Croisades fantastiques

Après les romains, je poursuis mes regroupements de bandes dessinées sur la thématique des templiers, des chevaliers et des croisades. Ici encore on a un terreau particulièrement fertile pour raconter des histoires. Des combats, des intrigues, du pouvoir bien sûr et une dimension spirituelle qui nous conduit aux secrets. Des évangiles cachés, des secrets bibliques, des temples mystérieux, des sociétés secrètes, les guerres de religion, on peut en écrire des choses.

À l’origine de ce billet, je pensais compiler tout ce qu’on trouve sur les croisades. Il est apparu que sur mes lectures, aucun des auteurs n’a fait le choix de faire un récit historique. En effet, tous les albums que je présente ont une forte imprégnation de fantastique, ce n’était pas voulu. Des miracles aux aliens en passant par les malédictions, comme si le simple fait historique de cette époque n’était pas suffisant.

Templier

L’histoire commence par une découverte. Trois templiers trouvent dans un désert un temple caché avec des motifs Égyptiens. Deux d’entre eux meurent, le troisième a le temps d’écrire une lettre pour raconter la découverte avant de succomber à son tour. Des dizaines d’années plus tard, alors que s’affrontent les chrétiens et les musulmans devant la ville de Tyr, une expédition part à la recherche du temple.

C’est Jean-Luc Istin qui est aux commandes, valeur sûre de la bande de la bande dessinée franco-belge. On lui doit entre autres, les séries de l’univers des terres d’Arran. La bande dessinée nous présente des personnages hauts en couleurs, qui ont tous un intérêt particulier à retrouver le temple et le trésor qu’il enferme. De l’action, de la vengeance, des rebondissements, des personnages charismatiques, templier possède de nombreuses qualités. La bande dessinée est terminée en trois tomes pour une histoire complète, classique et efficace.

Le lac de feu

L’action se situe aux environs de 1200. Nous sommes en pleine période des croisades contre les Albigeois. Un jeune chevalier vient chercher une mission auprès du seigneur local. Ce dernier voit avec lui une opportunité de se débarrasser d’un chevalier alcoolique, d’un inquisiteur, et de ce jeune homme plein d’entrain, en les envoyant dans une mission de routine. De cette façon, il ramène la paix dans son campement et le jeune seigneur, héritier d’une noble famille, ne prend pas de risques. Dans un village, les démons attaquent, on dépêche donc la petite troupe pour mener l’enquête. Il apparait que ce sont des aliens qui se sont écrasés avec leur vaisseau spatial et qui sèment la terreur.

Force est de reconnaître que l’histoire est plutôt originale tout comme le dessin. Le trait fait en effet penser à celui de Gazzotti le dessinateur des séries Soda et seuls. Nous sommes donc face à un trait qu’on pourrait qualifier d’enfantin pour un contexte particulièrement sanglant. Les aliens sont des espèces d’insectes qui massacrent et capture les habitants, les scènes ne sont pas éludées, c’est gore.

J’ai apprécié cette bande dessinée, pour son histoire originale, mais aussi pour les caractères caricaturaux des personnages. Ces personnages, des archétypes aux réactions prévisibles, contrastant avec l’absurdité de la situation d’extra-terrestres voraces au moyen-âge. Le chevalier aigri, le jeune qui veut faire ses preuves, l’inquisiteur fou, mais aussi la jeune protestante qu’on accuse de sorcellerie, plongés dans un film d’aliens. La bande dessinée revient sur la tragédie cathare et sur certains massacres historiques. De plus quelques rebondissements montrent qu’il ne s’agit pas d’un grand délire, mais d’un ouvrage plus subtil.

Le rêve de Jérusalem

Le contexte historique nous place dans les croisades auxquelles vont participer deux personnages très singuliers, que tout oppose. Hermance, un homme qui a déclaré des pouvoirs qu’on qualifiera de magique durant l’enfance. Sa particularité, c’est de ne pas maîtriser ses dons, seule sa mère peut les déclencher. Torturé pour sorcellerie, ses pouvoirs se sont éteints avec la mort de sa mère. Karlis, un chef de guerre cruel qui va découvrir le christ et devenir son plus grand serviteur. Sa conversion est une révélation, mais il n’en oublie pas ses pratiques guerrières. Il tue désormais au nom de dieu.

Les deux hommes vont se retrouver pour la première croisade, à destination de Jérusalem, pour délivrer la ville sainte. Hermance est devenu un escroc, quand Karlis l’attrape pour le tuer, il a une vision, il voit son pouvoir. Il va réussir à déclencher ses dons comme le faisait sa mère avant lui. Tout irait pour le mieux si une princesse guerrière ne se mettait pas entre les deux hommes, un triangle amoureux se forme.

Le rêve de Jérusalem est une bande dessinée d’une rare violence, c’est une boucherie. Le dessin est inégal, certaines planches sont particulièrement réussies, d’autres plus discutables notamment pour les visages. L’histoire est terminée, en quatre tomes, elle est intéressante. La relation entre les personnages est pertinente. Hermance ne croit pas en lui malgré les miracles qu’il réalise, Karlis oui, il a besoin de lui. Et pourtant il le déteste lorsque la femme qu’il aime s’éprend de lui. On comprend que c’est l’amour qui les conduira à leur perte.

Croisade

Croisade et le rêve de Jérusalem présentent de nombreuses similitudes, le fantastique, très prononcé, mais moins spectaculaire. Alors que dans le rêve de Jérusalem, Hermance est capable d’invoquer des anges, ici, ce sera plus léger. Des tempêtes de sable, un homme qui ne peut pas mourir, un démon qui possède les hommes. La particularité de la bande dessinée, c’est certainement l’aspect « détourné » de l’histoire, comme un univers parallèle. Ce n’est pas l’histoire qui est racontée, c’est une légère variante. Les chrétiens veulent prendre Hiérus Halem qui abriterait le corps non pas du Christ mais du X3, leur Dieu. Le grand ennemi de l’histoire, c’est le Qua’dj, l’équivalent du diable, un démon qui aurait tenté le X3 au pied de la croix.

Alors que chaque tome démarre sur une présentation historique des croisades, on comprend que Dufaux et Xavier ont réalisé la leur. Ainsi pour ceux qui s’attendaient à un récit de croisade, on est davantage dans le fantastique.

Le héros de l’histoire, c’est Gauthier de Flandres qui présente toutes les caractéristiques du héros. Il refuse de participer à une attaque contre la ville, car il sait qu’elle est vouée à l’échec. Il est considéré comme un lâche et s’exile pour aller chercher de l’aide chez des peuplades juives. Pendant ce temps-là on complote pour prendre la tête de la chrétienté. La problématique évidente de la bande dessinée est de lancer le lecteur sur plusieurs pistes en même temps, pas moins de cinq intrigues. La bande dessinée est composée de deux cycles, dans le second Gauthier devient un aventurier errant. C’est moins prenant que le premier, il s’agit de la traque d’un démon. Une bonne série portée par le dessin magnifique de Xavier.

One Comment

  1. j’ai bien aimé « Le Lac De Feu », je vais lire « Templier » pour voir, 3 tomes c’est bien. et ça me divertira dans ma longue relecture de XIII.
    Merci

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