D’après Wikipédia, le cinéma fantastique est un genre cinématographique regroupant des films faisant appel au surnaturel, à l’horreur, à l’insolite ou aux monstres. On pourrait donc faire rentrer la SF dans le style, néanmoins j’ai tendance à penser que c’est en lien avec les extra-terrestres, l’espace ou le futur.
Seuls
Il est impossible de faire le pitch de seuls sans spoiler, en tout cas à partir du tome 5. C’est en effet à partir de cet épisode où l’on comprendra mieux la série. Elle redémarrera sur de nouveaux mystères, de nouvelles intrigues. Seuls est à la fois une bande dessinée fantastique mais qui s’adresse aussi à la jeunesse, elle a été d’ailleurs primée deux fois.
Un premier cycle qui se démarque des autres
Des enfants se réveillent un matin, ils réalisent qu’ils sont seuls dans leur ville. Il n’y a plus d’adultes, il ne reste que des enfants et encore pas tous les enfants. Ils ont pour seul souvenir celui de s’être endormis la veille. Après un temps d’exploration, la survie s’organise, lorsqu’ils réalisent qu’ils sont seuls dans la ville, ils décident d’explorer le monde. Ils trouveront bien sûr d’autres enfants. On va rentrer alors dans les classiques schémas de concurrence, de domination qu’on voit dans toutes les présentations de sociétés qui se reconstruisent. Pendant qu’ils gèrent leurs difficultés avec l’autre clan, des phénomènes fantastiques se multiplient au point d’essayer d’absorber la ville.
Une suite plus convenue
S’ouvre alors les cycles suivants où spoil oblige, les enfants comprennent qu’ils sont morts. Ils découvrent des enfants qui sont présents depuis des centaines d’années, en provenance de toutes les époques. Ici encore les enfants sont triés par famille, avec des castes, de 1 à 15. Une distinction est réalisée entre familles du mal et familles du bien, un affrontement va bientôt avoir lieu.
La série compte actuellement 13 tomes et elle est prévue pour en faire 22. C’est une série qui a très bien fonctionné jusqu’à une adoption au cinéma plutôt médiocre. Dans seuls, on trouve tous les clichés des sociétés, des affrontements, la bande dessinée multiplie les emprunts, notamment au cinéma ou dans les séries télés. Elle aborde aussi, avec plus de sérieux, la violence, une volonté des auteurs jugeant que peu de bandes dessinées traitaient de ces thématiques pour les jeunes.
Le dessin de Gazzoti s’adapte parfaitement. Un trait simple et enfantin mais pourtant de larges scènes de violence. On meurt souvent dans seuls, on se fait mutiler, découper et même torturer. La bande dessinée est agréable même si je trouve que certains tomes sont loin d’être indispensables et ne font pas avancer l’histoire. Il reste encore de nombreux secrets à livrer et l’attente risque d’être longue. La bande dessinée a démarré en 2006 à raisons d’environ un tome par an. Les ados qui ont commencé la série seront devenus des adultes.
Double gauche
Dustin est un enfant à part, il possède deux mains gauches. Marqué par un début difficile, par la mort de ses parents, une éducation à la dure par ses tuteurs, les moqueries de ses camarades, il finit par s’évader. Une fée lui explique que cette main qu’il vit comme une malédiction est au contraire magique. Dans un état de stress, Dustin est capable de transformer les choses ou les êtres en bois. Il devient alors la convoitise de nombreuses personnes mal intentionnées. Propriétaire d’un cirque qui en fait une bête de foire, criminelle qui s’imagine qu’il croit qu’il peut transformer les objets en or.
La bande dessinée est finie et en trois tomes. On va suivre Dustin de l’enfance à l’âge adulte. D’enfant manipulé, il deviendra un homme dur, aussi mauvais que les gens qui lui ont fait du mal. Scénario toujours très sombre de Corbeyran, scénariste très prolifique de la bande dessinée franco-belge, Formosa propose un dessin intéressant, proche du comics. Le choix du fantastique dans la bd est intéressant. Tout est finalement possible si bien qu’on va de surprises en surprises comme l’indique la couverture ci-dessous.
La licorne
La licorne est certainement l’une des bandes dessinées fantastiques les plus originales et les plus travaillées que j’ai pu lire. La barre a été mise particulièrement haute par Gabella qui livre un ouvrage complet et complexe. L’histoire se déroule au XVI° siècle, des médecins reçoivent des tapisseries de la licorne. Ces tapisseries deviennent un enjeu qui oppose les scientifiques aux religieux, chaque tapisserie contenant un secret que doit déchiffrer les médecins.
Il apparaît que l’homme tel qu’on le connaît a été modifié. Compte tenu du contexte de l’époque, on ne peut pas parler de génétique. C’est pourtant ce qu’on comprend entre les lignes. Au milieu de cette guerre entre le clergé et les médecins, les primordiaux. Il s’agit d’être fantastiques qui correspondraient au bestiaire légendaire de la mythologie : dragon, phénix, sirène. Ils sont alliés aux deux camps et participent à la guerre. Durant cette série complexe et finie, on suivra les clans s’affronter avec comme objet de quête, la licorne, seule à pouvoir lutter contre la transformation de l’homme.
L’histoire est assez compliquée à lire et il faut le faire avec patience, revenir en arrière parfois. En effet, Gabella réussit la performance d’allier toutes ses passions dans ces quatre tomes magnifiquement illustrés par Jean. La médecine, l’art, la mythologie, les planches à la fin de chaque album nous montrent l’énorme travail de recherche qu’ont réalisé les auteurs. La licorne ne plaira certainement pas à tout le monde, j’ai pour ma part dû m’y remettre à deux fois pour finir, sans regret.
Les lumières de l’Amalou un univers fantastique différent
Il s’agit d’une bande dessinée qui tient à la fois du fantastique mais aussi de l’anthropomorphisme. De nos jours, deux furets s’écrasent sur une île du fleuve l’Amalou. Ils découvrent des congénères mais aussi des transparents. Des hommes et des femmes de petites tailles, qui disparaissent en l’absence de lumière. Les deux peuplades cohabitent très mal et un événement les pousse à quitter l’île pour arriver dans la ville des deux aviateurs. Ils vivent dans une partie d’un village abandonné, à l’abri des humains.
Bien évidemment, le village n’était pas prêt à accueillir les deux peuplades et les querelles d’autrefois deviennent encore plus violentes qu’auparavant. Sauf que ce qu’ils ne savent pas, c’est que leur guerre a une conséquence directe sur deux enfants dont le comportement dépend directement de l’entente entre les deux peuples. Et lorsque c’est le désamour total, les deux enfants deviennent de dangereux psychopathes.
Je ne détaille qu’une partie de l’univers fantastique de Gibelin. Il s’agit en effet d’une bande dessinée particulièrement riche et originale. Nous sommes très loin des classiques nains, elfes ou même des zombis. Le dessin de Claire Wendling s’améliore tome après tome pour un final magnifique. Il s’agit d’une dessinatrice particulièrement rare de la bande dessinée franco-belge et sa seule série complète. Les lumières de l’Amalou est une bande dessinée fantastique qui change radicalement de ce qu’on peut lire, je vous la conseille vivement.