Tout démarre de cette actualité : Google pourrait abandonner ChromeOS Flex : voici les meilleures alternatives. Un modèle de piège à clic, il y a tout dans ce titre. De l’angoisse, du conditionnel et bien sûr des solutions… Pour un problème qui n’existe pas.
Un peu de technique
Si vous suivez les brèves de restez-curieux, vous savez que je suis un grand fan des informations de Zdnet, pas forcément dans le bon sens. En effet, il y a quelques années, le site était plutôt pro Windows, avait la capacité de produire quelques articles de fond. Aujourd’hui, il joue dans la même cours que tous les autres sites d’actualité pour assurer la course au clic. Le prix malheureux de l’info gratuite. Je prends ainsi un malin plaisir à afficher les mauvais articles sur Linux et le logiciel libre, la nouvelle lubie du site.
Cette nouvelle m’a franchement interpellé. J’ai déjà évoqué le système d’exploitation de Google, à plusieurs reprises. ChromeOS Flex est un système d’exploitation Google qui permet de remplacer le système d’exploitation d’un PC traditionnel ou même d’un PC ChromeOS. Le système est léger, vaut ce qu’il vaut dans le sens où il est particulièrement dépendant des outils Google. On rajoutera ensuite qu’il embarque une virtualisation de Debian, ce qui ouvre d’autres perspectives.
Avec Google, tout est possible. Je rappelle l’adresse de Killed By Google, où l’on dénombre 296 projets et produits Google qui ont été supprimés. Des produits qui parfois étaient parfaitement fonctionnels, utiles et populaires. Donc avec Google, tout est effectivement possible. Néanmoins, à l’approche de 2025 et l’abandon de Windows 10, il serait stratégiquement stupide d’abandonner ce projet.
Je pense que l’arrêt de Windows 10, le mauvais Windows 11 intrusif et le Windows 12 à l’IA seront parmi les facteurs d’abandon de Windows pour des gens. En cherchant des solutions, ChromeOS Flex est une des possibilités. Alors ? Abandon ou pas abandon.
La vérité est ailleurs.
Il faut savoir que Zdnet est un site américain, traduit dans de nombreuses langues. De temps en temps, par hasard, on a une bonne pige française, je trouve que c’est de plus en plus rare. Il s’agit d’un article traduit, et absolument pas repris par les autres sites francophones. D’où vient cette histoire ? Elle est expliquée dans le podcast de Mychromebook le site francophone de référence.
D’après les auteurs, ChromeOS serait en refonte pour dépendre moins de Linux et davantage d’Android. La mort de ChromeOS Flex serait la mort du système d’exploitation dans sa forme actuelle. Si vous avez un peu suivi l’histoire à l’époque. La société Neverware édite CloudReady. CloudReady est l’ancêtre de ChromeOS Flex racheté par Google. Dans les grandes questions que se posait tout le monde à l’époque, c’était la prise en charge d’Android dans CloudReady. La société Neverware expliquait que ça ne serait jamais le cas. On peut supposer que la structure ne le permettait pas.
Stratégiquement, la fusion d’Android et de ChromeOS serait certainement la meilleure des solutions. En effet, utiliser la machine virtuelle Linux, car on se rend compte que l’absence des applications Android est très limitante, c’est prendre conscience que ChromeOS Flex ne sert à rien. Autant installer Linux.
On comprend alors que « Google pourrait abandonner ChromeOS Flex : voici les meilleures alternatives » est une actualité bidon. On nous pond un laïus sans explication et dans les propositions alternatives, on nous invite à utiliser des distributions Linux. FydeOS par exemple, est une véritable alternative qui s’appuie sur ChromeOS aurait pu être mise en avant.
Google a démenti l’information et poursuit le développement de ChromeOS Flex.
L’actualité et les réseaux sociaux, même combat
Dans un précédent article, j’écrivais que j’avais cessé les réseaux sociaux. Je mets aussi un gros coup de frein sur l’actualité. La nature ayant horreur du vide, l’absence de réseaux laisse du temps et j’ai eu une tendance à surconsommer de l’actualité. En arrivant assez rapidement à la limite de mes flux RSS, j’ai eu la mauvaise idée de réinstaller Google Actualités.
On sait que Google Actualités est mauvais, notamment pour le problème de la bulle de filtres. J’ai envie de dire que j’ai la capacité de sortir de la bulle et que je trouve parfois intéressant d’avoir une multiplication d’articles sur une information. Pas toutes les informations. Les guerres, les massacres, des actualités qui, si elles ne m’indiffèrent pas, je suis impuissant. Sans tourner la tête, visionner l’horreur en boucle, je peux m’en passer.
Je consulte Google Actualités depuis mon smartphone. Je n’ai pas le réflexe de regarder depuis mon PC, à tort. Les sites qu’on consulte sont noyés dans la publicité, c’est illisible. La très grande majorité des articles sont derrière un paywall. On perd donc du temps à lire le début de l’article pour ne pas pouvoir lire la fin.
Lorsque les articles sont complets, on prend conscience que c’est extrêmement mauvais dans la majorité des cas, de mauvaises traductions. Il n’y a pas de réflexion, cela n’informe pas vraiment, on apprend rien, on perd encore du temps. Google Actualités ne fait pas de tri dans ses sources, il est de plus difficile d’optimiser les choix, le résultat est tellement médiocre qu’on peut très bien s’en passer.
J’ai trouvé la vidéo « L’actualité est un parasite mental. Faut-il vraiment en consommer ? » plutôt pertinente. Elle rappelle que 60% des articles contiennent des erreurs.
Faut-il arrêter de suivre l’actualité ?
Dans les conclusions de la vidéo de DirtyBiology, le jeune homme explique qu’en fin de compte l’actualité ne sert à rien. Il recommande même de ne plus regarder l’actualité. L’argumentaire est plutôt bien fait, et il a réponse à tout. Par exemple, il explique que plutôt que de consommer de l’actualité sur l’état du monde, on peut très bien lire des livres qui traitent du sujet. Je ne suis pas d’accord avec l’allégation, c’est prétentieux.
Pour ma part, me documenter sur un sujet, c’est être intrigué par le sujet. Concrètement, si je me documente sur la déconsommation, c’est parce que j’ai vu passer un article sur la déconsommation. Comment puis-je m’intéresser à quelque chose que je ne connais pas, que je n’imagine même pas ? C’est ici la limite du raisonnement de DirtyBiology. En effet, on ne peut pas vivre en autosuffisance culturelle. Par exemple, sa vidéo est inspirée de son expérience, expérience qu’il a pu établir en regardant de l’actualité.
Fuir l’actualité n’est pas la solution, il faut la maîtriser, pas la subir. On en revient ainsi aux mêmes mécanismes :
- Utiliser un flux RSS et s’abonner à des sites de choix. Pas de paywall, pas de redondance. Pour l’actualité générale, je suis abonné à France Info qui est suffisant pour être au courant de ce qui se passe dans le monde. Pour le reste, il s’agit de quelques sites choisis, même dans le mauvais. J’entends par là que dans le choix du mauvais, j’avais le choix entre Presse Citron, Numerama, d’autres sites, j’ai fait le choix de Clubic. Libre à moi d’aller creuser plus loin sur des sites qui auraient développé l’information.
- Les podcasts font partie désormais du paysage incontournable de ma culture. On apprend énormément de choses sur des thématiques variées. Cela permet de plus de meubler de façon intelligente mes nombreuses heures de conduite hebdomadaire.
- Enfin, je regarde de plus en plus YouTube. Arte produit des documentaires de grande qualité, par exemple.
Ce qui est important, il me semble, dans la démarche, c’est que je vais à l’information et ce n’est pas l’information qui vient à moi. Je choisis ce que je veux voir.
La RTBF vient de remettre le RSS au « goût du jour ». C’est louable mais c’est sans doute trop tard. Qui sait ce qu’est un fil RSS ? La plupart des gens ont pris le pli de passer par les réseaux sociaux…ou n’ont jamais connu autre chose.
Même avant l’ère du Web des réseaux sociaux, le RSS n’était pas très connu.
Mais il résiste encore et toujours et une veille RSS est tout à fait possible.
Ce qui est certain, c’est cette impression de surabondance quand on trouve en réalité 3 articles tournant autour d’un même sujet d’actu sur chaque site, des recopies à l’envie et des digressions inutiles. J’en viens de plus en plus à regarder des flux étrangers sur l’international, et ne garder qu’un ou deux flux français. Pour la veille techno, j’ai un peu lâché l’affaire, me contenant des brèves de restez curieux, de quelques comptes mastodon. De toute façon, j’assume d’être has been sur ce sujet…
Je me suis souvent posé la question sur « à quoi ça sert » de connaître l’actu ? Et la réponse vient d’elle même quand j’ai des relations sociales avec des bipèdes soit disant évolués, notamment au travail… Mais après, la culture livresque et documentariste reste la plus importante sur ce qu’il reste, sans négliger des sites spécialisés sur des sujets aussi. On va pouvoir ouvrir l’association des boulimiques d’infios anonymes (pas l’info…).
Curieusement et pourtant dans un monde dit cultivé, tu te rends compte que chez les profs quand ça ne parle pas de boulot ça parle de vacances. Tu peux vivre dans une caverne et aller bosser sans donner l’impression d’être déconnecté. À la réflexion, les conversations autour de l’actualité n’ont rien de passionnant. Personnellement je pense que l’actu est un tremplin vers la connaissance, pas une fin en soi, surtout quand on voit comment elle est traitée aujourd’hui.