Au sommaire de ce BD, octobre 2023 : une bande dessinée de fantasy italienne, un game of thrones dans les bas fond de Paris, un policier qui se fait passer pour un pasteur, une aventure au Brésil.
Sans âme
Sans âme est une bande dessinée médiévale fantastique qui nous fait suivre les aventures d’une compagnie de mercenaires. Le héros de cette histoire, c’est Ian, un noble qui se retrouve dans cette compagnie sans qu’on en comprenne les raisons. Chaque tome est indépendant et illustre un peu plus les horreurs de la guerre de cette armée en campagne. Viols, pillage, assassinat, cannibalisme, la bande dessinée insiste lourdement sur l’horreur de l’époque.
Le tournant fantastique de la bande dessinée est accentué au tome trois avec un classique combat contre des vampires. Si je voulais faire un bon mot, je dirais que cette série est sans âme. Ce n’est pas totalement vrai, mais pas totalement exagéré non plus. Si le travail réalisé sur les personnages est réussi, avec une vraie bande de salopards bien définis, dans l’ensemble, nous sommes face à une bande dessinée particulièrement classique.
À l’heure actuelle, la bande dessinée est composée de quatre tomes. Si la bande dessinée se lit bien, qu’elle est agréable, je pense que les auteurs font l’erreur de ne pas accélérer dans la quête centrale. En effet, rien ou presque ne transpire de l’histoire de Ian. Pas sûr que l’éditeur laisse le temps à la série de s’installer dans le temps pour avoir les révélations. Ce message dans le forum bdgest par l’éditeur lui-même semble malheureusement me donner raison.
Le Roy des Ribauds
Le Roy des Ribauds est une bande dessinée par les auteurs de block 109. Pour mémoire, le block 109 est une uchronie particulièrement originale où les nazis sont les héros et gagnent la guerre. Le Roy des Ribauds nous place à Paris, au Moyen Âge. Tristan, ce fameux Roy des Ribauds, travaille pour le roi. Il contrôle les maisons de passe, les bandes, il règne en fin de compte sur les bas fonds. Sur quatre tomes, la bande dessinée nous raconte les complots, les manigances pour le pouvoir, mais par le bas, dans les rues sombres.
Je suis assez partagé sur cette série qui démarrait pourtant fort. Le dessin est intéressant, particulièrement dans les expressions des personnages. La bande dessinée, à l’instar du premier album du block 109 est généreuse, certains tomes montent à plus de 150 pages. Les personnages sont bien travaillés, difficile de ne pas penser à Game Of Thrones dans les bas fonds. Alors que le premier album pose de solides bases, sans trop de spoils, une enquête criminelle que doit mener le Roy des Ribauds sur un crime qu’il a lui-même commis, le reste tourne à la boucherie.
Au final, une série qui si elle se laisse lire décevra tout de même le lecteur qui attendra plus après un très bon premier album. Un regain d’intérêt apparaît avec le tome numéro 4, un diptyque de prévu après le cycle de trois tomes. Nous retrouvons les personnages dix ans plus tard avec leur descendance.
Soda
Soda pour Salomon David, sans rapport avec la série avec Kev Adams. Policier de la ville de New York, Soda risque sa vie tous les jours. Depuis la mort de son père, ancien policier, sa maman s’est installée chez lui. Il n’a pas eu le courage de lui avouer la vérité et se fait passer pour un pasteur. Sa mère, cardiaque, ne sortant jamais de chez elle, il prend le temps durant ses 23 étages en ascenseur de changer de tenue pour entretenir le mensonge.
Si bien sûr la bande dessinée va jouer sur les situations en lien entre la supercherie et les enquêtes policières, Soda c’est quand même plus profond. C’est du vrai polar, sombre. On retrouve d’ailleurs de façon paradoxale le trait de Gazzoti qu’on connaît pour sa série seuls, un trait enfantin pour une série très violente. Soda est une excellente bande dessinée à tous les niveaux. La narration, qui parfois peut être faite par le méchant, la construction des personnages, la qualité des histoires. Tout y est.
Il s’agit pourtant d’une bande dessinée qu’on pourrait qualifier de « maudite ». Philippe Tome le scénariste est décédé. Le dernier tome qu’a livré Gazzoti s’est mal déroulé, puisque les deux hommes sont allés au tribunal. Warnant dessinateur originel de la série, a laissé tomber la bande dessinée pour se consacrer à la 3D. Malgré ces difficultés, la série est encore en cours. Le format de Soda, sous forme de one shot, ne laisse pas sur leur faim les lecteurs. Tout nouvel album, reste un bonus.
Un putain de salopard
L’histoire est assez originale. C’est un jeune homme qui découvre dans les affaires de sa défunte mère, deux photos. Elle apparaît avec deux hommes différents, l’un d’eux est son père. Il décide de retrouver les hommes afin de savoir qui est son géniteur. Direction le Brésil, ses chercheurs d’or, ses mines et surtout une violence assez incroyable. Durant son périple, il va rencontrer des jeunes femmes qui vont prendre en charge un dispensaire. La bande dessinée particulièrement violente nous montre les terribles conditions des femmes dans ce pays.
Son père serait donc un putain de salopard qui aurait extorqué son patron en volant des diamants et de l’argent. Nous avons tous les éléments d’une bonne aventure. Un trésor caché, des méchants, de l’amour, de l’humour et des flingues.
C’est une très bonne bande dessinée pour l’instant en trois tomes. Il est assez intéressant de voir que Loisel, connu pour son dessin, s’est transformé en excellent scénariste. Pont à qui l’on doit, où le regard ne porte pas, a vraiment progressé dans sa technique pour le dessin, c’est saisissant.