Quand on arrive à un certain âge il se peut qu’on soit tenté par un coup de nostalgie. Si Benjamin achète des consoles d’époque avec leurs éditions « repimpées », je vous propose une alternative avec Recalbox. Dans la foulée, je vous rappelle que Benjamin a écrit un billet complet sur l’histoire du jeu vidéo.
Le besoin de nostalgie ?
Comme je l’ai écrit en introduction, il y a un marché de la nostalgie, notamment dans le jeu vidéo. Si vous regardez le marché du retro-gaming, les tarifs se sont envolés. Un marché de l’occasion fleurissant pour les vieilles consoles et les vieux jeux mais aussi pour le neuf. En effet, tous les éditeurs s’y sont mis en proposant des consoles mini embarquant les meilleurs jeux de l’époque.
La nostalgie pour ma génération est évidente. Le jeu vidéo comme le reste était beaucoup plus simple, quatre boutons et on jouait. Pas d’internet, on partageait le même écran jusqu’à quatre joueurs. Le jeu rapprochait physiquement les gens, ce n’était pas chacun chez soi à travers les réseaux. Il y a donc quelques raisons d’être nostalgique à la recherche d’une simplicité de gameplay et de convivialité.
Seulement la spéculation ne s’arrête pas au marché de l’occasion mais aussi pour ces nouveaux produits remis au goût du jour. Une super Nintendo Mini chez Amazon est vendue à 280 € avec à peine 20 jeux. Nous jouons dans la même cours que la Xbox Série S, console de dernière génération. Cher payé le coup de nostalgie.
Recalbox une solution complète d’émulation
L’émulation date facilement d’il y a plus de 20 ans et elle répond à un besoin plutôt cartésien. À un moment, vous avez trois ou quatre consoles sur le marché et financièrement, vous ne pouvez pas suivre. Les années passent et vous avez bien sûr le regret de ne pas avoir pu jouer à telle licence exclusive Sony ou Nintendo. Les PC parallèlement deviennent des machines de plus en plus puissantes et permettent d’émuler les consoles datant d’il y a quelques années. On retrouve aujourd’hui des émulateurs pour quasiment toutes les consoles, des générations précédentes. Encore faut-il avoir le PC adapté pour faire tourner correctement le jeu.
Recalbox est une solution basée sur une distribution Linux, qui réunit plusieurs centaines de systèmes. On trouvera de façon évidente les anciennes consoles mais aussi des ordinateurs comme l’Amiga qui fut la machine de mon enfance.
L’installation est orientée vers les Raspberry Pi, mais il est tout à fait possible de faire une installation sur un vieil ordinateur. J’ai trouvé chez moi un vieux PC à base d’AMD E-350 en double cœur, cadencé à 1.6 GHz équipé de 4 Go de RAM. Pour faire tourner les vieux systèmes, c’est suffisant.
Installer Recalbox
Du fait que l’orientation soit pensée Pi, il m’a fallu tricher pour faire une installation sur PC. En effet l’installateur va copier le nécessaire sur une carte Micro SD du fait que pour Pi il n’y a pas de disque dur. Pour PC vous faites une copie sur clé USB, vous démarrez la clé, mais vous n’avez pas de possibilité d’installer sur le disque dur. Quand on est un peu équipé, on utilise un adaptateur USB SATA comme sur la photo.
Il suffit de remonter le disque dur dans la machine et l’installateur finit de partitionner et d’installer les fichiers supplémentaires. Attention, j’ai fait l’erreur de vouloir partitionner à la main, à l’installation toute la place du disque dur est automatiquement utilisée. Vous n’avez qu’à suivre la procédure suivante. Télécharger l’image pour PC, utiliser l’installateur disponible sur le site, choisir le disque dur.
Vous pouvez voir dans la galerie ci-dessus que la machine trouvée fait la largeur d’une agrafeuse. L’installation ne demande rien, c’est juste sur l’écran d’accueil qu’on paramétrera la langue par exemple.
On ne va pas se mentir, nous flirtons très largement dans l’illégalité
Lorsque vous voulez émuler une vieille machine, vous avez besoin d’un BIOS qui correspond à l’architecture de la console. De la même manière, vous avez besoin de ROMs, c’est-à-dire les jeux. Vous ne possédez pas légalement ces jeux, les télécharger et les utiliser est illégal. On pourrait se dire qu’on ne fait de mal à personne en récupérant sur le net des jeux datant d’il y a parfois 30 ans et pourtant, cela reste illégal. Nintendo fait partie des sociétés qui font régulièrement la chasse aux sites internet qui diffusent ces vieux jeux. Il y a de toute évidence une logique commerciale, puisque le système que je vous présente vous permet d’éviter complètement de payer les nouveaux produits qui font du neuf avec du vieux. Tous les éditeurs ont donc intérêt à ce que vous n’utilisiez pas ces solutions.
Pour copier vos fichiers une fois que vous avez remonté le disque dur, il suffit d’accéder par SSH avec le logiciel FileZilla par exemple et les identifiants root, recalboxroot. On fait alors un simple drag and drop dans les répertoires qui ont le nom des consoles ou des systèmes émulés.
Recalbox un système très bien fait et complet
Le travail d’intégration des différents émulateurs est exceptionnel, les manettes sont reconnues de façon automatique, j’ai testé des manettes PS3 ou XboX sans problème. La sensation est la même que si vous aviez la console originale. Je n’ai pas joué sur les options mais on peut bien sûr améliorer la qualité, la résolution, de façon très fine.
Rien à dire donc, si on ne se pose pas de questions quant à la légalité des ROMS, vous avez votre bonheur nostalgique à portée de main en moins de 30 minutes d’installation. Seulement le problème est pour moi ailleurs.
Retomber dans le même travers de consommation
Cent machines émulées, avec certaines qui sont « tentantes » comme les consoles Nintendo N64, Super Nintendo mais aussi la Neo Geo tellement puissante à l’époque qu’on la retrouvait dans les salles d’arcades. Pourquoi pas la Dreamcast, la dernière console de Séga ? Sur certains sites pirates, on propose des paquets de ROMs de plus de 100 000 jeux. On rentre ainsi dans une logique de consommation, de collection, où l’on va avoir une Recalbox ultime qu’on pourra montrer à ses amis. On voit même désormais des plans pour monter des bornes d’arcade de l’époque.
Alors oui, on a de beaux objets, on est riche de plusieurs dizaines de milliers de jeux mais on joue à quoi ? J’ai lancé quelques jeux de mon enfance et de mon adolescence, et j’ai envie de dire que ça va cinq minutes. Car si on a les bons souvenirs de l’époque, il faut aussi se rappeler des mauvais. Des finitions qui laissent à désirer, une précision qui parfois se faisait au pixel près, des gameplays identiques et répétitifs. Des graphismes et des animations qui ont tout de même très mal vieilli.
Alors la nostalgie quand on pense à un Elden Ring, avec ses territoires magnifiques, ses combats épiques, on la laisse au placard.
Comprenez que si certains trouvent leur bonheur dans le retrogaming je suis content pour eux. Je ne vois pour ma part dans cette vague de nostalgie qu’un travers de consommation. Notre société nous impose par le manque de temps de faire des choix, l’offre des jeux actuels est déjà trop conséquente pour tout faire. Comment alors imaginer s’attaquer à plus de trois décennies de jeux vidéos ? Il faut apprendre à faire son deuil, vous ne pourrez pas tout voir, tout faire, tout entendre. C’est pourtant ce que les publicités aimeraient vous faire croire en dépit du bon sens.