La réélection de Donald Trump à la présidence américaine fait réagir, interpelle. La détresse du peuple américain qui pense que Trump va tout réparer. Le repli évident sur soi qui nous pend au nez avec un monde qui s’écroule. Les conflits dans le monde. Si l’incertitude est flagrante, il y a quelques points pour ma part qui m’interpellent notamment la notion de complotisme.
Le complotisme, un outil de disqualification de l’adversaire comme les autres
J’ai écouté dernièrement l’émission Legend de Guillaume Pley avec un invité qui se déclarait comme platiste. Je n’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû, car en faisant grimper l’audience, j’encourage différents comportements. Quand Pley invite quelqu’un qui se dit platiste, il sait que cela va fonctionner. En effet, les gens vont réagir, dénoncer l’absurdité, dénigrer l’individu qui exprime son courant de pensée. Pour ma part, la terre est ronde, pour l’ensemble des preuves scientifiques qui sont apportées, mais pas seulement. J’aime beaucoup la phrase qui dit que faire taire les gens qui auraient organisé un faux alunissage en studio, aurait été plus difficile que d’envoyer quelqu’un sur la lune.
Le complotiste ce ridicule
Il faut comprendre qu’avec les théories loufoques, vient toujours le complotisme. Pour l’individu qui participe, Thomas Pesquet n’est jamais allé dans l’espace, c’est en studio. Il y a un mur de verre gardé par les forces militaires du monde aux extrémités de la planète. Notre monde vit dans le secret, un secret détenu par les puissants. Ces puissants qui nous distillent l’information dans les films ou les Simpson. Le monde détenu par les puissants, une théorie qui revient souvent et qui ouvre souvent la porte de l’antisémitisme.
L’interview m’a posé un problème pour les théories avancées, mais aussi sur l’individu qui se définit comme Chrétien créationniste. Il y a ici un très mauvais mélange des genres, on peut croire en Dieu, être créationniste, penser que la terre est ronde. Et j’ai envie de dire que ce n’est certainement pas le message le plus important relayé par Jésus qui incitait à l’amour de son prochain.
Il n’empêche que j’ai eu de la peine pour le pauvre homme et pour ses proches. Venir se couvrir de ridicule, car il s’est ridiculisé, devant des millions de personnes, c’est difficile à porter pour lui et les siens. À contrario, il s’est offert une énorme fenêtre de visibilité qui va lui permettre d’atteindre des gens.
Le complotisme un Godwin comme un autre
Avec le platisme, même d’après les chiffres de Pley, 9% des Français y croient, on peut dire que c’est facile à débunker. De la même manière, si vous faites un tour sur la chaîne de G Milgram, on voit encore des démontages simples. On peut finalement clôturer le débat simplement, en sortant le complotisme. Comme dit plus haut, les théories loufoques s’accompagnent de complotisme. Car on sait que, mais on ne veut pas le dire au grand public. On fait de la communauté, on enrôle, on fait partie de l’élite qui connaît le secret, on est différent. C’est ainsi qu’on tombe dans l’escroquerie, le sectarisme, et qu’on dépouille les gens.
Il y a tout de même une limite à ce raisonnement.
Ridiculiser la partie adverse, c’est aussi une manière de clore totalement le débat. Cela fait des décennies que des scientifiques tirent la sonnette d’alarme pour informer sur le réchauffement climatique. J’ai quasiment cinquante ans, et j’ai souvenir de l’inquiétude quant au trou dans la couche d’ozone. Pendant des années, on a traité ces scientifiques d’alarmistes pour rien, de fous. Les grandes sociétés ont commandé des enquêtes contradictoires pour simplement clore le débat avec des résultats bidons. Les événements en Espagne ou ce village dans l’Aude qui n’a plus d’eau me font croire que le réchauffement climatique n’est pas un coup des chinois.
Et c’est ici que je suis interpellé, ce n’est pas par ce qu’ils sont nombreux à le penser ou que même le président des États-Unis le pense qu’ils ont raison.
Le logiciel libre ce truc de bolchéviks
Pendant des années, les utilisateurs de logiciels libres ont été infantilisés. Des trucs de bobos, de bolchéviks, des logiciels de mauvaise qualité par rapport aux logiciels américains. LibreOffice, c’est bien pour les enfants, mais pour le monde professionnel, il faut du Microsoft. J’entends régulièrement cette phrase.
Ces clichés ont la peau dure, si vous faites un article Linux sur un site populaire, les fans boys Apple ou Microsoft se déchainent. Ce n’est pas mieux du côté des Linuxiens qui ont parfois les clichés qu’ils méritent. Je pense que depuis des années, on se trompe de posture pour l’utilisation du logiciel libre, mais c’est un autre débat.
Depuis quelques années, le mot souveraineté est de plus en plus présent dans le débat sur l’informatique, à raison, même les États-Unis en parlent. En effet, l’indépendance informatique, notamment en termes de semi-conducteurs, est une des préoccupations de Trump. Comme écrit en introduction, l’élection de Trump est une évidence pour un peuple qui a peur. Trump dans le fond a les mêmes principes que Poutine, calculer comment isoler son pays du reste du monde pour survivre à l’apocalypse.
Et c’est ici que l’Europe peut s’interroger sur ce monde dans lequel chacun rentre chez lui. Dépendant des chinois pour le matériel, dépendant des américains pour le logiciel.
Et c’est sur ce point que j’aimerais revenir. Depuis des décennies des gens alertent sur les logiciels américains dont nous sommes trop dépendants. La solution, on la connaît, on investit dans le libre de façon conséquente plutôt que de tenter des solutions francophones qui seront mauvaises. Quand je vois la qualité des solutions maisons dans mon quotidien, l’éducation notamment, c’est mauvais. Durant la COVID, nous avons pu communiquer grâce aux solutions des GAFAM pas grâce à nos logiciels.
Rassurons-nous, les lobbies auront le dernier mot et les gouvernements n’auront pas encore le courage de forcer le libre. Cela fait quand même pas mal de lanceurs d’alertes qui ont raison. La liste est longue et pas qu’en informatique.
Complotisme ? Vraiment ?
Les écologistes, les scientifiques, qui depuis des années annoncent la catastrophe seraient dans l’erreur. Une forme de complotisme. Je discutais dernièrement avec une personne du centre de la France où il y a de l’eau de partout. Il était climatosceptique. Dans le sud de la France, il est très difficile d’être climatosceptique. Mais finalement, puis-je lui jeter la pierre ? On est souvent concerné par le problème, quand on a le problème.
Combien d’individus ont pointé du doigt une situation pour se faire prendre pour des imbéciles ? Beaucoup. Alors effectivement certains se sont trompés, comme ceux qui attendaient la fin du monde en regardant les calendriers mayas. Mais si pourtant les gens qu’on conçoit comme des fous aujourd’hui étaient en fin de compte les véritables visionnaires de demain.
On voit de plus en plus de gens qui évoquent l’effondrement de la société et avec elle le survivalisme. S’armer, avoir son abri plein de nourriture, apprendre des techniques de survie. Est-ce qu’ils sont si fous ? Dernièrement, je voyais au journal télé des recommandations suite aux inondations en Espagne du nécessaire en cas de survie.
Demain, je ne dirai pas que la terre est plate, ni même m’y intéresser davantage que le temps d’un podcast. Je suis toutefois assez interpelé de voir des gens qu’on a réduits au silence, ridiculisés, avoir cependant raison.
Et je trouve que c’est dangereux pour plusieurs raisons. La première, c’est que museler les gens, leur couper leur liberté d’expression, c’est mauvais. La seconde, c’est que si effectivement, on s’interroge sur qui a raison, qui a tort, on peut être amené à rencontrer les mauvaises personnes. J’entends par là que si demain, vous pensez que la terre est plate, ça ne changera rien à votre vie. En outre si vous pensez que vous pouvez guérir le cancer grâce au jus de carotte, c’est un problème. Enfin, le manque de confiance nous pousse à tout remettre en question.
Comment réussir à se forger une opinion quand on voit la masse de biais, d’erreurs, dans les publications ? Comment conserver son esprit critique sans tomber dans la paranoïa ?
« J’ai quasiment cinquante ans, et j’ai souvenir de l’inquiétude quant au trou dans la couche d’ozone »
Nous sommes au moins deux ici 😉
https://www.nationalgeographic.fr/environnement/le-trou-dans-la-couche-dozone-serait-en-train-de-se-resorber
Guillaume Pley aussi… tellement de bails sur cet agresseur de femmes…
Le complotisme est le fruit de l’ignorance, du défaut d’éducation. Pour la personne réceptive.
Après, est-ce que Trump croit dans les connecries qu’il sort ?
Pas sûr, il est avant tout un capitalisme effréné qui sait comment servir ses intérêts de classe.
La frontière est parfois mince entre complotisme et réalité. L’exemple que j’évoque quant à l’écologie par exemple. On n’a peut-être pas traité de complotiste les scientifiques qui dénonçaient les grandes sociétés de faire des enquêtes bidons pour couvrir la pollution ou l’industrie. Mais en fin de compte, ils dénonçaient tout de même « un complot » alors qu’ils avaient raison. En fin de compte, si on réfléchit dernièrement à la vaccination de masse avec des gens qui se sont élévés contre le manque de recul, les magouilles de l’industrie médicale. Si on balaye les délires sur les puces 5G et autres absurdités, on se rendra peut-être compte qu’on est face au plus grand scandale sanitaire de l’histoire.
Alors Cyrille, on essaie de faire un maximum de vues sur cet article dégainant les sujets polémiques ? 😀
Ce qui est inquiétant avec les théories du complot, c’est qu’elles peuvent aujourd’hui toucher des sujets graves qui impactent notre vie quotidienne, comme par exemple le refus de la vaccination.
Mais aussi et surtout parce que ça s’est banalisé. Il fut un temps où personne ne croyait en la terre plate ou du moins personne n’osait le dire par peur du ridicule, mais depuis une petite dizaine d’années c’est devenu une croyance comme une autre. Et on leur donne une visibilité médiatique.
Je me demande si ce ne serait pas une conséquence du premier mandat de Trump ça tiens :p
PS : La dépendance aux logiciels américains c’est presque rien par rapport à la dépendance à l’OTAN…
Et si finalement, pour le refus de la vaccination, les gens qui ont dit que ça a été fait trop tôt et n’importe comment avaient eu raison ? L’histoire le dira 🙂
J’hésite un peu à remettre une pièce dans la machine mais je voudrais juste préciser deux points :
1) En sciences et en pensée critique, on ne peut pas prouver que quelque chose n’existe pas. Donc on ne pourra jamais prouver qu’il n’y a aucun effet secondaire à un remède X ou Y. Tout comme on ne pourra pas prouver qu’un complot n’existe pas. Cela peut donner l’impression qu’il y a une incertitude, un débat ou un manque de recul, mais c’est surtout un problème épistémologique. Et donc cela laisse le champ libre aux gens sûrs d’eux qui paraîtront beaucoup plus crédibles, mêmes s’ils n’ont pas de preuves.
2) « L’histoire nous le dira » : C’est vrai, mais ça ne doit pas être utilisé comme argument pour maintenir un doute ou un statu quo. L’histoire de Galilée est parfois invoquée comme argument car le monsieur était persécuté en son temps alors qu’il avait raison. Le problème est que cette rhétorique peut justifier n’importe quoi. Elle est même conçue pour être valide peu importe l’issue.
Un exemple pratique. https://www.francebleu.fr/infos/politique/les-deputes-lfi-de-l-herault-veulent-arreter-le-projet-du-contournement-ouest-de-montpellier-avec-une-proposition-de-loi-5098920#xtor=RSS-124
Quand on se documente un peu, on voit que 9 personnes sur 10 sont favorables au projet. On peut les comprendre, quand tu viens du « nord » et que tu veux aller vers Nîmes, tu es forcé de traverser la ville. Seulement pour ne pas avoir de débat public, Vinci a omis pas mal de travaux pour rester sous la barre des 300 millions d’euros qu’il a notés comme facultatif. De l’autre côté on apprend que l’enquête a été mandatée par Vinci pour savoir si les gens voulaient un contournement ou non. Alors les gens le veulent, les gens ne le veulent pas ? Est-ce qu’une société qui est partie prenante dans la réalisation des travaux peut se permettre de faire un sondage qu’on peut supposer orienté ?
Complotisme ordinaire ? 🙂
Il y a de la confusion
– Une route qui passe ou pas
Choix politique
– Un vaccin qui fonctionne ou pas
C’est de la science
Tout le problème c’est de mélanger des connaissances scientifiques, des croyances, des opinions, des émotions etc…
C’est de cette confusion volontaire ou pas que naissent les manipulations.