Le certificat de formation générale ou CFG est un diplôme de fin de collège pour des élèves de 3e SEGPA. Dans cette simple phrase, il y a beaucoup d’explications à donner.

Quelle différence entre le DNB PRO et général ?

Nous enseignons avec Benjamin en troisième de l’enseignement agricole. Ces classes trouvent leur équivalence dans l’éducation nationale avec les troisièmes professionnelles. La spécificité de l’enseignement agricole, c’est d’accueillir les élèves dès la quatrième, ce que ne fait pas l’éducation nationale. On notera d’ailleurs l’incohérence purement financière, le cycle 4 commence à la cinquième, nous devrions commencer à la cinquième. Cette mise à la norme entraînerait des ouvertures de classe dans tous les établissements agricoles, on sait qu’en France, on préfère mieux fermer qu’ouvrir.

D’un point de vue référentiel et compétences, c’est globalement pareil. Le référentiel de mathématique de 3e PRO est le même que pour le général, c’est le niveau qui est un cran en dessous. La finalité reste toutefois la même, l’élève finit l’année scolaire avec le DNB, Diplôme National du Brevet. Qu’il soit général ou PRO, le diplôme est totalement équivalent.

Un élève vient en quatrième de l’enseignement agricole puis en troisième pour avoir un enseignement plus pratique. Il s’oriente ensuite vers un CAP ou un BAC PRO, il a d’ailleurs une bonification pour ce choix par rapport à un élève de générale.

CFG et DNB

Pourquoi passer le CFG et pas le DNB ?

On comprend que le DNB PRO est plus facile que le général. Nous accueillons souvent des élèves qui n’arrivent pas à suivre dans l’éducation nationale et qui s’épanouissent chez nous. Pendant quinze ans, j’ai vu opérer la magie de l’enseignement agricole, des élèves cassés par le système qui revivent.

Il apparaît depuis quelques années que cette magie n’opère plus vraiment. Le niveau demandé par le DNB Professionnel est trop compliqué pour certains de nos élèves. Cette complexité est à préciser. Si pour certains élèves, c’est réellement un problème intellectuel, car nous incluons des enfants avec parfois de lourds handicaps, pour d’autres, c’est un simple manque de travail.

Le manque de travail s’est accentué avec la crise COVID. Il s’agit d’un poncif, par contre, ce n’est pas apparu avec la COVID. C’est une dégradation que nous constatons depuis des années. L’explication est simple, il n’y a pas d’exigence, pas de moyen de pression sur les enfants. Les parents sont démissionnaires ou dépassés. À une époque, j’aurais été critique, si certains comportements parentaux sont discutables, réussir à faire travailler un ado de 15 ans qui ne veut rien faire tient du miracle.

Nous assistons donc à des « suicides » de scolarité. Des élèves qui rendent copie blanche, qui n’essaient pas. On observe de plus en plus régulièrement des enfants à 6 ou 7 de moyenne générale sur l’ensemble de l’année scolaire. Non seulement, c’est mission impossible pour l’obtention du DNB PRO, mais c’est problématique pour l’orientation. N’oublions pas qu’en fin de troisième, c’est un mini parcoursup qui se joue. Les meilleurs élèves sont pris dans le CAP ou le BAC PRO de leur choix. Il n’y a pas de place pour tout le monde.

Ainsi, le CFG prend son sens avec un diplôme accessible

Quelles sont les modalités du CFG ?

Pour un élève de l’éducation nationale qui passerait le CFG en étant dans le général, l’élève doit passer des épreuves écrites et un oral. Du fait d’avoir des élèves dans l’enseignement agricole, ils ne présentent que l’oral sur 160 points. Une partie contrôle continu porte sur les compétences de fin de cycle 3 sur 240 points. Les élèves sont donc évalués sur des compétences de sixième.

En mathématiques et en français, évaluer les élèves n’est pas bien compliqué. Comme il existe des évaluations de CFG officielle, il suffit d’aller piocher dans des annales. Pour les autres matières, il faut évaluer l’enfant en fonction du référentiel de cycle 3.

L’oral de 20 minutes en lui-même porte sur les trois points suivants. L’élève doit présenter son oral avec un dossier de cinq à dix pages qu’il a réalisé durant l’année.

  • Une présentation de l’élève assez poussée et originale. On y parle de ses forces, de ses faiblesses, de lui. Je trouve que c’est intéressant comme exercice car il ne se limite pas à la présentation de ce qu’on fait mais aussi de qui on est.
  • La présentation des différents lieux de stage et des activités réalisées.
  • La poursuite d’étude.

Enfin, le candidat répond à des questions du jury, deux personnes d’un autre établissement. Une partie « culture générale » est posée par le jury après les questions sur le dossier. Par exemple, le jury présent dans notre établissement a demandé quelles étaient les élections qui se déroulaient au moment de l’examen, il s’agissait des législatives. Des questions sur le travail peuvent être posées mais aussi sur l’alimentation.

Comment s’est passée cette première année de CFG ?

Nous avons pris le CFG avec mes collègues comme on a pu. En effet, notre direction nous a dit, on y va, et nous y sommes allés. Nous avons eu des difficultés à trouver des renseignements et c’est toute la difficulté d’être dans des établissements agricoles et de faire passer des diplômes de l’éducation nationale. À chaque fois qu’on appelle le rectorat, on passe vraiment pour des paysans. Nous ne sommes au courant de rien et n’avons pas d’identifiants usuels.

On trouve sur la toile des blogs de professeurs très engagés mais ce n’est pas forcément ce qui nous intéresse. En effet, la particularité c’est que nos élèves ne sont pas en SEGPA et que ces enseignants travaillent en SEGPA. Il s’agit d’un esprit totalement différent. Nos élèves sont en troisième de l’enseignement agricole avec le programme de l’enseignement agricole mais passent un examen différent. C’est un véritable problème pour nous, et pour au moins trois points.

  • Alors que les élèves ne seront pas évalués au DNB même s’ils peuvent passer les deux, nous devons faire le programme de l’enseignement agricole qui vise à passer le DNB. Demain si je fais du cycle 3 en maths dans ma classe, mon inspecteur me dira que je ne fais pas mon travail et il aura raison.
  • Ainsi, nous sommes forcés à certains moments de différencier le travail. C’est donc une charge lourde pour nous sachant que le public de troisième de l’enseignement agricole n’est pas des plus simples.

Le dernier point se résume dans l’affiche précédente. Lorsque nous avons annoncé que c’était l’examen de SEGPA, nous avons rencontré des problèmes avec nos élèves, tous nos élèves. Ceux qui passaient l’examen ont eu une grosse chute d’estime personnelle, les autres se sont ouvertement moqués d’eux.

Sur les sites des enseignants, on évoque beaucoup de « positivisme » comme si c’était mal de travailler en SEGPA. Je sais que ce n’est pas le message que ces enseignants veulent diffuser mais c’est ce qui pourtant transpire. J’entends ici qu’un élève reste un élève, avec ses problématiques. Notre rôle c’est de trouver des solutions, parfois c’est plus compliqué.

Conclusion

L’épilogue reste très positif. Nous avons fait du 100% pour les élèves que nous avons présentés. Des enfants qui au départ étaient plutôt malheureux de passer cet examen avaient finalement la satisfaction d’avoir réussi un diplôme mais aussi d’avoir l’ASSR2 et PIX. Ils étaient de la même manière contents de finir l’année plus tôt et de ne pas avoir la pression des examens écrits.

Dire que nous avons fait le travail à l’arrache est un euphémisme, même si nous avons atteint l’objectif, la réussite des enfants. Nous remettons bien sûr cela l’an prochain. Néanmoins, ne nous mentons pas. Il ne s’agit que d’un palliatif à une situation alarmante. La part d’élève qui n’y arrive plus à l’école pour une raison ou pour une autre est de plus en plus importante.

En pièce jointe, une synthèse pour différencier le CFG du DNB à l’examen, c’est un document que nous allons donner aux familles et aux élèves.