La téléréalité en France est arrivée avec l’émission Loft Story. Nous étions en 2001 et force est de reconnaître qu’il n’y avait aucune émission de ce type. À l’époque, film, jeux télévisés, séries mais rien qui se focalisait en non-stop sur des gens qui à priori ne font rien ou presque.
Le succès a été au rendez-vous, certainement pour l’aspect voyeuriste, mais aussi parce qu’il proposait à n’importe qui d’avoir plus qu’un quart d’heure de gloire sans aucune compétence. Comprenez que pour participer à des jeux télés, il fallait un minimum de culture, pour participer à une émission de chansons, du talent. La téléréalité a permis ainsi de glorifier des gens comme tout le monde.
Le concept ne pouvait que fonctionner car il permet de s’identifier de façon très simple aux différents protagonistes. L’intérêt pour les chaînes de télévision, c’est de pouvoir créer des stars éphémères de la télévision pour un tarif dérisoire. Il est à noter que ce concept s’applique aux émissions d’informations main stream où vous laissez de pseudos experts parler sur des sujets pendant des heures. Ils comblent un vide à petits moyens quand un travail de recherche et d’investigation coûterait des fortunes.
Le concept s’est décliné sous toutes ses formes, allant souvent jusqu’au grotesque et la surenchère. On peut penser aux marseillais par exemple. De nombreux scénaristes ont trouvé avec ce type d’émission l’opportunité de présenter les dérives de notre société en allant nécessairement plus loin. On se retrouve ainsi avec des histoires d’anticipation où ces émissions n’auraient plus aucunes limites.
Reality show, la téléréalité aux airs de « cops »
Cops est une véritable émission de téléréalité qui a démarré en 1989 aux États-Unis et qui aura duré plus de 30 ans. C’est dire que les Américains sont des précurseurs dans le domaine de ce type d’émissions. Dans Cops, on se contente de suivre des équipes de police dans leur travail quotidien. Ici cela va plus loin, la chaîne de télévision Médiacop a son propre policier qui a même la priorité sur les agents de l’État.
Une bande dessinée trash qui va très loin
Jean-David Morvan est souvent à l’origine de scénarios qui sont trashs, Reality Show n’échappe pas à la règle. On va suivre une équipe de super policiers en action, sauf que ça se passe mal. L’un des partenaires est tué, on va chercher un remplaçant. C’est une jeune femme franche, ingénue qui va remplacer le partenaire de la star des flics. Tout est scénarisé à l’extrême. Comprenez que même lorsque meurt le partenaire du super flic, il joue la comédie alors que c’est un instant réellement dramatique. Le soir, les relations sexuelles avec sa femme sont filmées pour faire davantage d’audimat.
L’arrivée de cette jeune policière tout droit sortie de l’école va bouleverser la donne. En effet, elle fait fi de l’émission de télévision pour essayer de résoudre l’enquête du triangle rouge. Il s’agit du tueur de l’ancien partenaire mais surtout un tueur qui ne respecte aucun schéma. Il tue dans de véritables boucheries des gens sans lien les uns avec les autres.
Deux cycles, un plus réussi que l’autre
Reality Show est une bande dessinée de 2008 et on peut dire que la bande dessinée a pris un tour d’avance. La majorité des tâches sont réalisées par des robots, les gens vivent avec un revenu qu’on pourrait qualifier d’universel. La société est ainsi totalement construite sur le loisir puisqu’il n’y a finalement plus de travail. Les trois premiers albums sont très bons et achèvent un premier cycle. Un second beaucoup moins intéressant conclut la bande dessinée sur cinq tomes.
Une vision dans l’ère du temps mais maintenant ?
Une bande dessinée très noire, très cynique, qui pousse très loin le concept de tout ce qu’on est prêt à faire pour l’audimat. Je trouve qu’il est toutefois intéressant de se mettre dans le contexte de l’époque, à savoir une bande dessinée de 2008. Même si je ne regarde pas ces émissions, je pense qu’on n’est pas allé plus loin que la scène de Loana dans la piscine, une relation sexuelle en direct. En effet, les candidats de la téléréalité d’aujourd’hui n’ont pas de rapport avec les « naïfs » de l’époque. Il s’agit finalement de gens qui se préparent à ce type d’émission, des professionnels… de l’amateurisme.
Dans un monde à base de culture woke, de cancel culture, les dérives de la téléréalité ne pourront certainement pas aller plus loin que ce qu’on pouvait imaginer à l’époque.
Cyclopes
L’action se situe aux environs de 2050. Dans notre futur, on prend acte que maintenir la paix, coûte cher. On finit donc par accepter la proposition d’une société qui propose de payer des hommes pour des missions de routine. La contrepartie, la récupération exclusive des images. On se situe ainsi dans une télé-réalité où ce sont les soldats les héros.
La bande dessinée est beaucoup plus subtile que reality show qui allait loin et qui ne faisait pas dans la dentelle. Si on retrouve bien la critique, les magouilles en lien avec la téléréalité ou ce qu’elle pourrait devenir, le trait est beaucoup moins grossier. On voit tout de même les enquêtes d’opinion sur les militaires, est-ce qu’il plait ou non ? L’obligation de boire telle ou telle boisson. La promotion bien sûr des armes.
Jacamon et Matz le tandem bien connu de la bande dessinée le tueur, nous présente Douglas Pistoia, une jeune recrue dont on va suivre gloire et décadence sur quatre tomes. Le jeune homme en effet ne veut pas se contenter d’être une simple marionnette et souhaite comprendre à quel point il est manipulé.
La bande dessinée est excellente sur les deux premiers tomes, le changement de dessinateur au tome trois est particulièrement douloureux. Je trouve la fin ratée, mais c’est un avis très personnel. Dans l’ensemble, il s’agit d’une excellente bande dessinée qui pousse à la réflexion.