Le monde de demain, c’est le titre qui a fait connaître le groupe NTM au grand public. Je vous mets le clip en dessous. Le rap vieillit de façon générale plutôt mal, je trouve que la chanson n’a pas pris une ride. Tout y est. L’introduction bien sûr basée sur « T » Stands For Trouble de Marvin Gay, et le texte, le monde de demain Quoi qu’il advienne nous appartient, qui dénonçait il y a trente ans les problèmes de la jeunesse des banlieues.
Ce n’est pas la première fois qu’on l’évoque puisque j’avais parlé du film suprêmes dans un article. Ce qui fait qu’en moins de deux ans, on a droit à un biopic au cinéma et une série en six épisodes sur le groupe. Sauf qu’il y a tout de même un fond de publicité mensongère avec la série de Arte.
Le monde de demain n’est pas l’histoire de NTM
Contrairement au film qui est accès autour du groupe, ici, c’est différent. On va bien évidemment suivre les aventures de ceux qui deviendront Kool Shen et JoeyStarr mais aussi Lady V et Dee Nasty. Ils se partagent donc l’affiche dans cette série sur six épisodes. En ce qui concerne Kool Shen et JoeyStarr, on retrouve une histoire globalement similaire à celle du film. Dee Nasty qui découvre le Hip Hop aux États-Unis, et Lady V jeune femme qui recherche son père et qui devient grapheuse.
Nous ne sommes absolument pas sur le même rythme que le film qui montre l’ascension du groupe. Ici, on s’attarde réellement sur la fin des années 80, un peu trop. J’entends ici qu’on a compris que la reconstitution était importante. Quand Dee Nasty prend une bouteille de Banga qui n’existe plus en France aujourd’hui, la caméra traine longtemps sur le comptoir comme pour dire : regardez, on buvait du Banga dans les années 80. Il est évident que le rythme série laisse davantage de temps, puisqu’on est aux environs de cinq heures, soit quasiment trois fois plus que pour le film. Et ça se sent. On prend son temps, on s’attarde sur les histoires d’amour, sur la vie de l’époque. Le sous-titre regarde ta jeunesse dans les yeux est juste, mais ne correspond pas aux paroles de la chanson.
On regarde une jeunesse de l’époque, mais pas la jeunesse qui allait enflammer les banlieues. C’est une France artistique, qui cherche la gloire, pas une France qui ne supporte plus de vivre dans des barres d’immeuble. La dimension politique est pour ma part trop peu présente.
JoeyStarr n’a pas aimé, moi non plus
Dans une interview, JoeyStarr n’est pas rentré dans les détails, dommage, mais voici ce qu’il a pu dire : « Ca joue pas sur la bonne note. Je ne dis pas que les réalisateurs sont incompétents, loin de là. Mais moi, ça ne me parle pas parce que je trouve ça à côté de ce qui se passait vraiment« . « Je ne suis pas contenté par ce que je vois« .
Quelle part de réalité, quelle part de fiction, difficile à dire. D’autant plus difficile à dire qu’il y a des événements très intimes dans la série. J’ai vu passer des vidéos dans lesquelles ce même JoeyStarr intervenait sur le plateau, il y a eu d’autres consultants. On peut donc considérer que la série accroche quand même à la réalité. Néanmoins, cette réalité qui nous est présentée c’est vraiment une tranche de vie dans la fin des années 80 plus que l’ascension du plus grand groupe de RAP français. Ça traîne en longueur et de nombreuses parties n’apportent rien. Par exemple, JoeyStarr qui fait son service militaire cautionne ce que j’explique, une volonté de nous présenter une France que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Alors effectivement la culture Hip Hop est abordée. Le RAP français en lui-même n’apparaît réellement qu’en fin de l’épisode 4 avec une prestation d’Assassin. D’un coup, on découvre que nos protagonistes sont passés à la chanson. La transition après avoir fait de la danse et du graphe est inexistante. Dans le film, on insistait sur la difficulté d’écriture, ici, c’est magique.
Ainsi, comme JoeyStarr si effectivement, il y a un véritable travail de fond, que la série a beaucoup de qualités, ça ne me parle pas non plus. Et c’est quelque part problématique, car je fais partie du cœur de cible. J’étais entre l’enfance et l’adolescence dans ces années. À aucun moment, je n’ai eu de nostalgie. Ce qui manque pour moi de façon évidente, c’est le RAP français tout simplement, pas assez présent dans la série.