Un nouvel épisode de légendes et contes. Au programme des sirènes, un monde merveilleux, parallèle et fantastique.
Le pacte de la mer
Le pacte de la mer est un manga de 1990 qui se présente en un seul tome chez Pika editions en 2017. Dans un village portuaire du Japon, la légende raconte que les hommes auraient fait un pacte avec les sirènes. En effet, ces dernières amènent le poisson en abondance au village, en contrepartie, on s’occupe d’un œuf, un œuf de sirène. L’objet existe bien et c’est le petit fils de la famille qui a conclu le pacte qui change l’eau dans un petit temple chaque semaine.
Seulement ce n’est qu’une légende et la réalité finit par rattraper le village. Certains trouvent qu’il n’y a rien, que les jeunes finissent par partir. Le père finit par lancer un projet de station balnéaire qui va bien sûr radicalement changer la côte. Le promoteur, un homme ambitieux et déterminé, commence à s’intéresser à cet œuf qui serait bel est bien d’origine fantastique.
Malgré une réalisation dans les années 90 la bande dessinée reste actuelle. Conflit de génération entre les gens qui veulent que rien ne change. Conflit entre les parents, les enfants et les grands-parents sur le respecte des traditions. Le pacte de la mer illustre la volonté de chacun pour un meilleur lendemain. Techniquement, le manga en « a sous la pédale ». Si la grande majorité des scènes restent classiques avec des dialogues, des personnages, et de jolis paysages, lorsque la nature se réveille, on a des scènes spectaculaires.
Le seul reproche qu’on peut faire à cet album, c’est son classicisme, il n’est pas difficile d’imaginer la fin magnifiquement illustrée du manga.
Le grand mort
Pauline est étudiante parisienne, une caricature. Excessive, plaintive, pénible, caractérielle. Une amie lui prête une maison dans une campagne reculée afin de réviser ses partiels. Elle va rencontrer Erwan, un jeune homme simple qui a pourtant une mission très importante. Erwan doit être le témoin d’une cérémonie qui se déroule dans un monde parallèle peuplé d’habitants fantastiques. On n’est pas vraiment dans les légendes, plus dans le fantastique, mais je trouve que l’esprit s’en rapproche.
C’est un rituel important pour les quatre peuplades qui composent cet univers parallèle. Un monde où le temps ne s’écoule pas de la même façon que le nôtre. C’est à l’aide de larmes d’abeille qu’il peut s’y téléporter, d’où le titre du premier album. Comme Pauline se mêle de tout, elle va le suivre et changer la face des mondes, le leur et le nôtre.
Il va se produire quelque chose durant la cérémonie. Pauline va rentrer avant Erwan dans notre monde et quand ce dernier reviendra, il va découvrir que notre terre va mal et partir à sa recherche. On enchaîne les catastrophes naturelles, les maladies, les guerres, alors que la bande dessinée date de 2008, on ne peut qu’y trouver un lien avec notre situation actuelle.
Il n’est pas évident d’en dire plus, ce serait tomber dans le spoil. Le grand mort est une bande dessinée qui en vous entrainant dans cet ailleurs, intrigue, vous transporte. La bande dessinée n’est pas réalisée par Loisel à qui l’on doit la quête de l’oiseau du temps, mais par Mallié avec un dessin très proche, très agréable. L’auteur est coscénariste sur l’album.
Une belle bande dessinée qui aurait mérité d’être plus courte
J’ai suivi le grand mort à la sortie tome après tome sur une durée de douze ans. À l’époque, l’impression générale, c’était la frustration. En effet, la série compte pas moins de huit tomes et force est de constater qu’entre chacun, il ne se passe pas forcément d’événement majeur sauf en fin d’album avec un cliffhanger. On fermait ainsi l’album dans la longue attente du suivant. Je viens de relire la série d’une traite, forcément ça passe mieux. Néanmoins, la fin du monde s’étire, et si la bande dessinée reste prenante, elle reste très classique et en longueur.
Sortilèges
Le pitch de sortilèges n’est pas forcément à faire, même si on serait tenté d’écrire, il était une fois dans un royaume lointain. L’histoire commence dans un royaume lointain avec la mort d’un roi, un bon roi. On comprend que le roi a été assassiné par son épouse qui souhaite faire monter son fils bossu sur le trône. Seulement le roi, avant de mourir, en dernière volonté, fait monter sa fille. Et c’est ici qu’on sort du cadre des légendes classiques. En effet, il y a deux royaumes, le royaume d’en haut et le royaume d’en bas, équivalent au royaume des enfers.
Le prince des enfers va de temps en temps faire un tour dans le royaume d’en haut. C’est lors d’une de ses sorties qu’il s’éprend de la princesse, toute aussi noble et pure que son père. On retrouve avec sortilèges, le trait caractéristique de Munuera, un dessin qui fait penser à Disney. Sortilèges, malgré son histoire qui semble classique, est particulièrement originale. La bande dessinée détonne en effet par la panoplie de personnages tous en lien les uns avec les autres et des événements parfois saugrenus qui peuvent se produire. Par exemple, pendant que le prince d’en bas se promène en haut, sa petite sœur prend le pouvoir. Il s’agit d’une petite fille qui martyrise les démons. Des personnages amusants, souvent ridicules, empruntés aux contes. Une histoire qui nous entraîne on ne sait pas trop où. Un dessin magnifique, sortilèges est une bande dessinée… envoutante !