Humeur : chère visibilité

Une réflexion sur la visibilité des sites internet ou la problématique de 2022 : il faut être connu, pour être connu ou vendre son âme.

Petit retour sur la visibilité sur les réseaux sociaux

Comme je l’ai écrit dans un précédent billet, je suis actuellement avec deux réseaux sociaux : Instagram et Twitter. Je ne cherche pas à faire d’effort de visibilité particulier, pour ainsi dire je ne fais rien pour essayer de me faire connaître. Il n’a jamais été dans ma nature de faire des efforts et force est de constater que dans le cas d’Instagram, les efforts seraient vains. Je n’ai pas les arguments physiques.

Instagram

Explorons Instagram

Mon audience sur Instagram n’est composée que de mes élèves actuels et passés. J’en discutais avec ma fille de 18 ans, utilisatrice confirmée du réseau avec environ 850 followers. Nous constatons globalement que l’on est suivi par les gens que l’on connaît de près ou de loin. Je pense que c’est ainsi pour le commun des mortels. À la différence avec Twitter où vous pouvez être suivi par un effet de retweet, par les thématiques utilisées. Ici, il faut jouer des hashtags ou taper dans un influenceur pour espérer être connu.

Ainsi, si vous voulez percer sur Instagram, vous avez finalement deux possibilités. Être une célébrité. Les gens viennent spontanément s’abonner à votre profil. Être bien fait de votre personne et le mettre en avant. Comme on peut le voir plus haut dans l’exploration, il faut en montrer le plus possible pour avoir des followers. Cela montre ainsi les limites du réseau, l’aspect malsain. On ne s’étonnera pas que la santé des jeunes se dégrade en lien avec les réseaux sociaux dans les premières causes.

Twitter

Sur Twitter, on se rapproche finalement de cet aspect. Ici, on ne se dénude pas pour avoir des followers, mais on est à la recherche du bon mot, ou de la provocation gratuite. N’allez pas chercher bien loin pourquoi Elon Musk a 80 millions de followers. Je vous conseille de regarder le film Arthur Rambo qui est une bonne explication du réseau social. Il s’agit d’un auteur issu de l’immigration qui vient de faire paraître un livre sur sa mère. La critique est unanime, tout le monde le trouve formidable. Et pourtant, un soir, alors qu’il est aux portes de la gloire, tout dérape. Dans sa jeunesse, il avait créé un compte parodique du nom d’Arthur Rambo. Des propos antisémites, provocateurs, une surenchère. On suppose qu’il s’agit de gens de l’extrême droite qui déterre ses tweets pour le salir.

Tout le monde bien sûr le laisse tomber et il doit lutter contre la monumentale « storm shit » dont il est à l’origine. À un moment dans le film, il réalise une vidéo dans laquelle il présente des excuses. En toute sincérité, il reconnaît que plus il tapait sur les juifs, plus les propos étaient polémiques, plus il récoltait des followers.

Le propos du film est juste et invite à la réflexion quant à la compromission qu’on peut réaliser pour avoir toujours plus d’abonnés. Il rappelle aussi que nous sommes tous coupables. Ceux qui postent pour la gloire mais aussi ceux qui encouragent en suivant. On peut appliquer ceci à de nombreuses choses. Si vous trouvez qu’un produit est mauvais, ne l’achetez pas. Si vous trouvez une pratique mauvaise, ne la faites pas.

La visibilité que nous apporte les réseaux sociaux

Je n’ai donc que très peu d’abonnés, entre mon compte Instagram et Twitter, j’arrive à 400 followers. Il faudra rajouter les followers de Benjamin qui en possède davantage entre son compte Twitter, Instagram, et Facebook.

Instagram ne rapporte pour ainsi dire rien ou presque. Il faut dire que le réseau maintient les utilisateurs à l’intérieur, très difficile d’en sortir. Voici l’exemple d’une publication, elle paraît la plus logique pour… publier.

Comme on peut le voir, le lien hypertexte n’est pas cliquable et ne peut pas être copié depuis un téléphone portable. En gros, une publication vers un site extérieur n’a absolument aucun intérêt. Le réseau social qui s’adresse aux jeunes, population déjà pas très motivée par le moindre effort, n’ira pas faire celui-ci.

La seule possibilité d’avoir un lien cliquable dans Instagram, c’est de publier sous forme de story. C’est une fonctionnalité qui je crois est apparue en fin 2021, c’est dire que c’est une fonctionnalité récente. Elle reste toutefois très limitée puisque la story a un caractère provisoire. Même en épinglant la story, peu iront chercher.

Ma visibilité est donc très faible sur Instagram du fait d’être peu suivi, l’outil n’est de plus pas adapté pour réaliser une veille. Instagram ne présente donc aucun intérêt dans ma catégorie, il n’a de sens que pour des gens qui ne vivent que pour l’image.

Parfois, on ne sait pas trop pourquoi, on a un fond de trafic en provenance de Facebook. C’est non seulement rare et très faible. En termes de visibilité, la meilleure source reste Twitter. Non seulement l’outil est fait pour mais entre les reposts automatiques de WordPress, les retweets, on multiplie les chances d’être vu.

La visibilité est ailleurs

Tout ceci reste à relativiser. Depuis le début de l’année, nous avons franchi les 2 millions de pages vues. L’origine du trafic est à 93% issu d’un clic direct. Comprenez que l’individu clique directement pour arriver sur le site, car il connaît l’adresse. 5% provient des moteurs de recherche, ce qui est dérisoire, on y viendra plus loin. Comme on peut faire toujours moins, 2% provient des liens extérieurs. Et sur ces 2% la moitié est originaire de Twitter. L’autre moitié est issue principalement du journal du hacker.

Le journal du hacker est un agrégateur de liens dans le domaine du logiciel libre. Il est connu et reconnu. Il est à l’heure actuelle l’une des principales sources francophones pour qui veut s’informer dans le domaine de Linux et du logiciel libre. Lorsque j’écris un article dans ce domaine, je le pousse directement sur le jdh pour gagner en visibilité. L’influence dans les visites est assez importante. Dans cette période de vacances, nous sommes environs à 3200 lecteurs par jour, l’article sur Twitter et Mastodon a fait monter le site à 4000.

Il est regrettable que dans le domaine pédagogique, il n’y a pas d’équivalent. Le site stagne globalement depuis plusieurs mois malgré une qualité rédactionnelle, des efforts sur le SEO et une publication régulière.

Soyons réaliste, je n’ai pas les compétences pour faire mieux, dans la situation actuelle, il faudrait payer pour faire appel à un professionnel.

Internet c’était mieux avant

On ne va tout de même pas se plaindre. L’année 2022 devrait amener environ 5 millions de pages vues. Pas mal pour un site fait avec des bouts de ficelle. Je n’ai absolument aucun mérite, car à ma façon, je suis célèbre. Comprenez que je ne pars pas de rien, mon domaine cyrille-borne.com a plus d’une dizaine d’années. J’ai donc dans mon domaine un pied dans la place depuis plus d’une décennie. On pourrait presque dire que c’est un succès basé sur l’ancienneté, sur l’histoire. Le mérite tout de même c’est d’être encore présent et de continuer à avancer.

Il faut dire que l’internet a quand même franchement changé. Les blogs, s’ils ne sont pas morts ne sont pas loin de l’être, la production que nous réalisons ici n’est plus dans l’air du temps. Il faudrait faire des tiktoks, rapper des maths, faire tous les compromis et les compromissions pour être à la mode. Le problème, c’est que nous le voyons au quotidien, les modes ça passe, les écrits, quant à eux, restent.

Je lisais cet article : Comment rattraper son retard en maths? Les techniques d’Olivier Sarfati pour être au niveau le jour des concours. L’auteur de cet article dit :

La bosse des maths n’existe pas, pour réussir, il faut être besogneux.

Olivier Sarfati

Un site comme restez-curieux a du sens. Ma fille me disait que j’aurais tout intérêt à faire des « canvas » sur Instagram, faire un format plus jeune. Finalement, elle a réussi à comprendre son cours de chimie sur les acides en lisant l’article que j’ai écrit. C’est propre, il faut effectivement s’adapter un peu, faire un effort. Si demain je fais des canvas, alors autant me mettre à rapper en string à paillettes. La forme ne doit pas se faire au détriment du fond. Un site culturel se mérite un minimum.

Une aiguille dans une meule de foin. Le lot de la visibilité pour les amateurs

Il y a 15 ans, internet était effectivement bien différent. Les réseaux sociaux et la dispersion qu’ils ont entrainé n’existaient pas, les sites étaient bien sûr moins nombreux. À cela s’ajoute désormais le problème des sites publicitaires et des spams. On constate ainsi une dégradation de la pertinence de la recherche chez Google et chez les autres moteurs de recherche. Pas difficile à comprendre, les plus gros sont les plus visibles, ceux qui payent sont les plus visibles, les règles SEO ne sont que quantitatives. En effet, cet article que vous lisez respecte les règles SEO mais quid de la qualité du contenu ? Et quand on sait que pour être aimé il faut soit tomber dans la méchanceté, la provocation ou montrer une paire de fesses, on peut s’interroger encore ici sur le qualitatif d’un grand nombre de like.

Il n’y a pas de remédiation, je pense, si ce n’est de construire son audience de façon qualitative. Cela passe d’abord par une réalisation de contenus dont on peut être fier. C’est une démarche que je ne pratiquais jamais auparavant et que désormais je fais de manière régulière, je repasse les articles du site. Dernièrement par exemple, je viens de reprendre l’intégralité des catégories et des tags du site.

Et puis, patienter, construire, en étant régulier, en étant pertinent. Enfin, ne rien attendre car c’est certainement la cause principale de l’arrêt des créateurs.

Restez-curieux est devenu pour moi un site pédagogique. J’arrive désormais à combiner le partage mais aussi le travail. Il s’agit pour moi d’un « moteur » supplémentaire. Les nombreux articles que j’ai pu écrire en lien avec le DNB ou le BAC, sont autant de points que je n’ai pas à répéter à mes élèves car je l’ai déjà écrit.

Je crois que pour le créateur, ce qui compte au-delà du nombre de followers c’est le sens que l’on met dans son œuvre. Sans négliger les autres, votre principale audience, c’est vous-même. Séduisez-vous !

2 Comments

  1. Souci avec Insta : ton compte me semble intéressant mais je suis obligé de passer mon temps dessus pour savoir que tu y postes quelque chose…
    Sur Twitter, j’y suis déjà et il existe sinon des moyens de récupérer tes tweets via RSS.
    Idem pour le blog, forcément (WordPress, c’est la vie).
    Insta, désolé mais aucun moyen viable de voir tes posts pour moi, j’ai le choix entre perdre mon temps dessus ou te louper dessus.
    Contournement : tu dois pouvoir poster sur Insta et le dire sur Twitter ?
    Dommage, je te trouvais moins présent sur le Net (tweets auto, blog pour élèves, etc.) mais tu es parti ailleurs…
    Mon fils a récolté un 72 / 100 en maths, tout n’est pas perdu.

    1. en fait comme je l’écris assez régulièrement, il est nécessaire d’écrire en fonction de l’audience :
      – twitter sphère libriste, pédagogique, actualité
      – insta sphère « perso ». Globalement à part des photos de chats, des privates joke avec @benjamin où on fait croire à nos élèves qu’on est frère, des stories de machines à café, j’ai envie de dire que tu ne rates rien de pertinent pour ta culture personnelle. Tout ce qui est important se trouve sur le blog ou sur le forum

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