Adaptations, partie 1

Les adaptations vont plutôt dans le sens de la bande dessinée vers le cinéma. Dernièrement ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ, l’outremangeur, les exemples ne manquent pas. Pour moi, c’est une logique, la bande dessinée reste un des derniers bastions de la qualité et de l’originalité. Il est alors normal que le cinéma puise largement dans ce territoire d’intelligence, de sensibilité, où l’on sait encore raconter de belles histoires. L’adaptation en bande dessinée, en outre, est rarement signe de qualité.

Il s’agit principalement de produits dérivés issus de tous les univers : jeu vidéo, footballeur, comiques etc. Concrètement pas une œuvre originale, mais un produit commercial. Il arrive pourtant que certaines adaptations soient bien différentes. On adapte souvent des classiques de la littérature en bande dessinée. Ainsi des œuvres de Balzac, Voltaire, des pavés de parfois plusieurs centaines de pages difficiles à lire retrouvent une seconde vie bien plus accessible pour tous les publics.

Les adaptations que je présente ici sont « fidèles ». J’ai déjà par exemple présenté Peter Pan, ou la belle et la bête, où les auteurs se sont inspirés des œuvres pour fabriquer leur propre univers.

Le tour du monde en 80 jours

Jules Verne est un auteur mort aux environs de 1900 et qui est né aux environs de 1830. Il a écrit de nombreux livres fantastiques et d’aventure qui à l’époque étaient révolutionnaires du fait de leur imagination. Un voyage sur la lune ou encore au centre de la terre, des animaux fantastiques. Il a ainsi inspiré et inspire encore de multiples adaptations de films ou de bandes dessinées. Avec le tour du monde en 80 jours, il imagine un pari impossible à l’époque.

En 1872 il écrit le tour du monde 80 jours où l’anglais Philéas Fogg prend le pari avec son club de gentlemen de faire le tour du monde en… 80 jours. Si à notre époque, il s’agit de grimper dans des avions et de passer plus de temps dans les aéroports, à l’époque l’avion n’existe pas. Ainsi nos héros vont utiliser, train, bateau et même un éléphant.

Comme on peut s’en douter, l’aventure ne sera pas un long fleuve tranquille. Philéas Fogg est poursuivi par Fix, un policier persuadé que le gentleman est l’auteur d’un vol dans une banque. Il n’aura de cesse de mettre des bâtons dans les roues pour essayer d’arrêter l’aventurier en territoire anglais. En effet, à cette époque, l’Angleterre domine le monde et l’Angleterre s’étend jusqu’en Inde. La bande dessinée en trois tomes est une excellente synthèse du livre, agréable, facile à lire.

En pleine révolution industrielle, l’auteur met le doigt sur le rapport au temps, sur l’urgence, un monde où nous courons en permanence. Preuve que Jules Verne était bien un visionnaire !

Des adaptations des livres de H.G. Wells

H.G. Wells comme Jules Verne fait partie de ces auteurs qui ont été des visionnaires. Nous sommes avant 1900 et il propose déjà la machine à remonter le temps, l’homme invisible, l’île du docteur Moreau ou la guerre des mondes. La guerre des mondes rappelons-le, c’est une attaque extra-terrestre !

L’homme invisible

Un homme se présente dans un village, il est entouré de bandes de tissus sur le visage, des lunettes gigantesques sur le nez. Il demande à l’auberge qui l’accueille de la discrétion, du calme et installe un véritable laboratoire. Forcément, l’homme intrigue, ne se présente pas à la messe, les rumeurs vont bon train. Il finit par péter les plombs et retire l’intégralité de son costume, les gens découvrent horrifiés qu’il s’agit de l’homme invisible. Dans le second tome, il va raconter son histoire à un ancien collègue universitaire. On comprendra que la recherche de ce pouvoir n’était pas pour faire le bien et que l’homme finit par sombrer dans la folie. En deux tomes, un dessin particulièrement réussi et coloré pour une histoire indémodable.

La machine à remonter le temps

On retrouve encore une fois un scientifique de génie qui invente comme on peut s’en douter une machine à remonter le temps. Forcément, quand on a ce genre d’appareil, on est tenté d’expérimenter. Il va pousser la machine jusqu’à la fin des temps, le plus loin possible dans le futur. Il va découvrir une peuplade qui passe son temps à s’amuser. Le problème, sa machine a disparu, il est coincé dans cette époque. Encore une fois, un dessin très dynamique, coloré et une histoire qui tient la route. Va-t-il réussir à retourner à son époque ? Beaucoup d’imagination pour une histoire datée du début du XX° siècle où l’auteur imaginait déjà le déclin de notre civilisation plutôt que de rêver d’un monde guidé par la bienveillance et la technologie.

Axolot adaptations de l’univers de Patrick Baud

Sur le site de Patrick Baud vous pouvez lire :

Je m’appelle Patrick Baud, je suis auteur, vidéaste, et depuis plus de 10 ans, j’ai la chance de pouvoir partager à travers différents médias les choses qui me surprennent, ou qui m’émerveillent.

La chaîne YouTube du vidéaste est assez connue et tourne plutôt bien. Cela va de la découverte de villes en passant par les objets étranges que l’on trouve sur la lune ou l’île la plus étrange du monde. S’il y en a bien un qui est resté curieux, c’est bien Patrick Baud. Quatre tomes portant le nom d’axolot sont sortis, il s’agit des adaptations en bande dessinée des histoires racontées par le vidéaste. De très nombreux dessinateurs interviennent sur les albums, pour un patchwork très réussi.

Pour vous donner une idée du contenu de la bd, la première histoire racontée. Un fermier coupe la tête d’un poulet, ce dernier continue de vivre. Il tiendra deux ans comme ceci, le fermier profitant de l’opportunité pour en faire un animal de foire. Axolot est plus qu’une bande dessinée, l’auteur va rajouter des notes explicatives ou d’autres histoires extraordinaires par écrit.

C’est pour moi une série qu’il faut avoir dans sa bibliothèque, à prêter, à relire. Avec ça, je vous garantis que vous pourrez briller dans les soirées de l’ambassadeur.

Le père Goriot

Voici typiquement le rôle de l’adaptation en bande dessinée, rendre accessible Balzac au plus grand nombre. Alors que les romans de Wells ou de Verne même s’ils sont épais, restent abordables, Balzac, c’est autre chose. Et pourtant il s’agit d’un classique de la littérature française, il est donc bon culturellement de savoir de quoi on parle.

Monsieur Goriot vit dans une pension au XIX° siècle, une pension modeste pour des gens de passage à la capitale. Lui, c’est différent, il est logé de façon permanente. Les gens sont intrigués de voir ce vieil homme dépérir, se priver, vivre avec le moins possible. Les gens de la pension essaient de comprendre le mystère autour de lui, encore plus quand ils le voient avec deux très jolies jeunes femmes. On apprendra que l’homme s’est totalement dépouillé au profit de ses deux jeunes femmes, qui sont ses filles. Elles délaissent totalement leur père et font fi du sacrifice qu’il consent pour leur bonheur.

Le père Goriot est une satyre de la société de l’époque et qui pourtant reste encore parfaitement d’actualité quasiment 200 ans après. On pense notamment à l’ingratitude des enfants, des parents qui se saignent au quatre veines, la médisance de la société ou encore l’importance des biens matériels. En deux tomes, une très bonne synthèse de l’œuvre de plus de 400 pages !