Le mardi 30 novembre 2021, Joséphine Baker deviendra la 6e femme à entrer au Panthéon et la première noire (sur 80). Voici un résumé de son incroyable vie.
De la misère à la gloire
Freda Josephine McDonald est née en 1906 à Saint Louis dans une famille pauvre. Elle ne connaîtra jamais son père qui quitta le foyer quand Joséphine avait un an. D’ailleurs elle porte le nom de son beau-père qui l’adoptera et lui donnera un frère et deux sœurs.
Dès 7 ans, elle est placée comme domestique dans une famille de blanc afin de rapporter de l’argent à la maison. Elle connaît alors le mépris, le racisme et la ségrégation. Un jour après avoir cassé de la vaisselle, sa maîtresse lui plonge ses mains dans de l’eau bouillante.
À 13 ans, elle arrête l’école. Se marie et divorce un an plus tard. Elle est ensuite embauchée à l’âge de 14 ans comme habilleuse à la troupe du Booker Washington Theater. Elle y remplace au pied levé une danseuse malade. Sa carrière commence.
Joséphine Baker arrive à Paris !
Elle se remarie en 1921 avec William Howard Baker. Ils se séparent 2 ans plus tard, mais Joséphine gardera son nom. Après être passée par Chicago elle arrive à New York où elle se fait remarquer en 1925 et embarque pour Paris. C’est pour la très célèbre « Revue Nègre ».
Dès son arrivée, c’est un choc dira-t-elle. Être traitée par les Parisiens « comme une égale » et non pas comme une noire, c’est pour Joséphine le début de la liberté.
Sur scène, elle danse le charleston au rythme des tambours et improvise beaucoup. Avec ses déhanchements, ses grimaces et surtout le fait qu’elle soit presque nue sur scène en scandaliseront certains. Mais la majorité des spectateurs reconnaîtront en Joséphine, une nouvelle star !
En 1926 elle rencontre Giuseppe Abattino, qui devient son impresario et son amant. Sous son impulsion elle quitte la « Revue Nègre » et devient meneuse de revue au Moulin Rouge, aux Folies Bergères et au Casino de Paris.
Ainsi, elle devient l’artiste de music-hall la mieux payée de la capitale. La même année à tout juste 20 ans, elle ouvre à Montmartre son propre cabaret ; « Chez Joséphine ».
Elle est peinte, sculptée, prise en photo par les plus grands artistes de l’époque qui se pressent pour voir ses revues.
À partir de 1930 Joséphine se lance avec succès dans la chanson. « J’ai deux amours » (1931) est son plus gros « tube ». Tout lui réussit. Elle se montre alors très généreuse et fait des dons à des écoles, des hôpitaux, associations, etc.
Le 30 novembre 1938 elle épouse un industriel français d’origine juive, Jean Lion. Même si le mariage ne dure pas (1940), c’est comme cela qu’elle obtient la nationalité française. Elle aidera son mari à fuir avec sa famille aux États-Unis au début de la guerre.
Joséphine Baker la résistante
Dès 1939, Joséphine sera recrutée par le contre-espionnage français. Jacques Abtey, chef du contre-espionnage, devient même son impresario. Comme cela il pouvait voyager facilement sous couverture et faire passer des résistants pour l’entourage de la star. Qui aurait pensé fouiller ou soupçonner Joséphine Baker ?
Ainsi elle voyage de France jusqu’à l’Afrique du Nord pour faire des concerts et fait passer des messages ou des microfilms cachés soit dans ses partitions, soit dans ses soutiens gorges ! Elle finira la guerre au grade de sous-lieutenant et obtiendra la « médaille de la résistance française » en 1946. Il faudra attendre 1961 pour qu’elle se voit attribuer la « Légion d’Honneur » ainsi que « la Croix de guerre ».
De la gloire à la ruine
En 1947 elle épouse Joe Bouillon, célèbre violoniste et compositeur. Ils s’installent au château de Milandes en Dordogne. Ils adopteront 12 enfants d’origines et de religions différentes : japonais, finlandais, coréen, marocain, français, etc. Elle parle de sa famille comme d’une « tribu arc-en-ciel ».
Malheureusement sa générosité, sa naïveté et le coût d’entretien de son domaine, la conduiront à la faillite. Quand Joe la quitte en 1957, elle est criblée de dettes.
Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses combats, notamment contre le racisme et la discrimination. En 1963 elle participe à la marche sur Washington aux côté de Martin Luther King. Elle est la seule femme à prendre la parole.
Habillée dans son costume militaire et portant fièrement ses médailles, elle commence en disant : « c’est le plus beau jour de ma vie » et elle enchaîne en disant « Dans mon pays en France, on vit en pleine liberté ».
En 1964 elle met son château en vente. Brigitte Bardot se mobilise et lance une souscription pour l’aider à le garder mais en vain. Le domaine est vendu en 1969. Jean Claude Brialy l’engage alors dans son cabaret « La Goulue ». La princesse grâce de Monaco, américaine comme elle, lui offre une maison à Roquebrune (Alpes Maritime).
Joséphine Baker « is back » !
Jusqu’à la fin de sa vie, Joséphine Baker montera sur toutes les scènes d’Europe. En 1975 elle fête ses cinquante ans de carrière à Bobino. Elle joue tous les soirs à guichet fermé. Le lendemain de sa quatorzième représentation, elle est victime d’une attaque cérébrale.
Son incroyable vie se termine le 12 avril 1975, à l’âge de 68 ans. Elle est enterrée de 19 avril au cimetière de Monaco et elle y restera, ce n’est qu’un cénotaphe (cercueil vide) qui sera déposé au Panthéon, car sa famille voulait qu’elle repose auprès d’un de ses fils. Le cénotaphe contiendra de la terre de lieux où elle a vécu : St-Louis, Paris, les Milandes et Monaco.
« Je savais dès le commencement que je vous aimerais avec fidélité et compréhension jusqu’à la fin de mes jours.(…) Je savais que la France n’était pas mon pays d’adoption, mais qu’elle était mon pays tout court. » J. Baker. 29/12/1953.
Pour en savoir plus : Joséphine Baker. L’universelle, de Brian Bouillon-Baker, Éditions du Rocher, La Croix, France Bleu, site des Milandes, Arte.
Petite coquille : « le coup d’entretien de son domaine » -> coût
merci !