Nous avons déjà vu sur le site que les romains étaient largement mis en avant dans la bande dessinée. Curieusement moins les Grecs. S’il fallait trouver une raison, peut-être que le passé de conquérant des Grecs est moins fort, moins violent. Il serait ainsi moins propice à raconter des histoires de bataille et de pouvoir. Pourtant, souvenons-nous que la mythologie romaine a été entièrement récupérée chez les Grecs ce qui laisse la place à de belles histoires. À noter la série écrite par l’ancien ministre Luc Ferry sur la mythologie grecque : La Sagesse des mythes.

Golias

Dans un royaume, un roi peine à avoir un enfant, ce qui fait bien les affaires de son frère. Ce dernier se voit en effet sur le trône. Et pourtant, avec la bénédiction d’Artémis naîtra Golias. Golias en grandissant devient un jeune homme fort qui sera de façon évidente l’héritier du royaume. L’oncle finit par empoisonner son frère voyant que ses espoirs de pouvoir sont vains. Il profite de l’opportunité d’envoyer Golias à la recherche de la fleur de Chronos, elle seule pouvant sauver son père. Le genre de quête dont on ne revient pas vivant.

Le Tendre et Lereculey nous produisent une histoire assez originale. En effet, on a la plupart du temps, les récits des héros : Héraclès, Thésée, Ulysse et les autres. Ici les auteurs nous livrent une histoire totalement inédite en reprenant toutefois des éléments qu’on connait bien chez les Grecs. Les sirènes, pégase, les chiens de l’enfer, les centaures.

De la même manière, l’équipée n’est pas classique. En effet, d’habitude dans la bande dessinée, on a une tripotée de héros plus costauds les uns que les autres. Si Golias et son meilleur ami rentrent dans les codes, la sœur de Golias et le tuteur de Golias, un vieillard, c’est différent. Le dessin est à la hauteur du récit avec un intéressant changement de style dans le troisième tome quand la sorcière raconte son histoire. L’ensemble est réussi, totalement décomplexé pour un récit qui n’a rien à envier aux autres héros de la mythologie.

Les derniers argonautes

Originalité en créant des héros qui n’ont pas existé, mais aussi originalité avec des héros retraités. C’est le cas avec les derniers argonautes. Les dieux ont disparu du monde des Grecs, ils ne répondent plus aux prières, aux sacrifices. Un jour pourtant, un oracle fait une dernière prédiction. Pour retrouver les Dieux, il sera nécessaire de retrouver l’orbe du monde qui a été volé. Un seul homme sera capable de commander le bateau, Jason, celui qui conquit la toison d’or.

Pour partir à la recherche de Jason, un infirme fils de roi, une Amazone, un poète, une sorcière et un satyre. Une drôle d’équipe qui va trouver un Jason âgé, qui n’est que l’ombre de lui-même. On se doute bien que ce dernier finira par les guider dans leur quête.

Trois tomes pour une superbe aventure. Un dessin magnifique, une histoire qui tient la route et qui tient le lecteur en haleine.

Atalante

Atalante est un cas de bande dessinée intéressant qui illustre une des problématiques de la bande dessinée franco-belge. L’histoire d’Atalante, c’est l’histoire de Jason et des Argonautes vue par Atalante. Il s’agit d’une jeune femme abandonnée à la naissance, son père qui attendait un garçon décide de la tuer. Elle est sous la protection de trois déesses et forcément l’ennemie d’Héra. Atalante s’engage à bord de l’Argos en compagnie des autres héros grecs. Alors qu’Atalante dans l’histoire originale n’est qu’un personnage parmi d’autres, on découvre que sans elle rien n’aurait pu se faire.

Il s’agit d’une bande dessinée originalement scénarisée et dessinée par Crisse qu’on a déjà croisé dans l’épée de cristal. Il avait, à l’époque, marqué son entrée dans la bande dessinée avec un dessin rond et remarquable. Malheureusement, au bout de quelques albums, Crisse abandonne le dessin au profit de Grey. Malgré tout le respect qu’on doit aux artistes, le trait n’est pas comparable et très en dessous de celui de Crisse. L’histoire en elle-même tient la route puisqu’elle colle dans les grandes lignes à la mythologie grecque. Pourtant, au fil des tomes, les albums sont de moins en moins intéressants à lire. Un premier cycle s’achève au bout de dix tomes et on prend conscience que les gens ont continué à acheter par habitude.

La poule aux œufs d’or

Atalante comme d’autres bandes dessinées, a remporté un fort succès commercial. Peu d’auteurs vivent de leur art, si bien qu’on a tendance à parfois profiter de l’opportunité pour faire traîner en longueur ou proposer des spin off autour de leur univers. C’est le cas avec Atalante l’Odyssée qui raconte la jeunesse de l’héroïne.

Atalante a tout de même le mérite de faire le récit de la toison d’or malgré quelques libertés comme l’apparition de Cthulhu. Cela forcera le lecteur à se plonger dans le mythe pour décortiquer ce qui relève de la véritable histoire des ajouts de Crisse.

Le feu de Thésée

Tout le monde connaît l’histoire de Thésée, un classique de la mythologie grecque. Thésée, fils d’Égée qui vainquit le minotaure après avoir traversé le labyrinthe de Dédale. Et si finalement tout ceci était faux ? Et Thésée était une femme.

Le feu de Thésée revisite complètement l’histoire de façon particulièrement radicale. Thésée est donc la fille rejetée d’Égée puisqu’elle n’est pas un garçon. Sa mère la marie de force à un homme, elle finira par devenir prostituée, gladiatrice, bandit. Capturée par les armées de son père qui ne la reconnaît pas, elle est envoyée sur l’île du roi Minos afin d’être dévorée par le monstre moitié homme moitié taureau.

Moins de 120 pages pour aller à l’essentiel, la lecture est très agréable. Il faudra toutefois avoir une connaissance du mythe pour réellement l’apprécier. Par exemple, Thésée dans l’histoire séduit Ariane. Qu’en sera-t-il ici ? Quid du minotaure ? À vous de lire le feu de Thésée pour répondre à toutes ces questions.