Eiffel, c’est le nom qui a été donné au film sur la réalisation de la tour Eiffel. Du déterminisme en quelque sorte, la tour Eiffel n’est qu’un prétexte pour une romance. Quelques explications.

Eiffel, le film

Le film comme on peut s’en douter s’articule autour de la construction de la tour Eiffel. Pour la petite histoire, c’est le projet de deux de ses ingénieurs, comme quoi l’histoire est bien écrite par les vainqueurs. C’est le projet qui est en effet retenu pour l’exposition universelle de 1889. Il s’agissait ici de commémorer le centenaire de la révolution française. On se doute qu’avec une tour de plus de 300 mètres, on pouvait difficilement rivaliser pour symboliser la grandeur de la France.

Le film va suivre Romain Duris des débuts à la réalisation finale en passant par sa jeunesse. Cette partie est très importante pour poser la romance du film. On découvre un Romain Duris plus jeune, merci les effets spéciaux, qui construit un pont sur la Garonne. Il va rencontrer Emma Mackey, fille de bonne famille, c’est l’amour fou. Cette histoire nous est racontée lorsqu’il la retrouve dans une soirée, et qu’il découvre qu’elle est l’épouse d’un de ses amis. Eiffel est père de famille, veuf, on se doute que les deux personnages n’ont pas pu s’unir comme ils le projetaient. Ce sera parmi les fils conducteurs de l’intrigue, pourquoi ne se sont-ils pas mariés ?

Un suspense impossible à tenir

On comprend bien que c’est un peu comme le Titanic. On sait qu’à la fin, la tour est construite pour l’un quand le bateau coule pour l’autre. Le film présente donc les différentes difficultés que va rencontrer Eiffel sans qu’on arrive à y croire. Son principal souci, c’est l’opposition des Parisiens à la construction du projet. En effet, les Parisiens voient dans ce monument gigantesque une verrue sur la capitale. Avec cette mauvaise presse, les investisseurs deviennent frileux. Les ouvriers quant à eux demandent plus d’argent à cause des risques, mais comme l’argent ne vient pas, on essaie de nous faire croire que le projet va s’arrêter.

Le film part donc sur un handicap sévère, il ne peut jouer sur la non-création de la tour, il mise tout sur la romance.

Eiffel un Titanic à la française

Les points communs avec le Titanic sont nombreux, la construction de la tour n’est qu’un prétexte à l’histoire d’amour. On vit donc dans cet unique suspense, l’amour de jeunesse va-t-il pouvoir revoir le jour ? Un amour qu’on comprend impossible, Emma Mackey est une femme mariée, quid de la réputation de Gustave Eiffel qui peine déjà à convaincre les investisseurs.

L’autre point commun avec le Titanic, c’est le budget. Eiffel est le film le plus cher de 2020 avec un budget de plus de 23 millions d’euros. Les rares scènes qui s’articulent autour de la construction de la tour Eiffel sont très joliment réalisées.

Ce que j’en pense

J’ai regardé le film en entier ce qui est plutôt positif. Je suis toutefois de parti pris, je suis un grand fan de Romain Duris. Il s’agit d’un bon divertissement qui fait le job, même s’il n’est pas exempt de défauts. Duris en fait trop, il porte le film sur les épaules. Le personnage d’Eiffel, fait penser à Cyrano de Bergerac, tant on y va dans les emphases et dans la passion. On a du mal à croire qu’un ingénieur, un homme de sciences se laisse emporter par une passion torride.

D’ailleurs sur ce point, Philippe Coupérie-Eiffel, descendant de Gustave, a demandé à ce qu’apparaisse la mention « fiction romancée » pour le film. Au départ, j’ai trouvé ça plutôt ridicule, avec du recul, je pense qu’il a raison. On présente dans ce film un Eiffel qui prend la femme d’un autre, plus préoccupé par ses amours que par son projet. Un autre reproche quant à la différence d’âge entre les acteurs, 22 ans d’écart. Un rappel que vieillir au cinéma pour une femme, c’est compliqué.

Pas un film d’histoire, une histoire d’amour avec un cadre historique

Je pense qu’Eiffel n’est pas à considérer comme un film historique. En effet, l’idée, c’est de faire un film commercial, une belle histoire d’amour à portée internationale dans un cadre historique et universel. Avec plus de 300 millions de visiteurs, la tour Eiffel est le monument le plus connu au monde. Le réalisateur espère certainement pouvoir toucher un public très large qui dépasse nos frontières. Le film n’est pas déplaisant, il n’est pas non plus passionnant, il se laisse voir et s’oublie rapidement.

Si vous voulez en savoir plus la construction de la Tour Eiffel, je vous renvoie vers, c’est pas sorcier comme tout bon prof qui se respecte. Vous verrez même un Jamy en talons aiguilles et quelques explications qui montrent que le film prend des libertés avec la vérité technique.

Je profite de l’opportunité d’avoir regardé le film pour explorer le thème en bande dessinée.

A comme Eiffel

Très intéressante bande dessinée qui interpelle encore sur la part de vérité et qui finalement va dans le sens du film. A ce serait cette fois-ci Alice, la cousine d’Eiffel, son amour d’enfance. Alors que le film se centre sur la création de la tour, ici on balaye l’intégralité de la vie de l’homme. On le présente comme mauvais élève à l’école, comme coureur de femmes durant ses années études, un fêtard. Les similitudes sont assez nombreuses dans le traitement du personnage par rapport au film avec Duris. Autocentré, passionné, colérique et surtout homme à femme. Le film plume d’histoire revient sur les relations d’Eiffel et les femmes de sa vie.

Alors que dans le film les amours sont contrariés par les parents d’Adrienne, ici, c’est la mère de Gustave qui coupe court à la relation avec sa cousine. Une femme de poigne qui a de l’ambition pour son fils. On retrouvera les deux cousins, les deux amants à différentes périodes de leur vie, encore un amour impossible.

Le livre est très intéressant et pousse à regarder du côté de Wikipédia pour confronter la fiction à la réalité. L’album est bien documenté, il présente des articles de presse de l’époque, notamment la lettre contre la construction de la tour dite de Babel. J’ai découvert qu’Eiffel avait perdu sa légion d’honneur pour l’histoire de Panama, qu’il a même fait de la prison.

Une bande dessinée très instructive.

Le Canonnier de la Tour Eiffel

Alors que les deux œuvres que je viens de présenter s’articulent autour de l’ingénieur, ici il s’agit simplement du cadre. L’action se situe dans le début des années 1900 avec une histoire pas forcément simple à raconter. Nous sommes en effet dans une intrigue qui fait penser à une pièce de théâtre, des quiproquos, des personnages qui se ratent. Camille est un ancien canonnier, il vit en ramassant des mégots utilisés pour en extraire le tabac. Il croise Valentine, c’est le coup de foudre. Elle vend du lait d’ânesse, ils sont à leurs occupations, il lui donne ainsi rendez le lendemain midi.

Seulement chaque jour au sommet de la tour, on tire un coup de canon pour annoncer midi. Le responsable du canon est persuadé d’avoir vu son épouse disparue des années plus tôt en mer dans un des ascenseurs. Il fait un infarctus. Camille va rater son rendez-vous, il est réquisitionné pour tirer le coup de midi.

Avec Valentine ils ne vont cesser de se rater durant tout l’album. Un one shot très bien écrit, un dessin dynamique qui fait la performance en quelques pages de poser la situation, avec de nombreux personnages attachants.