière des éléphants. L’avidité omniprésente poussera une partie du groupe à se débarrasser des autres. Le second aspect de la bande dessinée est documentaire. Les chiffres, les techniques, le permafrost qui disparait, on s’attache à retranscrire au mieux ce trafic. Un one shot Intéressant et agréable à lire.