Le pouvoir des innocents

Le pouvoir des innocents est une bande dessinée actuellement réalisée en trois cycles sur plus de dix tomes au moment où j’écris ces lignes. Attention, il sera impossible d’évoquer les cycles II et III sans avoir lu le I. Spoils à la clé donc.

Le pouvoir des innocents, entre niaiserie et bd très sombre

Le premier cycle se déroule en 1997, mais prendra ses explications principalement dans les années 70. On suit l’élection qui va opposer le maire sortant perverti par la mafia face à Jessica Ruppert la candidate démocrate. Cette dernière est une femme d’une bonté rare qui a tenu un centre de redressement pour des adolescents. Ceux-ci ont tous connu un parcours hors pair suite à leur rencontre avec cette femme. Providence qui sera l’un des personnages principaux de ce cycle de cinq tomes, l’un de ses principaux soutiens, est devenu champion du monde de boxe.

Alors que la campagne fait rage, des actes de délinquance se produisent dans la ville. Les pauvres que soutient Jessica se livrent à des actes de terreur et de violence. Se monte ainsi une association citoyenne de défense des citoyens, le pouvoir des innocents, qui va se rendre justice.

On comprend que derrière chaque candidat des pouvoirs sont en action. La mafia pour le maire et pour Jessica, c’est plus flou, plus opaque. Il apparaît que les jeunes qu’elle a soutenus durant toutes ses années mettent en œuvre des actions considérables pour qu’elle remporte l’élection. Jusqu’où sont ils prêts à aller ?

Abracadabrantesque !

Le pouvoir des innocents est une histoire violente avec de très nombreux crimes auxquels se mêlent des moments improbables. Jessica va visiter un hôpital qui accueille des nécessiteux. Elle va rencontrer une jeune fille entre la vie et la mort. Cette dernière va rester durant trois jours à son chevet. On comprend que la volonté de Luc Brunschwig qu’on a déjà lu pour l’esprit de Warren est de dénoncer la presse qui surmédiatise des événements. L’Amérique reste en effet suspendue par ses médias à la vie de la fillette. On se doute que dans une campagne de cette importance, un candidat ne s’arrête pas le temps qu’il faut pour prendre soin d’une enfant.

Les incohérences dans l’histoire sont nombreuses. À la fin du cycle, on en vient à se dire que c’est totalement absurde. Et pourtant, le final est tel, l’intrigue si bien menée, qu’on va rester scotché jusqu’à une grosse surprise.

J’ai envie de dire que se situer aux États-Unis permet aux auteurs de le faire comme dans les films américains. C’est impossible, mais ça passe. L’ensemble donne une bande dessinée que je qualifierai de marquante.

Le pouvoir des innocents cycle II

Comme je l’ai écrit plus haut, le pouvoir des innocents flirte souvent avec l’improbable. Le personnage de Joshua Logan est particulièrement représentatif. Soldat d’élite au Vietnam, il est capturé durant la guerre. Par des méthodes de torture mentale, il est ramené à l’état de « bébé » par les Vietnamiens. Il est recueilli par une jeune femme qu’il épousera et qui sera mêlée au complot visant à faire élire Jessica. L’association le pouvoir des innocents tuera son fils par accident.

Par le fait, la femme de Logan qui en sait trop est retenue par Providence. Logan finit par récupérer par miracle ses capacités intellectuelles, reste la machine à tuer qu’il a toujours été. Guidé par la mafia, il part à la recherche de son épouse dans le manoir de Providence. Quand Providence réalise le suicide collectif pour effacer les traces des crimes qui ont fait gagner Jessica, on trouve les empreintes de Logan. Logan devient alors l’homme le plus détesté au monde. Tueur du champion de boxe aimé de tous et pas moins de cinq cents célébrités. Il décide de se rendre aux autorités. Logan explique le complot que Providence et les anciens pensionnaires de Jessica ont fomenté.

Le fil conducteur est donc ici le procès. À nouveau, des événements totalement improbables vont se produire, mais encore une fois, nous sommes tenus par l’issue du procès. Moins prenant que le premier cycle, mais on prend toujours du plaisir dans la lecture. On remarquera une jolie pirouette sur les événements du 11 septembre 2001 que l’auteur réussit à intégrer dans sa bd.

Cycle III, en même temps et dix ans plus tard

D’après la page Wikipédia, le cycle II et le cycle III sont sortis de façon simultanée. Si le cycle II se déroule six mois après les événements du premier cycle, pour le second, c’est dix ans plus tard. Le titre « les enfants de Jessica » n’est pas anodin. En effet, dans le premier cycle du pouvoir des innocents, la vision de Jessica Ruppert étonne. Empathie, bonté, priorité aux pauvres. Dans le second cycle, un gouverneur avec les mêmes idées qu’elle est élu, il deviendra président dans le dernier cycle. Les idées de Jessica ont donc essaimé, un peu trop. Cette dernière est désormais au ministère et cherche à faire passer des réformes en direction des plus pauvres. L’opposition est importante, en effet, l’Amérique connaît une crise économique profonde.

Logan quant à lui reste en prison, un mouvement contre Jessica Ruppert se fait appeler comme lui, en son honneur. Sauf qu’il s’agit d’une manipulation, Logan se contente d’espérer être un jour acquitté pour les crimes qu’il n’a pas commis.

Avec une opposition forte, Jessica Ruppert s’interroge quant à son avenir politique et pour la première fois se met à douter. La série est en cours de production à l’heure actuelle, quatre tomes sont disponibles. Moins d’enjeu sur ce cycle III par rapport au cycle II, la série s’épuise.

Le pouvoir des innocents finit par rentrer dans ces bandes dessinées qu’on suit par habitude, pour arriver jusqu’à l’épilogue. Si le premier cycle est indispensable, ce n’est pas le cas pour les deux autres.