Au sommaire de ce second épisode de bandes dessinées de SF : la guerre éternelle et sa suite libre à jamais. Le dernier troyen, le fléau des dieux, Anita Bomba. Il y aura un épisode 3, je n’ai pas réussi à faire tout rentrer, car ç’aurait été trop long.
La guerre éternelle, l’une des bd cultes de la SF
La guerre éternelle est une bande dessinée de SF de 1988. La plupart du temps, c’est le genre d’ouvrage qui vieillit plutôt mal. En effet, lorsqu’on essaie de s’attacher à imaginer le futur, il n’est pas évident de faire mouche. Les ovnis, les petits hommes verts ou gris affichent un côté kitch aujourd’hui. Certaines bandes dessinées s’en sortent mieux que d’autres, quand elles vont très loin dans le futur. C’est le cas par exemple de Valérian. La guerre éternelle évoque ainsi des événements de 2010 qui ne se sont pas produits. L’humanité a inventé le saut spatial. On notera d’ailleurs le côté amusant ou paradoxal. Les navettes ressemblent à celles de la NASA, elles auraient ainsi peu évolué, mais on saute à des années lumières.
La première rencontre avec les extra-terrestres, s’est mal passé, un vaisseau détruit. La guerre commence. Et c’est ici toute la subtilité de la guerre éternelle, c’est qu’elle tient compte des sauts dans le temps. On va suivre un couple qui va réaliser l’intégralité de la guerre, et avec eux voir le monde évoluer. Ce qui est assez pertinent, c’est que parfois cinquante ans peuvent s’écouler alors que pour nos héros, c’est quelques mois. Ils découvrent les évolutions de mœurs comme l’homosexualité qui devient la norme. Mais aussi les évolutions technologiques où, en cinquante ans, les armes et les stratégies changent jusqu’au retour des épées !
La guerre éternelle est une bande dessinée en trois tomes. Marvano et Haldeman sont des vétérans du Vietnam. C’est très largement évoqué dans l’introduction avec des photos d’époque. Je pense que je ne connais pas assez le sujet pour voir la transposition voulue dans l’œuvre majeure de SF. Un récit court, efficace, qui n’a pas pris une ride qui dénonce les horreurs et l’absurdité de la guerre.
Libre à jamais, la suite de la guerre éternelle.
Attention, ne lisez surtout pas ceci, si vous n’avez pas lu la guerre éternelle et si vous comptez la lire. À la fin de la guerre éternelle, Mandella, l’homme, découvre avec surprise que la guerre est finie. Avec les décalages temporels, sa troupe était la dernière à encore croire à la guerre. Potter, sa compagne, avait été envoyée dans une autre mission, si bien qu’ils se pensaient perdus à jamais. Il découvre qu’elle est bien vivante sur une planète qui accueille les vétérans, derniers hétérosexuels à se reproduire de façon naturelle.
On va retrouver à nouveau un triptyque, avec comme premier tome, l’histoire vue par Potter. Sa démobilisation et son attente. Cette introduction nous présentera la planète des vétérans, avec nos deux héros devenus âgés et parents. La planète des vétérans fait office d’exception. L’humanité est désormais basée sur le même principe que les Taurans, l’ennemi du premier cycle. Des milliards de clones interconnectés qui ne forment qu’un être unique. Humain, puisque c’est son nom, a laissé pendant des années nos vétérans tranquilles car ils représentent une diversité génétique importante pour l’espèce.
Cependant, les temps changent et Humain proposent aux « humains » classiques de rejoindre le grand arbre. Nos héros craignent de perdre leur liberté et envisagent de prendre un vaisseau pour faire un bon de quarante milliers d’années.
Libre à jamais partait très bien et offrait des perspectives intéressantes. Malheureusement, le troisième tome nous livre un final trop ésotérique à mon goût.
Le dernier troyen, le fléau des dieux : les chroniques de l’Antiquité galactique par Valérie Mangin
Valérie Mangin est la compagne de Denis Bajram qu’on a vu pour le Goldorak ou pour Universal War One. Elle a créé un univers où l’antiquité est transposée à la sauce SF.
Le dernier troyen est la transposition de l’Énéide en version SF. Énée survivra au massacre de la prise de Troie et partira en Italie. Les étrusques sont les ancêtres des romains. On est assez rapidement mis dans l’ambiance avec le cheval de Troy qui se présente comme une sculpture gigantesque abandonnée dans l’espace. La série se décompose en six tomes. La fuite de Troie, les Amazones, par exemple. Mangin prend aussi des libertés avec les lotophages qui font partie de la mythologie d’Ulysse.
Le dessin de Démarez est étonnant. Certaines planches sont « mauvaises » avec une sensation de travail non fini notamment sur les personnages. D’autres sont magnifiques. Le dessinateur fait intervenir des bêtes extraordinaires ou des dieux gigantesques en pleine page du plus bel effet. Au niveau de l’histoire, c’est plutôt convaincant même si je trouve que l’enrobage de SF n’apporte rien.
Sur le même principe, on se retrouve dans l’espace avec la conquête d’Attila qui s’attaque aux planètes romaines. La première chose qui frappe à titre personnel, c’est le dessin. Magnifique, il fait penser à celui de Gimenez dans la caste des Méta-barons. De très grandes scènes de batailles, du space opéra. Au niveau de l’histoire, je trouve qu’il y a quelque chose de plus pertinent que dans le dernier troyen. On s’interroge en effet sur le fait que les Huns et les romains utilisent la même langue. L’histoire se rejoue-t-elle ? Avec une véritable intrigue, de belles scènes de batailles et une relation amoureuse houleuse entre Attila et une jeune romaine qu’on prend pour une déesse, le fléau des dieux est une très bonne série de SF.
Anita Bomba l’OVNI des séries de SF
Comme je l’ai écrit pour la guerre éternelle, pas facile de bien vieillir pour une vieille bande dessinée de SF. Je pense que l’un des secrets, c’est de produire un univers totalement délirant, tellement éloigné de notre réalité qu’il n’a aucune chance de se produire.
Lorsqu’on voit les titres de la série qui se décline en cinq tomes de 1989 à 2006, on comprend que nous sommes sur une série atypique. Anita Bomba comme son nom l’indique, utilise les bombes. Il s’agit d’une voleuse qui règle toutes ses contrariétés à coup d’explosifs. À force de faire sauter tout le monde, plus personne ne veut travailler avec elle. Elle finit par s’associer avec un robot, « Sig 14 », un robot schizophrène. Nécessairement, avec un tel comportement, elle attire les forces de l’ordre. C’est le policier Bottle dont les robots chiens dévorent les gens qui prend le dossier en main. Un policier psychopathe comme il se doit renvoyé par la police.
Nos deux compères dans leur fuite vont croiser la route du mentor. Un homme à la recherche d’un trésor. Bande dessinée étonnante, on ne sait absolument pas dans quoi on s’embarque. Les auteurs qui font part de leur réflexion au milieu de la bd, le découpage en chapitres avec des titres à rallonge, la folie permanente des personnages. Beaucoup d’éléments qui font d’Anita Bomba une bande dessinée à part.