Saartjie Baartman, la Vénus Hottentote.

Dans cet article, je vais vous résumer la vie de l’esclave Saartjie Baartman, surnommée ironiquement la « Vénus Hottentote ». Ce n’est qu’un petit exemple de comment les européens traitaient et considéraient les africains au XIXe siècle…

Une esclave comme tant d’autres

Saartjie, serait né vers 1789 au sud de l’Afrique du Sud. Elle appartient au peuple Khoïkhoï, appelé aussi les Hottentots. Elle sera réduite en esclavage avec ses frères et sœurs par un fermier Boers (colonisateurs originaires des actuels Pays-Bas). Il lui donnera le nom Saartjie, diminutif de Sarah. Elle se marie et a deux enfants. En 1807, on la revend à Hendrick Caezar un fermier voisin, contre du tabac et de l’eau-de-vie.

Saartjie Baartman : un physique hors norme.

Le physique de Sarah était hors norme. Elle souffrait d’une hypertrophie des hanches et des fesses (stéatopygie) et d’une macronymphie (hypertrophie des petites lèvres).

Saartjie, la Vénus Hottentote

En 1810, un médecin britannique proche de la retraite, Alexander Dunlop, voit dans le physique de Saartjie le moyen d’arrondir ses fins de mois en l’exposant dans les zoos humains européens. Il parvient à convaincre son propriétaire.  Les deux hommes essayent d’abord de la revendre au directeur d’un zoo humain de Liverpool, mais les négociations n’aboutissent pas.

La « vénus » exhibée sur scène comme un animal

Elle est ainsi exposée presque nue dans une cage sur les scènes anglaises et irlandaises durant 4 ans. Les gens qui viennent la considèrent comme un animal, ils se moquent de ses formes et s’approchent même pour la toucher. Seulement l’esclavage est aboli en Angleterre depuis 1807 et une association porte plainte contre Hendrick et Dunlop. Mais la cour royale de justice déclare un non-lieu, car les deux hommes ont réussi à faire dire à Saartjie qu’elle était là volontairement et qu’elle touchait un salaire…

En 1811, elle est baptisée à Manchester. Elle obtient le nom de Baartman, signifiant « barbu » en afrikaans…

Ensuite, les deux hommes décidèrent d’emmener Saartjie en Hollande puis en France (1814) où, en plus d’être exhibée dans un cabaret de la rue Saint Honoré, elle sera prostituée. C’est à cette époque qu’elle sombrera dans l’alcoolisme.

Vénus Hottentote : l’origine d’un surnom

On lui donne son surnom de « Vénus » pour se moquer d’elle. Pour être en quelque sorte l’opposée de la Vénus Callipyge. En effet, c’est le nom donné aux statues d’Aphrodite en train de regarder ses fesses (parfaites) dans le reflet de l’eau en soulevant sa tunique.

Un corps qui fascine. Vivant ou mort.

Ensuite, on l’envoie au muséum d’histoire naturelle pour l’étudier. Les scientifiques classeront la « race hottentote » entre l’Homme et le chimpanzé. Ainsi, Geoffroy Saint Hilaire, naturaliste, écrira qu’elle « a un visage comparable à celui d’un orang-outan et un postérieur identique à la femelle du singe mandrill »…

Saartjie meurt à Paris le 29 décembre 1815 d’une pneumonie. Elle n’avait pas 26 ans. Tout content de pouvoir mieux l’analyser, l’anatomiste Georges Cuvier, qui l’avait déjà étudiée de son vivant, fait d’abord un moulage en plâtre de la pauvre esclave. Ensuite, il la dissèque et conserve ses organes génitaux et son cerveau dans des bocaux. Il extrait ensuite son squelette qu’il reconstitue. Elle sera exposée au musée de l’Homme jusqu’en 1976.

Finalement, ses restes ne seront restitués à l’Afrique du Sud en 2002. Elle sera enterrée sur sa terre natale non loin du Cap.

Sources : La Vénus hottentote, entre Barnim et Muséum de Claude Blanckaert, Collection archives, 2013.

https://books.openedition.org/mnhn/3930?lang=fr

https://books.openedition.org/mnhn/3948?lang=fr

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Saartjie_Baartman

Géo : https://www.geo.fr/histoire/venus-hottentote-comment-sarah-baartmann-est-elle-devenue-lun-des-symboles-du-racisme-en-europe-209764

Bande-annonce du film la Vénus Noire, d’Abdellatif Kechiche, 2010 :