One shot, numéro 2

Comme on peut s’en douter, la masse de one shot est considérable et je ne compte pas m’arrêter au numéro 1.

Lydie

Lydie c’est le prénom d’une enfant morte, mais tout le monde fait semblant qu’elle est vivante. L’histoire démarre dans les années 30 dans une impasse. Les habitants du quartier sont des gens solidaires. Camille est une jeune femme, un peu simple d’esprit, elle accouche d’une petite fille, morte-née. Deux mois après son décès, la jeune femme dépressive arrive en tenant dans ses bras son enfant. Elle explique que les anges le lui ont rendu. Bien évidemment, dans ses bras, il n’y a rien. Plutôt que de se moquer d’elle, la voyant heureuse, les habitants du quartier se prennent au jeu.

On va donc suivre Lydie qui grandit avec les situations les plus absurdes. Camille va par exemple réveiller le médecin dans la nuit parce que sa fille virtuelle est malade. La bande dessinée est bienveillante, sonne juste, avec un très joli dessin qui fait penser à celui de Régis Loisel. Un épilogue croustillant pour une bande dessinée réussie.

Un avion sans elle

Nous allons rester encore dans les bébés. Le pitch de ce one shot est plutôt complexe à faire puisqu’il mélange passé présent et récit. Je vais donc vous la présenter par son aspect chronologique. Dans les années 80 un avion s’écrase. À l’intérieur, deux couples avec chacun un bébé. Le seul survivant de ce crash est le bébé mais à qui appartient-il ? C’est ici toute la subtilité de l’intrigue. L’action se déroulant dans les années 80, les tests ADN ne sont pas encore au point, il est donc impossible de déterminer à qui appartient l’enfant.

Complexifions alors l’histoire. Si vous avez tout suivi, les parents sont morts, il va donc rester les grand-parents. À ma gauche, des gens humbles qui tiennent une baraque à frites, à ma droite des gens richissimes. Le combat juridique s’engage à la façon de David contre Goliath. La bande dessinée quant à elle commence avec le détective privé qui a suivi pendant dix-huit ans l’enquête. Il a décidé de mettre fin à ses jours jusqu’au jour où, en regardant un journal de l’époque, il résout le mystère.

Excellente bande dessinée tirée du roman de Michel Bussi très largement primé et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est mérité.

Tananarive

Chaque soir, un vieux notaire à la retraite qui a des problèmes de dos, qui prend ses médicaments, écoute les histoires de son voisin. Son voisin, c’est une vie d’aventure, la guerre, les voyages. Un jour, ce dernier décède. Se pose alors le problème de la succession. Le vieux notaire qui au départ ne voulait pas s’en occuper apprend de la bouche du maire que son ami n’est né en Afrique comme il l’annonçait mais dans un village bien français. Piqué par la curiosité, il se demande si l’homme qu’il admirait tant n’était pas un mythomane.

Tananarive nous entraîne dans un roadmovie du troisième âge, classique, mais très bien fait. Le vieux notaire va tout faire pour retrouver le fils perdu du pseudo aventurier afin de lui remettre des éditions originales de Pinpin, un héros de bande dessinée. C’est d’ailleurs assez bien fait, on a quelques planches de ce fameux héros dans la bande dessinée, une bd dans la bd. Touchant, drôle, une construction originale, un très bel album.

Les seigneurs de Bagdad

Au titre et dès les premières pages, on comprend très facilement la situation et la période. Nous sommes en plein dans la guerre du Golfe, les avions américains bombardent la ville de Bagdad. Quatre lions s’évadent et rêvent de liberté. Ils vont traverser la ville en proie aux flammes, eux qui n’ont quasiment connu que la captivité et le confort du zoo.

La vision proposée est assez intéressante. Les animaux, même s’il ne s’agit pas d’anthropomorphisme, présentent des caractéristiques qu’on pourrait qualifier d’humaines. Le sens de la loyauté, des envies de sexe, des opinions bien tranchées sur le monde et la liberté. Violent, plutôt trash, un one shot qui accroche.

Sudestada

C’est l’histoire d’un détective privé d’un certain âge. L’homme réalise toute sorte d’enquête, trouver des héritiers ou encore des enquêtes de moralité pour recruter du personnel. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est aigri, qu’il a peu de fois dans l’humanité, qu’il est intraitable. C’est surtout un homme seul. Un jour, un mari lui confie une enquête sur sa femme. Il pense qu’elle entretient de façon logique une liaison. Il découvre qu’elle a loué une maison et que tous les jours, elle danse nue en sortant de la boue, ce qui explique la couverture qui ne rend pas hommage à la bande dessinée.

Pour la première fois depuis bien longtemps l’homme est ému, ce spectacle va profondément changer sa façon de voir le monde. Très drôle, très noir, et finalement très humain, un excellent one shot.