Contrôle parental obligatoire. Un problème ?

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Depuis le 13 juillet, il est obligatoire que tous les appareils électroniques possèdent un service de contrôle parental. Voici les questions et les problèmes que cela soulève.

On a compris qu’on avait un problème avec nos enfants, mais pas trop

Depuis un certain temps, « on » alerte sur les problèmes induits par l’internet, la pornographie, les réseaux sociaux et j’en passe. L’enfoncement dans le classement PISA, les problèmes de harcèlement, le temps perdu, la liste est longue. La corrélation entre les problèmes de nos jeunes et les réseaux sociaux ou l’internet dans le sens large est assez limpide. La France se refuse à prendre des décisions courageuses / dictatoriales / fortes qui viseraient à prendre le mal à la racine.

Vous noterez que j’ai mis plusieurs possibilités, vous avez la liberté de rayer la mention inutile et même d’en rajouter une autre. En effet, si vous jugez que TikTok est un problème, vous interdisez TikTok en France. Si vous trouvez que les enfants ne devraient pas jouer la nuit, vous mettez un stop national à 22 heures. Qu’on soit d’accord avec ou non, il s’agit de solutions radicales et surtout homogènes. Sur le principe, si vous supprimez l’accès à TikTok, c’est égalitaire. On pourra me citer le cas du VPN, mais cela reste des pratiques qui sont marginales. Le principe vise l’égalité et c’est l’intention qui compte.

Avec un contrôle parental, la France prend comme toujours la décision molle. Il s’agira de la responsabilité des parents de le gérer, on casse donc le principe égalitaire. On ne s’interroge pas sur la mise en place par les différents constructeurs. Est-ce que c’est facile ? Est-ce que c’est faisable ? Et, est-ce que c’est efficace ? De plus, quelles sanctions pour les constructeurs qui ne se conformeront pas avec la loi ?

Avec cette décision, la France se désengage de toute forme de responsabilité politique qui pourrait l’amener à se fâcher avec un géant du net.

Parenthèse technique : contrôle parental et Linux, une question qu’on ne se pose pas

Je viens de faire une recherche Google sur le dernier mois, dans les actus et dans tous, vous noterez que tout le monde s’en fout. Cela ne m’interpelle pas vraiment pour ma part, car je connais la communauté et ceux qui nous gouvernent. La communauté rétorquera que cette loi ne s’applique pas aux appareils antérieurs au 13 juillet 2024. Comme on installe Linux sur des ordinateurs anciens, qu’on achète des ordinateurs sans OS, pas de problème. Pourtant, cette loi pose un problème pour la vente d’appareils Linux neufs et ils existent. Dell en produit par exemple.

Les solutions techniques sous Linux existent, mais elles sont peu développées, parfois, souvent pas maintenues. Je pense notamment à Primtux qui est l’une des rares distributions à intégrer un système de contrôle parental. Si on recontextualise, il s’agit d’une distribution à destination des enfants, c’est donc logique. Est-ce qu’on peut imaginer les grandes distributions se conformer à la loi française ? Quand on a l’impression que certaines distributions sont déjà en difficulté pour la stabilité ou le fonctionnement de base, on comprend que ça n’arrivera pas.

En jetant une imposition technique en l’air, sans réflexion, afin de donner un os à ronger aux pédagos, on comprend qu’il n’y a pas de réflexion technique derrière. On comprend déjà que Linux on s’en moque, on a aucune considération pour un système qui peut apporter la souveraineté informatique. La démarche écologique et j’en passe. C’est un vrai problème de fond, des personnes déconnectées des réalités techniques pondent des lois sans réfléchir aux applications. Si je le soulève le problème sur un domaine que je connais, j’imagine pour le reste.

Politique : la France a peur de perdre sa culture, elle la perd déjà

Il ne s’agit pas de soutenir un candidat, d’en dénigrer un mais juste d’apporter une réflexion différente sur ce qu’on peut entendre. Chez les partis d’extrême droite, on dénonce la perte de la culture française en ciblant l’islamisation. Il faut bien comprendre qu’il s’agit de désigner un coupable et ce n’est pas le bon. La France a déjà perdu sa culture au profit de la mondialisation et on n’a pas entendu internet. Mac Do, Ikea, toutes les enseignes étrangères qui ont tué nos savoirs faire, notre culture depuis des années, ça n’a pas l’air de déranger grand monde.

J’habite à environ une heure de l’Espagne. Il y a quelques années, c’était intéressant d’y aller pour plusieurs raisons. Les prix, mais aussi la diversité, voir d’autres choses. L’Espagne, désormais comme la France, ne fait la différence que dans son patrimoine culturel, celui qui reste. Pour le reste, ce sont encore les Mac Do, les Zara, les Kiabi et le reste. Vous pouvez de la même manière éviter les tapas pour manger chez Mac Do ou Burger King.

Les réseaux sociaux, l’internet sont en train de créer un citoyen lambda qui regarde plus ou moins la même chose en mangeant la même chose quel que soit le coin du monde où il est. L’internet est le catalyseur de nos pertes culturelles, de nos pertes de valeur. La nouvelle mode, celle qu’insufflent les grands groupes, vous la trouverez n’importe où en chantant la dernière chanson de Taylor Swift.

On comprend clairement que la situation dérape. Les jeunes, comme les plus vieux, préfèrent passer du temps à regarder du divertissement plutôt que de s’intéresser à ce qui se passe à deux cents mètres de chez soi. Le temps de cerveau disponible étant ce qu’il est, je ne m’étonne plus quand une jeune de vingt ans à ma table n’a jamais entendu parler de l’arche de Noé. Je vis dans un milieu dans lequel on m’explique que la géographie ça ne sert à rien parce qu’on n’ira pas et que l’histoire ce n’est pas mieux parce qu’ils sont morts. Oui, on peut vivre sans connaître l’arche de Noé.

Toutefois, lorsque la captation du cerveau devient tellement importante qu’on n’a pas pris le temps de s’intéresser aux candidats ou même savoir ce que sont les législatives, on comprend que l’enjeu est bien plus grand que la culture. C’est la démocratie et l’avenir qui sont en péril.

On pourra mettre tous les contrôles parentaux du monde, cela ne servira à rien. L’industrie de la culture a gagné. Les parents cèderont face à leurs enfants en état de manque pour avoir leur dose de bêtise quotidienne. Retrouver la curiosité, l’intérêt pour le monde et la culture, je n’ai pas la solution. Qui l’a ?

La mondialisation ça marche parfois dans les deux sens.

2 Comments

  1. Faut bouger.
    La sédentarisation (quelqu’en sot la cause : Covid ou manque de moyens par exemple) est un gros frein à la découverte.
    10 jours de camping-car à 4, on a vu des trucs différents (paysages, zoo, etc.), c’était plutôt intense par rapport à notre vie quotidienne et on a pas mal aimé, même si les temps de trajets pour les enfants ont été remplis de Nintendo Switch et de smartphone.
    Si on ne bouge pas, il reste la télévision, mais de préférence à plusieurs (même les infos lors du repas) histoire de se cultiver par la transmission multiple).
    Reste les contacts sociaux (club de sport, sorties entre amis, etc.) mais faut se motiver…

    1. À l’adolescence, c’est plus compliqué. L’attraction vers le bas est omniprésente, les jeunes cherchent à voir les mêmes choses que les autres. Malgré l’éducation, toute la bonne volonté du monde, c’est très difficile d’insuffler la curiosité.

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