Vaccin et autisme

Je pense qu’il n’aura échappé à personne que nous traversons une crise sanitaire depuis quelque temps. Si on ne peut pas dire qu’il s’agit d’une bonne chose, il y a quelques effets positifs. Par exemple, cela pousse de nombreuses personnes à s’intéresser aux sciences, épidémiologie, biologie ou encore immunologie. Malheureusement la crise a également ressuscité des idées reçues qui étaient devenues plus discrètes. Parmi elles on retrouve celles liées aux vaccins. On entend ainsi que les vaccins causent l’autisme. C’est loin d’être une idée nouvelle, mais cela pose quelques questions. D’où vient cette idée ? Y a t-il un lien entre vaccin et autisme ? Je vais essayer de répondre à ces interrogations de manière relativement rapide et claire.

C’est quoi l’autisme ?

Commençons par le commencement: c’est quoi l’autisme ? Il est possible que, si vous lisez ces lignes, vous pensez voir de quoi il s’agit. Cependant, bien souvent lorsque l’on n’a pas étudié le sujet et que l’on n’est pas concerné on ignore beaucoup de choses. Commençons par dire ce que n’est pas l’autisme. Tout d’abord ce n’est pas une maladie. Et ce n’est pas non plus quelque chose qui peut se guérir. L’autisme est défini dans le DSM 5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) qui est un manuel faisant consensus qui est écrit par l’association américaine de psychiatrie.

Couverture du DSM 5

Pour faire simple, le trouble du spectre autistique (TSA) est un trouble neurodéveloppemental. Il se manifeste surtout à travers plusieurs phénomènes.  Dans des difficultés dans les interactions sociales et dans la communication. Ainsi que des répétitions dans les intérêts et les comportements. Il s’agit d’un spectre c’est-à-dire qu’il y a autant d’autismes différents que d’autistes. On classe ainsi les concernés à travers 3 niveaux en fonction de l’aide dont ils ont besoin au quotidien.

 C’est un handicap qui peut souvent paraître invisible d’un point de vue extérieur, cependant il est loin d’être aussi rare que l’on pourrait le penser. Cela concerne d’après l’inserm au moins 700 000 personnes en France donc ce n’est pas anecdotique. Profitons-en pour nous occuper d’une autre idée reçue au passage. Certes le nombre d’autistes semble augmenter d’années en années, mais cela n’a rien à voir avec une épidémie. En effet c’est tout simplement que les méthodes de diagnostic deviennent plus efficaces ce qui est une bonne chose.

Donc, pour résumer, l’autisme est un trouble inné qui a des causes génétiques et environnementales. Il impact les capacités à socialiser à communiquer et peut provoquer des comportements et intérêts répétitifs. 

Le lien avec la vaccination

Soyons honnêtes, les vaccins ont toujours suscité la méfiance et d’une certaine manière c’est normal. S’injecter quelque chose en prévention alors qu’on est en parfaite santé ça semble illogique. De plus, à force on a tendance à oublier les conséquences des maladies dont nous protègent les vaccins et on oublie  à quel point elles étaient terribles. Néanmoins, quel peut être le lien avec l’autisme ? Pour le comprendre, il va nous falloir remonter un peu dans le temps. 

Andrew Wakefield était un chirurgien anglais, qui en 1998 a publié un article dans la revue The Lancet. Dans ce dernier il faisait le lien entre le vaccin ROR (Rougeole Oreillons Rubéole) et l’autisme. Si les scientifiques se méfiaient de cet article, les médias l’ont beaucoup repris. Cela a créé un vent de panique et provoqué beaucoup de doute chez les parents. Ces derniers hésitaient à faire vacciner leurs enfants.  Dans les années suivantes, le taux de vaccination en Angleterre est passé de 93 à 72%. Des cas de morts par rougeole ont même été constatés. Cette étude à encore des répercussions aujourd’hui, car nombreux sont les gens qui y croient encore. Cela a créé une véritable méfiance envers les vaccins. Mais où est le problème avec cette étude ? 

Oui mais…

Tout d’abord il faut comprendre sur quoi se base l’étude. Elle repose sur 12 enfants, autrement dit bien trop peu pour de telles allégations. Ces enfants étaient décrits comme normaux avant le vaccin. Ils seraient alors devenus autistes quelques jours après la piqûre. Le problème c’est que 3 de ces enfants n’ont pas été diagnostiqués comme étant autistes.  De plus 5 autres avaient eu divers problèmes avant la vaccination etc…. Bref, cela ne reposait que sur l’idée d’Andrew Wakefield et de certains parents.

Mais il y a encore pire. En réalité Wakefield était payé par un cabinet d’avocat qui avait été engagé par des lobbies anti-vaccins. Tout cela dans le but d’attaquer en justice les fabricants du vaccin ROR. Bref, une étude sur trop peu de cas, mal conduite avec des données inventées, le tout commandé par un cabinet d’avocat. C’est seulement 12 ans plus tard en 2010 que l’étude sera enfin retirée de The Lancet. Cette même année Andrew Wakefield est radié de l’ordre des médecins et déménage aux USA. Il continue toujours de promouvoir ses idées et a, malheureusement, beaucoup de succès.

Cette idée que les vaccins provoquent l’autisme provient donc d’une étude malhonnête venant d’un homme radié de l’ordre des médecins. Depuis, de très nombreuses études ont été menées  et aucune n’a pu démontrer le lien entre vaccination et autisme.

Et pourtant ?

Et pourtant sur internet vous pouvez trouver des centaines de parents qui disent tous la même chose. Selon eux, le vaccin a causé l’autisme de leur enfant. On les voit ainsi se plaindre et parler, parfois, comme si leurs enfants étaient morts. Mais pourquoi pensent-ils cela ? Tout simplement car le vaccin ROR se fait entre 12 et 15 mois. Or les premiers signes d’autisme sont détectés souvent vers les 18 mois. Il s’agit donc d’une simple confusion entre corrélation et causalité.

Il est bon de rappeler, pour les autres vaccins, que l’autisme ne s’observe pas forcément dès la petite enfance. En effet, de très nombreux adultes découvrent leur autisme tardivement et ce pour pleins de raisons différentes (nous en parlerons une prochaine fois). Un autiste peut parfaitement masquer (même inconsciemment) ses difficultés avant d’un jour faire une crise voir un effondrement autistique. Pour un parent cela peut ressembler à quelque chose de nouveau alors que comme nous l’avons vu l’autisme ne s’attrape pas, c’est inné.

Si vous voulez en savoir plus vous trouverez ci-dessous une vidéo que j’ai réalisé sur l’autisme, vous y trouverez en description des conseils de visionnage et de lecture.

5 Comments

  1. Bonjour

    Très bonne remontée aux sources.
    J’aurais juste une remarque concernant causalité et corrélation.
    Si avec une connaissance de base en statistique elle sont connues
    ce ne sera pas le cas du lecteur classique, je le crains.
    Peut être un éclaircissement ou carrément un article pour expliciter
    leur différence (que je ne saurais faire clairement pour ma part)
    serait un plus ?

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