Le mois de janvier est celui des bonnes résolutions, pas pour les professeurs. En effet, pour l’enseignant, les compteurs sont remis à zéro au mois de septembre. Chaque rentrée étant l’occasion de faire le point sur l’année précédente, ce qu’on refera, ce qu’on ne fera plus. Voici l’ensemble de mes bonnes résolutions pour cette rentrée 2023.
Rentrée 2023 : ENT, ENT et ENT
J’ai fait différents billets sur mes usages des réseaux sociaux en écrivant tout et son contraire. Je pense qu’aujourd’hui, je suis arrivé à maturité et je sais ce que je veux, surtout ce que je ne veux pas. J’ai fermé mon compte Instagram et j’ai donc perdu le contact avec une partie de mes jeunes qui quittent l’école. Si le métier d’enseignant n’est pas comme les autres, on peut toutefois s’interroger sur la profession qui échange avec ses anciens clients, hors relance commerciale. Est-ce que le garagiste prend de vos nouvelles ? C’est dur, car nous savons que l’enseignant a un rôle particulier dans la vie du jeune. Nous savons aussi que le contact a du sens, notamment dans l’enseignement professionnel.
En effet, mon fils par exemple qui vient de valider son BTS reste en contact avec ses anciens professeurs. La relation est bilatérale, car elle permet aux enseignants d’avoir de potentiels patrons où placer les stagiaires. Pour les anciens élèves, c’est l’opportunité d’avoir des réseaux ou trouver leurs futurs employés.
Malheureusement et notamment sur ma dernière promotion de terminale, on se rend compte que lien entre l’enseignant et l’élève n’est plus celui d’il y a 20 ans. Tout aujourd’hui se consomme, se zappe, les enseignants n’échappent pas à la règle. La semaine dernière, j’ai donné l’intégralité de mes cours à une élève que j’ai eue il y a 15 ans. On lui demande d’enseigner l’informatique en lycée agricole. En fin de compte, j’ai davantage de lien avec mes anciennes promotions qu’avec les actuelles.
Cette année sera placée sous le signe de l’ENT comme unique medium de communication avec les élèves. Bien pour eux, bien pour moi à tous les égards. L’ENT est leur outil professionnel, il permet de plus de faire une césure entre la vie privée et la vie professionnelle et de parler de droit à la déconnexion.
Reprendre la maîtrise du temps
Nous ne sommes pas rentrés que la pluie de mails tombe désormais de manière quotidienne depuis des jours. Au moment où j’écris ces lignes, je viens d’envoyer un mail sec à une collègue qui attend une réponse avant demain. Nous sommes dimanche. Pendant des années, j’ai envoyé des mails à toutes les heures de la semaine, des vacances ou du weekend. Dorénavant, j’applique un droit à la déconnexion. J’ai écrit un message qui tombera dans toutes les boîtes aux lettres demain matin 8h, merci Microsoft pour programmer les messages !
Désormais, nous avons un texte de référence au droit à la déconnexion et je compte le faire appliquer à commencer à moi-même même si cela reste délicat. Mais ici encore, ce serait oublié que l’enseignement reste un métier.
En effet, lorsque vous déposez votre voiture au garage le vendredi, vous savez que vous n’aurez pas de réparation durant le weekend. Les parents notamment pensent que nous sommes à leur disposition à leur convenance quand eux-mêmes dans leur métier n’accepteraient pas de répondre un samedi soir à 23 heures. Le revers de la médaille, c’est que nombre de fois, nous sollicitons nos élèves le weekend ou nous réglons des problèmes importants avec des parents quel que soit le moment. Je crois que c’est comme tout, au cas par cas. Ce qui est certain, c’est qu’il est impératif que chacun comprenne que l’urgence de l’un n’est pas l’urgence de l’autre.
Le contrôle du temps, c’est aussi le temps de cerveau. Je me faisais la réflexion que j’arrêtais de lire la masse d’articles qui paraissent sur Twitter désormais X, car je n’utilise plus le réseau. Depuis plusieurs mois, je ne lis plus le site Numerama ou Presse Citron. Je ne crois pas avoir manqué quelque chose. Je n’ai plus peur de rater quelque chose.
Ne pas s’encrouter
J’ai fait ma première rentrée en 2003. Si vous faites le compte, j’ai commencé le métier il y a 20 ans. Il aurait été totalement impossible de ne pas tout changer régulièrement. En effet, au rythme des réformes, du niveau des élèves, des outils qui évoluent. Néanmoins, je me reconnais quelques mauvaises habitudes sur lesquelles il faut que j’intervienne.
Par exemple, je conserve l’habitude de la main levée. Nous courrons comme je l’ai écrit plus haut après le temps. Le premier réflexe, c’est de faire les figures à main levée. À l’époque, on avait la fameuse règle jaune et le compas, aujourd’hui, il est nécessaire de passer par les outils numériques. Le tactile, c’est lent, c’est peu précis, mais c’est propre. Il faut donc faire l’effort de prendre le temps d’avoir cette rigueur. Difficile en effet de demander aux élèves de faire des tracés à la règle, propres, quand le professeur fait tout vite fait au tableau.
De la même manière, il faut que je rédige de nouveaux documents, que je tente d’autres choses comme des mesures à l’extérieur. Des calculs de surface, l’utilisation du théorème de Thalès pour mesurer des bâtiments. Les mathématiques offrent en effet de nombreuses possibilités concrètes, encore faut-il les saisir.
Conclusion
Bien sûr, il y a ce qu’on veut et la réalité de terrain. L’an dernier, les ponts, la COVID et d’autres impondérables ont mis à mal de nombreuses stratégies. Néanmoins, il parait nécessaire d’avoir l’ambition d’essayer de s’améliorer que de se complaire dans l’autosatisfaction. Bonne rentrée 2023 à tous !