One shot, numéro 22

Pour ce one shot numéro 22 : le puits, G.I. Gay, Dalida face B, the Mighty, nos rives partagées et je suis charrette – vie d’architecte.

Le puits

Il y a bien longtemps, dans un archipel, un bucheron, son épouse et sa mère, toutes les deux sorcières, sont partis défaire un léviathan. Le léviathan a disparu, les trois héros aussi. Le grand-père est resté seul pour élever le bébé qui depuis a bien grandi. La jeune femme se rend sur l’île d’à côté faire du commerce. Comme il lui manque de l’argent, elle le prend dans le puits au souhait. Trois pièces. Malheureusement, elle devient maudite, et n’aura d’autre choix que d’accomplir les souhaits des personnes qui ont jeté les trois pièces. On se doute que son histoire familiale finira bien par la rattraper.

J’ai trouvé l’idée des souhaits à réaliser amusante et bien menée. L’obligation de réaliser le souhait de quelqu’un d’autre, quel qu’il soit. On imagine déjà l’impossible et c’est un peu le cas. Dans un monde un peu héroic fantasy, le puits est une excellente lecture qui se démarque des standards.

G.I. Gay

Durant la guerre de 39-45, un brillant médecin se voit mettre un coup de pression par son futur beau-père. L’ancien général explique qu’un homme, ça s’engage. C’est ce que fait le jeune homme, mais du fait de sa situation, il est chargé de valider ou d’invalider les engagements. Nous sommes en 39-45 et parmi les critères de refus, il va devoir détecter les homosexuels. Parmi les jeunes qui se présentent, l’un d’entre eux va attirer son attention et libérer sa nature, il préfère les hommes. Par amour pour lui, il poussera jusqu’au front comme le montre l’image ci-dessus.

L’homosexualité dans la bande dessinée traitée de cette façon est plutôt rare. Comprenez que dans cet univers plutôt viriliste, un couple d’hommes mis en évidence, y compris dans des scènes d’amour, je pense que c’est la première que je lise. L’ouvrage n’échappe tout de même pas aux poncifs. Un homme qui doute, la difficulté du coming out, la volonté de se dissimuler dans la société. Plus pertinent, les lois sur les soldats homosexuels renvoyés qui ont été abolies par Obama. La dureté quand on découvrait l’homosexualité chez un soldat qui a pourtant pu vous sauver la vie. Comme si finalement l’orientation sexuelle était plus importante que la bravoure. Intéressant, à lire.

Dalida face B

En lisant Dalida face B, je m’interrogeais sur la niche que représente désormais la bande dessinée franco-belge. En effet, j’ai cinquante ans quasiment et je me suis intéressé à cette bande dessinée parce que ma mère de 74 ans est fan de Dalida. J’ai donc entendu l’intégralité de ses chansons sur cassette dans la 104 maternelle. J’ai le souvenir de son suicide médicamenteux de mai 1987, vaguement, j’avais 12 ans. Preuve que cela ne m’a pas tant marqué alors que j’étais en âge.

On nous présente donc l’histoire très complète de Dalida, son enfance, sa réussite. Mais aussi les différents hommes et drames de sa vie. C’est prenant, c’est intéressant, mais j’ai envie de dire pour qui connaît déjà. Si je mets ça dans les mains de ma fille de 20 ans, pas certain qu’elle se sente concernée. J’en reviens donc à mon interrogation du début, si on a fait cet album c’est qu’on sait qu’il y a une cible pour l’acheter. Pas étonnant que le manga cartonne face à la bd traditionnelle qui mourra avec ses déjà vieux lecteurs.

Pour l’album en lui-même, si vous avez la même culture que moi et que vous êtes dans la même tranche d’âge ou plus âgé, je vous le recommande.

The Mighty

Dans les années 40 suite à des essais nucléaires, un homme apparaît, alpha one. Un homme, en fait un surhomme. Des pouvoirs qui font largement penser à ceux de Superman. Immortel, indestructible, une super force. Il collabore avec les forces américaines et même dans le monde entier pour éviter les catastrophes. Comme on comprend qu’il a un emploi du temps très chargé, une brigade a été montée, financée par les objets dérivés. Ces hommes passent derrière lui pour la paperasse, finaliser les enquêtes, voir les victimes. Suite à l’assassinat du « correspondant » dans la brigade d’alpha one, c’est un jeune homme qui a été sauvé par le héros quand il était enfant qui prend le relai.

Les deux hommes se lient d’amitié, pourtant durant les enquêtes, l’inspecteur en vient à se poser des questions sur alpha one. Et s’il avait un secret, s’il n’était pas le si gentil héros qu’il prétend être ?

Très bon comics qui change un peu de ce qu’on peut lire, notamment dans la binarité des personnages. Comprenez que même les héros comme Deadpool, s’ils sont des bad boys, œuvrent tout de même pour le bien. Dans le comics, on avance droit dans ses bottes, sans surprise, sans vraiment d’ambiguïté. Avec ce héros lisse tout sous rapport, qui a parfois des attitudes étranges, le lecteur en vient rapidement à s’interroger sur ses motivations. Gentil ? méchant ? Les deux ?

Nos rives partagées

Le pitch est assez étrange, mais ça fonctionne plutôt bien. La grenouille mandate tous les animaux du coin pour avoir les potins sur trois couples d’humains. Un professeur qui n’arrive plus à corriger ses copies, une femme qui se sent laide. Un homme atteint d’une maladie dégénérative et une femme qui est en froid avec sa fille. Un jeune garçon qui photographie les animaux, une jeune fille qui ne sait pas si elle préfère les garçons ou les filles. Nous sommes typiquement dans la comédie romantique, les interventions des animaux rajoutent un côté sympathique à l’histoire.

Je suis charrette – vie d’architecte.

Être charrette, comme expliqué dans la bande dessinée, vient des étudiants des beaux-arts. Quand ils étaient en retard dans leurs travaux, ils prenaient des charrettes pour les amener directement à la correction. Cela va être le cas d’Enzo, jeune diplômé d’architecture qui vient de décrocher un stage dans un prestigieux cabinet. Il doit rendre, avec ses collègues, une maquette pour un concours et va donc vivre sa charrette. H24 au bureau, une vie qu’avec ses collègues. La bande dessinée est intéressante, même si je trouve qu’elle n’apprend rien sur l’architecture. Plus précisément, elle pourrait être racontée dans n’importe quel autre contexte d’entreprise parisienne. Beaucoup de caricature du parisianisme, du fameux chef pour qui tout le monde est dans l’obligation de dire que c’est formidable et j’en passe. Sympathique avec un gros air de déjà lu tout de même.