Internet, passage au tout payant

Lorsque Musk a annoncé le passage payant à la certification, tout le monde a bien rigolé sauf que désormais la fête est finie.

Facebook et Instagram, vers un service payant

Zuckerberg a fait donc l’annonce, désormais pour avoir la certification, il faudra payer aux environs de 15 dollars par mois. Je n’ai pas creusé, car le sujet ne m’intéresse pas, c’est ce qu’il y a autour. Creuser, il le faudra, c’est évident. Demain, quelqu’un pourra-t-il déposer une certification au nom de Cyrille BORNE en payant ? Il s’agit pour ma part de l’enjeu principal, savoir s’il y aura une vérification, ou si c’est la porte ouverte à l’usurpation d’identité. Il faudra attendre les procès.

Il faut comprendre qu’en fin de compte, Musk a ouvert la boîte de Pandore. Zuckerberg avait dit que Facebook resterait toujours gratuit. Il le reste. Mais désormais c’est un internet à deux vitesses qui se profile. Un modèle freemium et un modèle premium. Quand Musk prend les mauvaises décisions en faisant payer la double authentification, pour Meta on vous fait comprendre que payer c’est une manière d’être mis en avant. Zuckerberg se contente de réinventer la publicité dans les moteurs de recherche mais pour des particuliers dans son réseau.

Imaginons que sur les deux milliards de comptes que représente Instagram, 10 millions font le choix de prendre la certification. Entreprises, célébrités, associations qui seront obligées d’en passer par là pour éviter les escroqueries à leur nom. C’est 150 millions de dollars qui tombent par mois soit 2 milliards quasiment par an pour un moindre effort du côté du réseau, mettre une pastille.

Il suffit souvent de dégainer le premier et au bon moment

Alors que c’est l’inflation galopante dans le monde, nous n’avons jamais été aussi prêt à payer. C’est psychologique. Aujourd’hui, lorsque je fais un plein d’essence à 1.70, j’ai l’impression de faire une affaire. Je suis prêt à payer ce prix pour deux raisons. Je n’ai pas le choix, il faut que je roule. J’ai déjà fait le plein à plus de 2€.

Dès lors, il suffit de vous faire croire que c’est le juste prix à payer, et que dans le contexte actuel, il n’est pas possible de faire autrement. Si vous voulez vraiment faire passer votre concept, il faut que ce soit collectif. Si par exemple un groupe pétrolier maintenait un tarif à 1.30, on comprendrait que 1.70 n’est pas le juste prix.

C’est une situation qui n’est inédite en rien. On avait vu que la presse gratuite, était désormais rare, qu’elle était soumise à la publicité et à des articles souvent bas de gamme. De façon plus ou moins concertée, nous avons basculé d’un monde dans lequel l’information était gratuite à un monde dans lequel l’information gratuite est de basse qualité. On nous a fait comprendre, ou plutôt rappelé, qu’un journal de qualité se paye, qu’il soit en ligne ou papier.

Ils seront légitimement quelques-uns à se demander que faire payer. TikTok peut-être, même s’il pratique une politique qui consiste à écraser le marché de la vidéo. Passer au payant aujourd’hui serait un potentiel ralentissement de sa croissance. En outre, des services comme Google pourraient envisager de rendre des indispensables comme Gmail payant et c’est ici que cela commence à devenir compliqué.

Payant pourquoi pas, mais dans quelles conditions ?

Payer en fin de compte n’est pas un problème si le service est à la hauteur. Et la problématique ici, c’est que d’après ce qu’on peut lire, les gens qui vont payer leurs 15 dollars par mois n’échapperont pas au tracking publicitaire. C’est finalement comme quand on paye plus de 2€ à la pompe. Est-ce qu’il s’agit vraiment du prix, est-ce qu’on ne peut pas faire autrement ou m’arnaque ?

On se retrouve ainsi avec un badge bleu payé 15 dollars par mois et on continue à manger de la pub. Est-ce que tout ceci en vaut vraiment la peine ?

Il faut comprendre que comme précisé en introduction, nous sommes dans une période où on nous fait passer pas mal de choses. Nous avons certainement perdu une part de notre esprit rebelle, pour finir par nous soumettre et subir. Et pourtant, la roue tourne.

Je lisais cet article San Marina, Kookaï, Camaïeu, Pimkie… Comment expliquer l’hécatombe des magasins de prêt-à-porter ? Ces magasins étaient les mêmes qui, il y a 30 ans, détruisaient les commerces de proximité des centres-villes. Ces magasins ont été détruits par Internet, Internet qui fonctionne moins bien qu’avant.

Aujourd’hui le consommateur veut du bio, du local, et n’hésite plus à payer un peu plus cher pour un produit de meilleure qualité, français. La réflexion de consommation qu’on fait pour des produits se transpose parfaitement aux choix informatiques. Avez-vous vraiment besoin de ces réseaux ou si c’est le cas d’une pastille bleue ?

N’hésitez pas à essayer les solutions alternatives comme Mastodon, n’hésitez pas à déconnecter un moment pour voir si ces réseaux vous sont vraiment indispensables et surtout, refusez de payer pour une pastille bleue.

Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais ce dont je suis sûr, c´est que la quatrième guerre mondiale se résoudra à coups de bâtons et de silex.

Albert Einstein

Peut-être finalement que le web de demain, c’est le web d’hier avec des sites et une décentralisation importante.