One shot, numéro 15

Quand on se dit qu’il y a 25 ans la bande dessinée était vraiment limitée aux grandes séries classiques, on est content de voir son évolution. En effet, le one shot est actuellement la valeur sûre de la bande dessinée franco-belge. Pas de risque de voir s’éterniser la série comme avec Lanfeust, ou de ne pas finir tout simplement. De très beaux one shot dans ce numéro 15

La truie, le juge et l’avocat

Il s’agit d’une histoire inspirée d’un fait réel. En 1386 dans le Calvados, une truie a été condamnée au bucher, elle était habillée en robe de femme, comme dans la bande dessinée. De ce fait divers et original, les auteurs ont construit une histoire passionnante. C’est donc une truie qui finit en prison, elle est accusée d’avoir tué le fils du comte et troublé l’ordre public. Tout la désigne comme coupable. Elle n’a que peu de chance face à un juge cruel qui violente sa femme et qui a une vision expéditive de la justice. La chance pourrait bien tourner grâce à un avocat qui a le pouvoir de parler aux corneilles.

La truie, le juge et l’avocat dénonce beaucoup de choses. La condition des femmes, la cruauté des hommes, la justice, et j’en passe. L’absurdité de la situation, comme on peut s’en douter, se prête parfaitement à la situation. Un excellent one shot qui réserve une fin pour le moins inattendue.

Kléos

En 500 ans avant JC, Philoklès est pêcheur. Il écoute avec passion les conteurs raconter l’Iliade et l’Odyssée. Lorsque son village se fait attaquer, les guerriers de son village se cachent derrière les murailles et laissent les pirates le piller. Il s’insurge et décide de partir à la recherche des pirates pour venger son honneur. Il réalisera qu’il y a une grande différence entre les légendes d’Homère et l’aventure.

Kléos était prévu en deux tomes. La bizarrerie est suffisamment rare pour être remarquée. Le premier tome est sorti, pas le second, mais une intégrale des deux tomes. Les gens qui avaient acheté le premier ont pu se faire rembourser celui-ci contre l’achat de l’intégrale.

Les aventures de Philoklès sont particulièrement réussies. Il finira par se retrouver esclave des pirates et prendra la place du poète local. Philoklès devra alors faire un choix cornélien. Être un nanti au milieu des pirates ou reprendre sa liberté.

Le dernier quai, coup de cœur de ce one shot numéro 15

Émile est le gérant d’un hôtel bien particulier. En effet, chaque jour, il reçoit des morts. Chaque mort dans sa chambre a des objets qui correspondent à des regrets. Si le mort arrive à se pardonner, les objets disparaissent et il peut quitter l’hôtel. Si par contre, le défunt ne se pardonne pas, il se retrouve en lisière de l’hôtel dans une forêt de monstres. Un jour, Émile ne parvient pas à sauver une vieille dame, et il se promet que ce sera la dernière fois.

Le lendemain, rien ne se passe comme d’habitude. Le train n’est pas arrivé et pourtant il y a des gens présents dans l’hôtel. Et comme rien ne se passe comme prévu, aucun des pensionnaires n’a d’objet dans sa chambre. Et si Émile n’était pas le gérant, mais seulement un des « clients » de l’hôtel ? Quels sont les regrets d’Émile pour qu’il n’arrive pas à quitter l’endroit ?

Le dernier quai est une très belle histoire à tous les niveaux. L’histoire, comme on a l’a compris, réserve son lot de surprises et de rebondissements. Les personnages sont attachants et c’est une manière originale d’appréhender la mort, le rite de passage. En ce qui concerne le dessin, l’inspiration de Hayao Miyazaki est omniprésente. Quand on connaît la référence, on se doute que c’est somptueux.

La sage-femme du roi

Il s’agit de la véritable histoire d’Angélique du Coudray qui démontre la force des one shot. En effet, le one shot permet d’aborder toutes les thématiques, y compris historique. Il nous permet de découvrir des histoires que nous n’aurions pas imaginées. Angélique du Coudray est sage-femme au XVIIIe siècle. La profession est reconnue, mais il apparaît que la concurrence avec les chirurgiens est de plus en plus compliquée. Dans un monde dirigé par les hommes, ils profitent de leur notoriété, de leur pouvoir pour s’emparer du « marché » de l’accouchement.

Angélique du Coudray finit par partir en Auvergne en répondant à l’appel d’un seigneur. Ce dernier, en effet, croit encore au talent de cette dame quand Paris ne veut plus d’elle. Alors qu’elle pense partir en terrain conquis, elle se retrouve confrontée à une autre concurrence. Les accoucheuses. Des femmes des campagnes qui font plus de dégâts qu’autre chose. Madame du Coudray va tenter de s’imposer par l’éducation en révolutionnant les techniques d’apprentissage de l’accouchement.

Comme on peut le voir dans la photo ci-dessous, c’est grâce à l’invention de cette poupée en chiffon qu’elle a pu enseigner les gestes de l’accouchement. Une histoire étonnante.

3 Comments

  1. Kleos était sympa à lire en effet même si je lui trouve un goût d’inachevé. cela aurait pu dériver vers une sorte d’autre odyssée vu le début de l’histoire

    La référence de la couverture de « Le dernier quai » saute en effet aux yeux…même si le dessin reste moins dans l’aspect manga.

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