La notion de paradoxe temporel est assez vaste et souvent utilisée en bande dessinée ou au cinéma. En effet, avec l’idée de la machine à remonter le temps, vient quelques idées sous-jacentes. La première, c’est changer le passé comme on l’a dans les films retour vers le futur. La seconde, c’est de rencontrer son moi de l’époque. Bien évidemment, tout ceci entraîne un paradoxe temporel avec des boucles plus ou moins étranges.
Je vous propose une sélection d’œuvres en lien avec le « moi » du passé et du futur.
The Adam Project, le paradoxe temporel basique.
The Adam Project est un film avec Ryan Reynolds, si j’étais mauvaise langue, je dirais qu’on peut difficilement faire plus basique comme acteur. Ryan Reynolds est pilote en 2050, son appareil est un peu particulier. Il vole son avion pour faire un bon dans le passé. Sa compagne a disparu dans une mission et il va atterrir en 2022 à sa recherche. Blessé, il se réfugie dans la maison familiale et va rencontrer son moi gamin juste après la mort de son père, Mark Ruffalo.
Le tandem fonctionne parfaitement et c’est pourtant assez rare, car les enfants sont souvent détestables dans les films, on pense par exemple au Star Wars avec Anakin enfant. Il se trouve que le Ryan Reynolds enfant est détestable, mais que le Ryan Reynolds adulte ne lui fait pas de cadeau, ce qui est un positionnement original et drôle. Les dialogues et les situations sont souvent très drôles et exploitent bien sûr notre fameux paradoxe temporel.
Le film est très dynamique et pour une production Netflix, les effets spéciaux sont réussis. L’une des critiques que je fais régulièrement à Netflix, c’est le côté souvent pauvre. The Adam Project a tout d’une grosse production, le scénario, le budget. On notera un passage assez amusant où l’enfant s’interroge sur le paradoxe temporel qu’ils sont en train de générer ou les références au film du genre.
La force du film est d’utiliser les codes habituels, mais de savoir aussi les casser pour une production réussie.
Quand je serai petit et quelqu’un à qui parler.
Je mets les deux œuvres sur un « pied d’égalité », car j’ai trouvé de grosses similitudes. On sort ici du cadre du voyage temporel direct, pour une vision plus subtile.
Quand je serai petit
Dans quand je serai petit, Jean-Paul Rouve est un architecte, marié, une fille, une vie réussie. Lors d’une croisière, il voit un enfant, il est persuadé que cet enfant, c’est lui. Il en est tellement bouleversé qu’il va mener l’enquête et le retrouver, se retrouver. Plus que l’enfant, c’est son père mort trop tôt qu’il cherche à retrouver, joué par Benoît Poelvoorde. Il va ainsi s’immiscer dans cette famille qui n’est autre que la sienne avec les problèmes que cela pose dans sa propre vie.
Bien sûr, nous ne sommes pas ici dans un véritable paradoxe temporel, puisque ici l’enfant et l’homme vivent à la même époque. Mais il y a tout de même de façon évidente une petite faille temporelle dans cette histoire. Un film tendre sur les non-dits, sur les ratés, sur les gens qui meurent à qui on n’a pas tout dit. Un film très bien joué, juste malgré son étrangeté.
Quelqu’un à qui parler
Le pitch de quelqu’un à qui parler a quelques similitudes, il s’agit cette fois d’une bande dessinée. Samuel est un homme seul. Le jour de son anniversaire, après avoir noyé son téléphone portable, dans un moment de solitude extrême, il appelle le seul numéro de téléphone qu’il connaît, celui de son domicile quand il était jeune. Un enfant répond, c’est lui.
Samuel a tout du profil du looser et forcément son moi enfant est particulièrement déçu de l’adulte qu’il est devenu. Trente-cinq ans, pas de femme, seul, il n’a que pour amis un vieux couple de voisins. Alors qu’il devait devenir footballeur ou écrivain, il réalise des publicités pour une société qui fabrique des produits pour les chiens.
Dans quand je serai petit, il n’y a pas la notion de paradoxe temporel., ce n’est pas le cas ici. Samuel s’inquiète en effet de changer l’avenir de son moi enfant en lui faisant des révélations. Cette notion n’apparaît pas dans le film dans lequel l’enfant ne sait pas à qui il a réellement affaire. Et c’est ici que je trouve que la bande dessinée est originale. Il ne va pas changer la vie de lui enfant pour un meilleur futur, c’est l’enfant qu’il était qui va le remuer pour changer la sienne actuelle.
Gregory Panaccione nous offre une bande dessinée magnifique dans laquelle il est capable de varier son dessin dans différents styles. Couleur, forme, l’homme dévoile un talent assez impressionnant, ce qui donne une dynamique à la bande dessinée assez étonnante au gré de son trait. L’histoire quant à elle est très belle et nous invite à tenir nos promesses à l’enfant qu’on était.
Looper
Cela fait maintenant plus d’une quinzaine d’années, je pense que Bruce Willis enchaîne les navets avec des films qui sortent directement en DVD / VOD. Au milieu de cette masse de films totalement inintéressants, looper. Dans le futur, on a inventé la machine à remonter le temps. Elle a été interdite et ce sont les mafias les plus riches qui l’utilisent. Comme on peut s’en douter, l’utilisation qui est faite n’a rien de légal.
Il s’agit d’envoyer des gens qu’on veut faire disparaître dans le passé pour les abattre. En effet, les méthodes du futur sont tellement sophistiquées qu’il est impossible d’assassiner quelqu’un sans le savoir. Joseph Gordon-Levitt est un looper, il est un de ces tueurs du passé. Il se contente d’être au bon endroit au bon moment pour réceptionner la personne qu’il doit exécuter. La contrepartie dans leur métier, c’est de savoir qu’ils finissent par mourir à une date précise. L’ironie du sort, c’est qu’ils bouclent eux-mêmes leur propre boucle en tuant leur « eux » du futur.
Il apparaît que dans le futur, un patron mafieux commence à faire régner la terreur et boucle toutes les boucles. Tous les loopers finissent par mourir. Joseph Gordon-Levitt va devoir tuer Bruce Willis son lui du futur, sauf que cela ne se passe pas comme prévu.
Looper est un film très noir et remarquablement joué par Joseph Gordon-Levitt qui adopte les mimiques de Bruce Willis de façon très convaincante. L’idée des deux hommes à différentes parties de leur histoire qui s’affrontent est très bien faite. Dommage que Willis n’a pas participé à davantage de productions de ce type.
petite faute : footballer au lieu de footballeur, non ?
merci
Looper est très sympa comme film effectivement.
The Adam Project j’ai moins aimé.
l’acteur en fait trop je trouve.