J’aurais pu titrer l’informatique, c’était mieux avant, mais il serait peut-être prétentieux de considérer que c’est collectif. Je préfère mieux parler de mon désintérêt pour l’informatique.
Le monde d’avant
Je pense que ce que je vais écrire, peut s’appliquer à tout ou presque. Certaines personnes vous expliqueront que le manga, c’était mieux avant, quand il y avait moins d’offre. Aujourd’hui le flot est totalement important, trop de choses à suivre, trop de choses à lire, trop de choses à faire. Si on prend l’époque des années 80 où le manga arrive en force en France, le choix est limité. Il n’y a pas d’internet, il n’y a pas de sites de VOD. Le téléspectateur doit subir non seulement la programmation qui lui est imposée sans autre choix, mais aussi les délais de diffusion. J’ai souvenir d’avoir attendu avec impatience chaque mercredi mon épisode de Dragon Ball ou de Saint Seiya.
On remarquera tout de même que si on peut discuter ce que j’écris, cette contrainte, le fait d’en avoir moins, le fait d’en avoir trop n’est pas mieux. Deux exemples me viennent en tête. Les films de super héros. Avant, c’était événementiel, aujourd’hui, on a tellement tiré sur la corde que les films marchent beaucoup moins. Le second exemple, c’est le RAP, le style musical peine à se renouveler, les gens saturent. On recommence ainsi à évoquer le retour du rock.
Je crois que la problématique du monde de maintenant, c’est la surexploitation. Les gens aiment le RAP, on leur en donnera jusqu’à écœurement au détriment des autres styles musicaux. Vite, trop, et une fausse diversité. Le trop entraîne une telle mauvaise qualité, qu’il n’est pas si difficile de faire le tri.
L’informatique de 2024 ou la perte de sens
Mon beau-père a été toute sa vie un passionné d’automobile. Il réalisait ses entretiens par lui-même. Aujourd’hui, il ne le fait plus ou presque, et ce, pour diverses raisons. Je pense qu’en vieillissant, les passions se calment. Avec l’âge, on a certainement moins envie de se casser la tête, mais ce n’est pas tout. Le monde automobile est devenu tellement complexe, que sauf sur de vieux véhicules, les opérations deviennent particulièrement difficiles à mettre en œuvre.
Vous noterez que j’ai choisi pour illustration Kubernetes et Docker qui sont pour ma part une illustration de mon désintérêt pour l’informatique. Je comprends à quoi ça sert, mais je n’en vois pas l’intérêt dans une utilisation domestique. À l’instar de l’automobile, l’informatique s’est vraiment complexifiée, au point qu’elle relève désormais d’un travail de professionnel. Je note à mon échelle que les solutions simples pour des utilisateurs lambdas disparaissent. À l’époque où tout le monde faisait du PHP/MySQL, le mutualisé avait du sens. Aujourd’hui, il faut être administrateur système et posséder un serveur dédié. Même WordPress, c’est compliqué.
C’est ici tout un paradoxe pas si paradoxal. Dans un monde qui se doit d’arriver à la réparabilité, à la simplification, tout est aujourd’hui beaucoup plus difficile qu’il y a quelques années. Pas si paradoxal, parce que si les sociétés qui fabriquent conservent la main sur une réparation trop difficile, elles conservent le contrôle.
Des origines de mon désintérêt pour l’informatique
Ainsi, sans tomber dans des réflexions quant au fait qu’on ne créera jamais la lame de rasoir inusable, on peut dire que l’informatique est devenue beaucoup moins accessible qu’il y a quelques années. J’évoquais plus haut la fausse diversification, pour les passionnés de logiciels libres et de Linux, c’est en outre la vraie désillusion. On a accès à des centaines de distributions Linux qui font plus ou moins la même chose, pour une expérience utilisateur qui ne change pas depuis des années.
Mon désintérêt de l’informatique prend ainsi sa source dans plusieurs points :
- Une informatique qui laisse de moins en moins de place à la bidouille.
- Une informatique qui n’évolue pas vraiment
- Un choix faussement important
- Un désintérêt pour l’informatique personnel en lien avec l’âge ou le fait d’en avoir trop fait.
- La perte de sens. Monter un serveur dédié pour quoi faire ? À quoi bon assembler des machines ?
Que reste-t-il à faire pour ceux qui aiment l’informatique, mais dont ce n’est pas le métier et plus vraiment la passion ?
Je crois que c’est en effet une question à se poser. Comme je l’ai illustré dans les vacances de l’année précédente, on peut s’intéresser au hardware sans nécessairement être un expert. Je vois passer régulièrement des articles sur les nouvelles cartes vidéos, ou sur les nouveaux processeurs. Finalement, j’ai réalisé qu’après avoir décroché durant des années, il n’est pas si difficile de s’y remettre. Tout n’est qu’une histoire d’argent et de benchmark, il suffit de mettre en face des performances attendues, l’argent qu’on a en banque.
L’actualité me paraît totalement indispensable à suivre. Par exemple, j’expliquais dans un précédent billet l’utilisation des intelligences artificielles pour escroquer les gens ou même dans le cadre d’une campagne électorale. Il me semble fondamental de savoir quels sont les pièges qu’on nous tend. Je rajouterai que c’est à prendre dans le sens général. En effet, savoir qu’on peut se faire escroquer par des gens qui vous proposent un ravalement de façade, est aussi important que de déjouer les pièges de l’IA. L’informatique n’est qu’un outil, un facilitateur dans les arnaques.
Et puis je pense qu’il y a la philosophie. Comprendre les mécanismes de captation de l’attention, réaliser que derrière chaque clic, des ingénieurs essaient de nous faire réaliser des actions.
Enfin, et je crois qu’il faut se rappeler du sens premier de l’utilisation de l’informatique. L’informatique sert à simplifier les tâches du quotidien. C’est vers ceci que nous devons tendre. J’essaie par exemple de m’intéresser à l’intelligence artificielle à minima. En effet, générer des équations ou des problèmes est un gain de temps.
Bonus : quelques conseils pour éviter l’écœurement
Mon désintérêt pour l’informatique ne m’empêche pas d’être utilisateur, gros utilisateur. En effet, que ce soit à titre personnel ou surtout professionnel, l’informatique est totalement inévitable. Je vous donne quelques conseils si vous vivez une situation similaire à la mienne.
J’apprends à être philosophe, on ne peut être et avoir été. Lorsqu’on est arrivé à un gros niveau d’informatique, qu’on se voit décliner, il faut déculpabiliser. Je rajouterai qu’il faut même éviter de tomber dans le syndrome de l’imposteur. J’échangeais un jour avec, je ne sais plus quel enseignant, qui m’expliquait qu’il faisait du bois en mathématiques avec les élèves. L’informatisation à outrance, les tices dans le domaine de l’éducation, nous feraient croire qu’il faut toujours être à la pointe. Ce n’est pas le cas. Si vous avez trouvé une manière ultime d’enseigner le théorème de Pythagore, pourquoi changer au profit d’une méthode moderne ? Ce n’est pas parce que vous ne maîtrisez pas la dernière tendance à la mode que vous êtes nul.
Cette déculpabilisation que je préconise s’applique à tout. Il fut une époque dans laquelle si un logiciel n’était pas mis à jour au bout d’un an, j’aurais essayé de le changer. Il me semble impératif, de lutter contre le sentiment d’urgence et de ne pas se précipiter.
Sentiment d’urgence, mais aussi abondance. Moins de service, moins d’appareils, moins de technologie, c’est une façon d’éviter la dispersion et de se concentrer sur l’essentiel. Je prends désormais le temps de m’interroger sur tel ou tel service, tel appareil, son utilité, si j’en ai réellement besoin.
On pourrait voir dans ce discours du minimalisme, de la déconsommation, c’est le cas. Nous vivons dans une société qui nous pousse à de nouveaux besoins, c’est à nous de les définir dans la mesure du possible. Si par exemple, pour le travail, je ne peux pas échapper à certaines pratiques, ce n’est pas forcément vrai dans ma vie personnelle. À nous de reprendre le contrôle et de nous imposer nos choix, pas ceux des multinationales.
Je pense surtout que les méthodes qui te passionnaient (ligne de commande, bidouille, etc.) ont évolué vers autre chose et qu’avec l’âge, tu ne te passionnes pas pour ces nouveautés.
Pour Docker, j’ai commencé par zapper le truc, puis, par la force des choses (tel outil m’intéresse mais n’est disponible qu’en docker), je m’y suis mis.
Tutos YouTube, recherche de documentation, etc.
Vu que c’est en fait relativement simple si tu as les bons outils, tu peux arriver à utiliser des logiciels et après, à toi de voir si tu en as besoin.
Si ce que tu utilises marche avec ta méthode, en effet, pourquoi évoluer ?
Pour les mangas, oui, il y a pléthore mais rassures-toi, les jeunes arrivent sans problème à suivre et faire le tri.
Et tu as bien décris le capitalisme : on te sert à outrance, débrouille-toi pour ingurgiter ou pas.
Idem pour les séries et offres VOD par exemple.
D’ailleurs ce que tu ressens pour les mangas, je l’ai ressenti pour les séries il y a un moment : j’ai zappé GoT, Walking Dead, etc.
Tu n’évoques as un phénomène dont tu as déjà parlé : les jeux gratuits en bundle Steam/Humble et le fait de collectionner, idem pour les jeux gratuits (piratage par exemple) quand tu disais qu’à force d’en avoir, on n’en faisait plus.
C’est l’économie du choix personnel, il faut un recul que l’ai gens n’ont pas forcément et qui vient avec l’âge…
En ce qui concerne les conteneurs, ce qui me gêne avec cette technologie même si effectivement elle peut être simple c’est l’hébergement qui va avec. A une époque, on avait pas mal de gens qui visaient la philosophie KISS : “Keep it Simple, Stupid”. Je pense par exemple à Kriss Feed. Moralité Docker impose d’avoir un dédié. Et ce n’est pas que Docker. Je prends WordPress, on avait des modèles de blog qui étaient simples aujourd’hui on a tendance à passer de force à des modèles de sites. DIVI pour ne citer que lui est une véritable usine à gaz. Pas l’impression d’avoir gagné en quoi que ce soit avec les années si ce n’est de la difficulté.
Tu as déjà un serveur dédié avec Ubuntu serveur.
Moi j’ai un serveur dédié avec une dérivée de Debian.
Le reste, c’est selon tes besoin.
Divi c’est de la daube pour agence qui te vend du WordPress.
J’ai trouvé Astra comme thème pour gérer par blocs facilement, j’ai un blog et ça me suffit.
Mais faut rester KISS : si tu n’as pas besoin de Docker, alors ne te lances pas dedans.
Faut juste savoir que ça existe et pour le reste tu as 5413561 tutos YouTube dessus.
Je suis aussi de cet avis.
L’informatique et de maniere pluis restrictive, « les internets » étaient « plus accessibles » avant.
Reprenons ton exemple de WordPress.
Il y a 15/20ans, on avait notre hébergement gratuit Free, on uploadait le tout et ça et c’était parti.
Un probleme -> Un forum -> On pose la question -> On a la réponse.
Aujourd’hui, on doit se prendre un hébergement, un nom de domaine, on doit se casser les pieds à configurer une adresse email sur ce domaine, les DKIM, les SPF, …
On upload, on configure les différents plugins nécessaires, on se configure les dépendances, le Cloudflare, le thème (car c’est fini l’époque de quelques lignes de html), …
Il y a 15ans, un copain sortait une ânerie, le site était en ligne et fonctionnel 2h plus tard.
Aujourd’hui, on y réfléchit à deux fois, car on sait qu’il y en a pour 1 journée de boulot au moins.
D’ailleurs, j’ai daté ce début de dégénérescence du web à la prise d’envergure du protocole d’authentification OAuth, en 2011/2012.
Avant tout était ouvert et simple, après les possibilités se sont refermées et complexifiées.
Free, c’était génial, tu uploades ça marche pas car y’a une tonne de restrictions.
Et c’est resté bloqué sur une vieille version de PHP que ça ne sert plus à rien.
Dans le temps ça ne marchait pas mieux, WordPRess était plus simple mais tu faisais moins de trucs, etc.
Les choses évoluent.
Et à part des geeks/nerds, qui se préoccupe de DKIM and co ? Ça sert à installer un serveur mail sur son ordi et ça foire dans 90% des cas à cause des GAFAM.
Plein de trucs inutiles (Cloudflare ? lol) donc facile de s’en passer.
Aujourd’hui, tu prends un hébergement pas cher genre o2switch, tu y mets un WordPress facilement et si tu achètes un nom de domaine c’est simple avec les emails en plus.
de mon point de vue Kubernetes et Docker ne concernent que des plateformes virtualisés :
qui utile ces plateformes ?
– les entreprises principalement
mai on a toujours des serveurs apaches pour le php , mais cela est nettement moins utilisé.
je rajouterai de puis ajout Oauth ( cad obligation de certificats ) , la gestion des Api Rest qui devient de plus en plus des usines à gaz en terme de paramétrage.
la virtualisation a des conséquences lourdes , pour les nouvelles versions , il faut a chaque fois
– créer de nouvelles VM ( cela demande au mois de espace disque + la définition des routes / ports + os systeme )
– (re)configurer les services applicatifs et mettre en place de nouveaux certificats ( oauth2 )
– migrer les données
– évolution de l’application
cela est assez lourd pour une montée de version applicatif
de mon côté je n’utilise pas Kubernetes / Docker
Et pourtant au final ça facilite tellement la vie, un mini pc geekom en promo à moins de 200€ sur amazon 256Go de disque et 16Go de ram
Proxmox et tout est virtualisé, home assistant pour la domotique, jellyfin serveur multimedia, plus quelques autres en container LXC
Sauvegarde automatique des container
Si on fait une erreur, on efface la VM et on remonte la sauvegarde en 5 mn
Je trouve plutôt qu’avec cette évolution, docker ou proxmox que c’est confort et moins prise de tête
Docker avec Portainer pour gérer les stack et mise à jour des container, c’est presque aussi confort que Proxmox