Petite explication pour ce tueur que j’ai choisi pour couverture, il s’agit de, c’est arrivé près de chez vous avec Benoit Poelvoorde. Culturellement, je pense qu’il faut connaître le film qui a contribué à lancer la carrière de l’acteur. Il s’agit d’un film satirique particulièrement noir tourné à la façon d’un documentaire. Entièrement en noir et blanc, on suit le tueur dans ses différents contrats. Jamais avare en commentaires et en explications, il vous explique la différence entre lester le corps d’un enfant et d’un nain.
La parenthèse ainsi fermée, différentes séries sur les tueurs de la bande dessinée. Ici aussi on verra que le tueur est parfois philosophe sur sa façon d’être ou de faire.
Naja
Naja est une série de Jean-David Morvan, finie en cinq tomes. Je précise souvent quand Morvan est au scénario, car il est souvent l’auteur de séries particulièrement violentes. Naja, est une tueuse professionnelle, elle est la troisième dans une organisation dont elle ne sait rien. Elle sait qu’elle est dirigée par zéro, le chef de l’organisation, elle ne l’a jamais rencontrée. La jeune femme ne ressent pas la douleur, elle la cherche même, au point d’y trouver un plaisir masochiste. Alors qu’elle est une véritable machine à tuer, elle se fait surprendre un soir dans son appartement. L’homme qui parvient à la maîtriser sans trop de difficultés, lui dit que le numéro 1 cherche à la tuer.
La narration est assez extraordinaire, surprenante avec un dessin très épuré proche du manga. Le découpage temporel n’est pas sans faire penser à Pulp Fiction. On va osciller, en effet, entre temps présent, passé de Naja, tueur numéro 1, forcément le numéro 2 et bien sûr ce fameux étranger qui met la pagaille entre les tueurs.
Le travail réalisé sur les personnages est intéressant. Quand numéro 1 est un homme aussi sympathique que Naja est froide, numéro 2 est un psychopathe. Chaque voyage de Naja est l’occasion d’avoir ses commentaires sur le pays et ses habitants qu’elle déteste. Malgré le contexte violent, souvent dramatique, sordide, on se prête à sourire. Excellente bande dessinée à ne pas mettre dans toutes les mains.
Le tueur, la référence
Le tueur est sans aucun doute la référence dans cette catégorie et finalement pas besoin de chercher très loin pour comprendre les raisons du succès. On peut commencer peut-être par le dessin de Jacamon. Moderne, des cadrages audacieux. On passe des cases classiques à la pleine page, des jeux de couleur étonnants, des doubles planches, des découpages assez atypiques, Jacamon maîtrise son art. Les décors, les personnages, les animaux, rien à dire, c’est très bon.
Le personnage créé par Matz est pour le moins atypique. Le tueur est finalement un peu monsieur tout le monde. Pas de morale, il fait ça pour l’argent. Il n’est pas sadique, ne prend pas de plaisir, c’est un métier dans lequel il est doué et y voit des avantages. Nous partageons, comme dans Naja, les pensées profondes du tueur sur la société, sur le monde et l’histoire de l’homme. Matz en profite pour faire passer son message, parfois un peu trop, je trouve que la moralisation est omniprésente. En effet, dans Naja, on était davantage dans la caricature, ici, on sent vraiment que l’auteur veut nous faire partager son ressenti.
De la politique, de la drogue et des flingues.
La série principale est décomposée en trois cycles. Dans le premier, on pose les personnages. On essaie de piéger le tueur, et il cherche à comprendre pourquoi. On le verra s’attacher à une femme, se lier d’amitié avec Mariano d’un cartel du Venezuela, créer une famille en quelque sortes. Dans le second cycle, après une retraite qu’il pensait bien méritée, le tueur reprend du service. Malheureusement, il va se rendre compte qu’il a participé à son insu à une opération visant à déstabiliser le Venezuela. Il se retrouve coincé entre les politiciens de Cuba et des États-Unis pour une grosse histoire de pétrole. Il s’agira encore de sauver sa peau et d’avoir l’immunité pour les crimes qu’il a commis. On pense un peu à la série the shield.
Dans la dernière partie, le tueur et Mariano sont rangés, ils ont fait fortune dans le pétrole. Le second a toujours eu des ambitions politiques et se lance en carrière. Il y a par contre quelques opposants à éliminer …
Affaire d’état, le tueur du pauvre
S’il s’agit d’un changement de nom avec ce « affaires d’État » qui apparaît, nous sommes bien dans la suite. Dans les grandes lignes, à la fin du tome 13, le tueur n’a d’autre choix que de devenir mercenaire pour la DGSE. On le retrouve ainsi dans les bureaux d’une petite ville de province, en tant que salarié d’une société d’import export, une couverture. Bien évidemment, on ne vous épargnera aucun laïus sur le monde du travail, la médiocrité de la vie des gens et les petites aspirations.
Dans cette ville de province, un trafic d’armes, un maire corrompu qui pourrait devenir ministre, voici la situation que doit régler le tueur. Alors forcément, quand on a un personnage qui a fait tous les pays du monde à sniper les puissants, à devenir patron d’une entreprise pétrolifère, côtoyer les narcos trafiquants, ça fait pauvre. Pauvre au niveau de l’histoire, c’est le contexte qui l’impose, mais aussi au niveau du dessin. Jacamon a perdu toute forme d’inspiration, c’est propre, mais ce n’est plus la surprise à chaque page.
Les fans de la série s’y retrouveront bien sûr, pour les autres, on peut s’arrêter à l’aventure principale.
L’esprit de Warren
Le pitch de l’esprit de Warren est particulièrement complexe à faire, parce que l’histoire est assez dingue. Il s’agit d’une bande dessinée finie en quatre tomes, qui porte particulièrement bien son nom, l’esprit de Warren. Le premier Warren est un illuminé qui finit par se faire accepter par une peuplade d’Indiens. Je ne spoilerai pas plus, mais certains événements l’amènent à une condamnation à mort. On va convaincre son enfant qu’il est en fait la réincarnation de Warren et qu’il doit impérativement tuer l’intégralité des individus qui ont condamné son père.
Seulement la machine à tuer va finir par échapper aux créateurs. Une bande dessinée particulièrement originale et bien menée qui nous montre un tueur vraiment pas comme les autres. Pas forcément évident de rentrer dans la bande dessinée, mais si on s’accroche, c’est un récit vraiment passionnant.
Gun crazy
C’est l’histoire de plusieurs personnages dont les chemins vont se croiser. Ils ont tous la caractéristique de se prendre pour des superhéros, sauf que ce sont des psychopathes. Super White Man le tueur raciste, suprémaciste blanc et éjaculateur précoce. Les deux filles qui massacrent les racistes dans les restos routes, ou encore cet homme qui tue les prêtres pédophiles en les faisant exploser avec un bâton de dynamite dans le rectum. Enfin un policier qui a dressé son chien pour manger de la chair humaine. Ils vont tous se retrouver à Vegas pour des motivations différentes.
Comme on peut l’imaginer, la bande dessinée est particulièrement violente, mais pas seulement. Les auteurs annoncent que la bande dessinée est un hommage à l’âge d’or du cinéma jusque dans les années 80, et c’est effectivement le cas. Ils ont même poussé le concept à faire des coupures publicités avec les traces des VHS de l’époque. On notera aussi les couleurs criardes qu’on retrouvait dans les bandes dessinées des années 70, 80. Tout dans l’exagération et dans la démesure, un grand délire très efficace.
Otaku Blue, le tueur à la façon manga
Otaku Blue est un diptyque assez intéressant écrit par Richard Marazano. C’est un auteur français, mais qui a décidé de faire un thriller façon manga. Les gens qui ont l’habitude de son œuvre toujours très psychologique, on pense au complexe du chimpanzé par exemple, retrouveront son style. Asami est une étudiante en sociologie, elle fait une thèse sur les Otakus. À Tokyo, au même moment, on retrouve des cadavres de femmes à qui l’on a retiré une partie du corps.
Les recherches d’Asami la poussent vers Buntaro qui serait l’otaku ultime. Pas besoin d’avoir fait un master en criminologie, pour savoir qu’elle se rapproche du tueur mystérieux. Si la bande dessinée est classique, le traitement version manga par des européens est assez intéressant et original.
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