Alors que j’habite à quinze kilomètres de Gruissan depuis une dizaine d’années, je n’ai jamais mis les pieds aux salins. C’est chose faite aujourd’hui. Un jour, il faudrait que j’aille faire le tour de Pézenas, j’y travaille depuis quasiment une décennie sans y avoir mis les pieds.
Gruissan, dans l’Aude
Gruissan est l’une des stations balnéaires les plus connues de l’Aude. La ville est à proximité de Narbonne. Elle compte environ 5000 habitants à l’année pour des pointes à 80000 personnes durant la saison estivale. L’une des particularités du village, c’est d’être à la fois en bord de mer et en bord de Clape, le massif montagneux qui sépare la côte de Narbonne.
Parmi les choses à voir à Gruissan, la chapelle des Auzils. Elle répond à la dualité du secteur. Il s’agit d’une chapelle dans la Clape dédiée à la mer, aux marins. On ne s’étonnera pas des décorations comme l’illustrent les deux photos ci-dessous.
Parmi les choses à voir, la plage des chalets qui sont des maisons montées sur pilotis. La tour Barberousse, vestige d’un fort qui servait à prévenir des invasions arabes. D’après ce qu’on peut lire en haut de la tour, au départ, c’était Barberoussette en référence au corsaire qui avait la responsabilité du port. Puis la tour a pris le nom de Barberousse en référence au pirate ottoman.
Comme vous pouvez le voir, une vue imprenable sur Gruissan.
Pour davantage d’informations sur la ville de Gruissan je vous renvoie vers la page de Wikipédia.
Les salins de Gruissan
Les origines de la première exploitation de sel pour la ville de Gruissan datent du premier siècle après Jésus-Christ. À l’époque, le sel est précieux, si bien que les légionnaires romains sont payés en partie en sel : le salarium. Le salaire tire donc son étymologie du mot sel.
Dans les années 1900, c’est compliqué dans le narbonnais. Les activités économiques de la région sont axées autour de la pêche et de la vigne. Pour la pêche, la production n’est pas assez importante pour réussir à faire vivre le village. Pour la vigne, la situation est complexe au point d’en arriver à la révolte des vignerons en 1907. Les vignerons n’arrivent plus à s’en sortir face à la concurrence des vins étrangers vendus moins cher, car on les coupe avec de l’eau ou du jus de fruits.
Aux environs de 1910, une ingénieure, madame Le Danois, révolutionne la vie du village. Cette dernière, en effet, crée les salins. Cette activité va permettre à cette époque de sauver le village et faire travailler plus de 600 personnes.
Quatre cents hectares répartis en 162 bassins. L’eau entre dans un premier bassin et parcourt 40 km jusqu’au dernier bassin. À chaque bassin, la profondeur est de moins en moins profonde. Au dernier bassin, l’eau s’évapore grâce au vent et au soleil, il ne reste plus que le sel. Les salins de Gruissan réalisent une production de 5000 tonnes chaque année.
Les « montagnes » de sel s’appellent des camelles. On les conserve en extérieur et sont parfaitement à l’abri. Le sel avec l’eau de pluie s’agglomère pour former une couche importante de trente à quarante centimètres d’épaisseur. En dessous le sel est consommable ou presque. On va le laver avec de la saumure, de l’eau très salée, pour le débarrasser des dernières impuretés. Afin de casser le sel, on utilise des broyeuses et pour le regrouper des chasses neiges !
Quelques anecdotes sur les salins
L’excellent guide nous expliquait que l’un des bassins avait posé des problèmes lors de la « construction ». En effet, le sel disparaissait dans ce dernier. L’explication est simple. En creusant, les ouvriers avaient trouvé une source d’eau douce faisant disparaître le sel. Le bassin a été ainsi isolé des autres afin d’éviter la catastrophe, soit la disparition du sel. Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, on voit une cabane. À l’instar de nombreux sites du coin, c’est une zone protégée, cette cabane permet à la ligue de protection des oiseaux, d’observer les nombreux volatiles du coin. Les oiseaux migrateurs en font un lieu de passage, l’eau est potable et le lieu à l’abri des prédateurs.
Et qui dit volatile, dit flamant rose. Comme on peut le voir dans les différentes photos, la couleur rose prédomine. Dans cet univers particulièrement salé, survit deux espèces. Une algue du nom de dunaliella salina et du plancton. L’algue produit de la Bêta-carotène qui est consommée par le plancton. Les oiseaux mangent le plancton ce qui explique la couleur rose.
On notera aussi que la production des salins ne se limite pas qu’au sel. Certains bassins sont consacrés à la culture des huitres. Les salins de Gruissan ont un partenariat avec un producteur de Bouzigues. Dans le sud, les informations concernant la consommation des produits de l’étang de Thau revient régulièrement dans l’actualité. L’étang de Thau contrairement à la mer Méditerranée, stagne. Les huitres sont ainsi déplacées pour éviter la prolifération des micros organismes.
Si vous passez dans la région, je ne peux que vous inviter à faire cette visite particulièrement instructive.
Il arrive même parfois que des touristes visitent voire connaissent mieux notre région que nous mêmes. Chouette billet.