etik l’alternative gratuite aux géants du web par infomaniak

Infomaniak est une société Suisse qui propose des hébergements et des services Web depuis le début des années 90. On a donc au moins une société qui présente trois avantages. Une société européenne qui a de la bouteille et qui héberge en Suisse. Exit donc ici des serveurs obscurs et la surveillance du grand frère américain. La société fait parler d’elle actuellement car elle propose un service cloud alternatif et gratuit : etik

etik un service alternatif aux GAFAM

Infomaniak part du constat suivant. Aujourd’hui si vous voulez bénéficier d’un cloud complet gratuit vous êtes forcé de passer par Google ou Microsoft. Ces services appartiennent à des multinationales qui ne respectent pas la vie privée et la RGPD. Ces sociétés sont de plus américaines, elles ne garantissent pas la sécurité des données sur le territoire national.

On pourra rajouter l’adage supplémentaire, si c’est gratuit, c’est vous le produit, et il y a toujours une compensation présente ou future. Que ce soit dans l’espionnage de vos données personnelles ou un passage demain au payant. Google G suite après être resté gratuit pendant 16 ans, devient payant. Et une fois que vous êtes entrés dans la logique du paiement, vous acceptez les augmentations récurrentes. Par exemple la suite 365 voit son prix augmenter prochainement de 20%.

Il faut comprendre qu’à l’instar de la presse qui est restée gratuite sur le net et passée aujourd’hui au payant, nous assistons à un tournant similaire dans toute l’informatique. Le gratuit est révolu, on commence à vous faire comprendre que désormais il faut passer à la caisse. On ne s’étonnera certainement pas de voir des offres premium apparaître dans les réseaux sociaux.

Avec ce positionnement de gratuité, Infomaniak joue la carte de la différence. Offre gratuite pour une société située en Europe. Toutefois, comme je l’ai déjà écrit, tout le monde a quelque chose à vendre.

etik le service.

Voici ce à quoi vous avez droit avec etik :

• 20 Go de stockage
• un mail
• des calendriers
• la gestion des contacts
• un système de transfert de gros fichiers
• un outil de visio-conférence.

Pour accéder à ce Graal, ça commence assez mal puisqu’il vous faudra faire patte blanche et présenter un numéro de téléphone de l’union européenne. C’est un premier problème. Mon raisonnement pourra sembler absurde à une partie du lectorat, néanmoins pour d’autres, il aura beaucoup de sens. Faire le choix d’etik c’est faire le choix d’une alternative et ne pas avoir la sensation de se faire fliquer par big brother. En donnant directement son numéro de téléphone, je trouve qu’on donne déjà beaucoup de sa liberté. Une vérification est faite par SMS, j’ai d’ailleurs dû d’abord créer un compte sur Infoniak car la création directe du kdrive n’a pas fonctionnée. Trois tentatives par SMS, le code ne fonctionnait pas.

Sans aucune certitude je suppose que le développement est propriétaire et ne s’appuie pas sur des logiciels libres. Toujours dans la même veine de ce qui précède. Quand certains d’entre vous se limiteront à dire, c’est positif, on a un service gratuit, bien fait, en Suisse, ce n’est pas suffisant pour tout le monde. Si le code n’est pas ouvert, je me trompe peut-être mais aucune référence au code n’apparait, il est impossible de savoir ce qui se passe. Sans douter de l’honnêteté de la plateforme, il n’y a pas cette transparence qu’assure d’autres services basés sur des logiciels libres. On peut donc largement aspirer vos données sans que vous puissiez le savoir.

Au premier abord etik apparaît donc comme opaque.

Les différents services proposés

Le mail est à l’instar de ce que vous propose gmail, à savoir que vous ne créez pas un gmail.com mais une adresse avec un lien infomaniak. On vous suggère d’importer vos différents comptes. L’interface comme l’ensemble est particulièrement propre. Elle me fait penser à ce qui se fait dans 365 en plus clair bien sûr. De ce côté, ce n’est pas bien difficile de faire moins fouillis que 365. La rédaction des mails est plutôt pauvre.

Le calendrier, le gestionnaire de contacts, classiques font penser à Nextcloud.

Ce qui est bien sûr important, c’est de pouvoir utiliser ses logiciels afin d’assurer la synchronisation. Thunderbird pour les ordinateurs. La technologie utilisée est Webdav, on a donc une compatibilité avec tous les logiciels qui supportent. Une page web vous explique comment paramétrer le logiciel de façon à synchroniser vos agendas, mails et contacts.

Pour le smartphone c’est plus compliqué. Une application de synchronisation et un SMS avec un lien de configuration qui ressemble à celui ci-dessus. On a l’impression néanmoins que c’est un fork de DAVx5. Pour le mail on vous explique le paramétrage imap et smtp. On est donc dans une espèce de maquillage de simplicité qui montre que cela ne s’adresse pas à tout le monde.

Ma tentative de synchronisation de mes contacts et de mon calendrier a conduit à un échec, je n’ai pas cherché à comprendre pourquoi.

Finalement la partie la plus intéressante et qui me paraît la plus réussie c’est kdrive, la gestion des fichiers.

Il est possible d’éditer directement les documents, on a une connexion avec une instance de OnlyOffice.

On notera un client de synchronisation parfaitement intégré sous Linux ainsi qu’une interface propre sous Android.

Un petit tour et puis s’en va. Quelques explications.

Voici l’écran qui montre la suppression des données personnelles et du compte, en deux clics c’est fait.

Je ne vais donc pas poursuivre avec cette offre voici quelques explications.

Je n’en ai pas besoin.

Mes contacts, mes agendas sont synchronisés par Google, mes fichiers pour le travail par OneDrive. Mes mails sont gérés de façon indépendante par le biais de Gandi et de os2witch mon hébergeur. Bien sûr, il ne s’agit pas pour les premiers de solutions libres et transparentes. L’offre OneDrive est offerte par ma fédération agricole, c’est un outil professionnel pour lequel je ne stocke que le professionnel. Pour le personnel j’externalise au travers d’une synchronisation par syncthing pour des appareils qui m’appartiennent, je n’utilise donc pas de cloud.

Je suis gêné par le fonctionnement.

Une offre grand public se doit d’être évidente, les connaissances demandées ici sont pour moi trop complexes pour séduire monsieur et madame tout le monde. Par le fait cette offre intéressera des utilisateurs de logiciels libres cherchant des alternatives. Ils seront refroidis par un code non libre et le fait de donner son numéro de téléphone. Pour toucher un public bien précis il faudra libérer le code et être moins intrusif. Pour toucher un plus grand public il faut faire un effort de simplification.

Si c’est gratuit, c’est vous le produit.

Aujourd’hui gratuit mais demain ? Infomaniak est une société, elle doit gagner de l’argent pas donner du travail ou faire preuve de philanthropie. Je ne parle pas de malhonnêteté, mais de profit. Un profit légitime pour toutes les entreprises. Infomaniak dit :

« le but, on ne le cache pas, c’est de faire rayonner notre image de marque et nos engagements ». Notre problématique, c’est que nous devons avoir une taille critique pour accélérer le développement de nos propres technologies pour garantir à nos clients que leurs données sont traitées par des logiciels qui respectent la vie privée et dont le for juridique est basé en Suisse dans le respect du RGPD ».

Thomas Jacobsen directe de la communication

Les retours sur Infomaniak sont très bons, elle a l’aura d’une bonne société, mais vous êtes dans une expérience commerciale, pas dans une interaction avec une association qui utiliserait du logiciel libre. Le choix de ne pas s’appliquer sur Nextcloud et d’utiliser une solution qui je pense est propriétaire est pour ma part un choix discutable.

Google, Microsoft ou Infomaniak même combat ?

Oui. Il ne s’agit pas de troller mais juste d’appeler un chat un chat. Vous êtes face à trois sociétés d’informatique. Les tailles sont différentes bien sûr, l’hébergement des fichiers se fait en Europe, il n’y a à priori pas de contrepartie d’espionnage des fichiers mais le principe est le même. Vous ne payez pas pour un service, vous devrez donc payer quelque part. Dans des échanges sur Twitter Alexis Kauffmann, fondateur de Framasoft a écrit ceci :

Je rejoins totalement ce point de vue. Il est effectivement plus sain de payer pour un service ou d’avoir une politique claire lorsque la gratuité est de mise. Si aujourd’hui je vais sur un site qui vit de la publicité, je connais sa source de revenus. Je peux donc m’interroger sur certains articles ou partis pris. De la même manière si je prends un abonnement à un journal, je trouverais mal venu qu’il m’affiche des publicités : le beurre et l’argent du beurre. Par le fait, une relation financière si elle est clairement définie, assainit l’utilisation des services.

S’il fallait faire un choix

Il y a quelques mois, j’expliquais que l’hébergeur o2switch incluait dans son offre un hébergement Nextcloud. On avait donc pour 6 €, la rolls des services internet. La possibilité d’héberger ses sites comme je le fais ici et d’avoir un service reconnu pour la gestion des fichiers, calendriers, contacts et plus encore. Il est apparu assez rapidement un problème sur mon instance qui était devenue inaccessible. Je dois dire que j’ai été assez étonné lorsqu’o2switch m’a expliqué que les instances de Nextcloud étaient livrées dans l’état et qu’o2switch n’intervenait pas.

La gestion des contacts, des calendriers et des fichiers est suffisamment importante pour ne pas se permettre d’avoir un service qui bat de l’aile. S’il fallait faire un choix aujourd’hui, ce serait indéniablement un prestataire Nextcloud. Solution libre et robuste. S’il fallait faire un choix ce serait indéniablement vers l’association Zaclys que je me tournerai.

Edit du 17/02 : droit de réponse de Thomas Jacobsen directeur de la communication d’Infomaniak

J’ai été contacté par mail par Thomas Jacobsen, je vous livre son message avec son autorisation. De façon synthétique je me suis permis de faire remarquer que je voyais une grosse différence entre un webmail et une application pour le simple quidam, tout comme je me suis permis de confirmer que pour moi, une entreprise a pour but premier de gagner de l’argent.

Bonjour,

Je me permets de vous contacter par rapport à cet article : https://restez-curieux.ovh/2022/02/12/etik-lalternative-gratuite-aux-geants-du-web-par-infomaniak/

Concernant l’app Infomaniak Sync, le souci que vous avez rencontré a été provoqué par une mise à jour et vous avez testé l’app juste au mauvais moment. C’est réglé depuis samedi soir.

Par rapport à vos conclusions, les complexités que vous mentionnez ne s’appliquent pas si vous utilisez le service depuis mail.infomaniak.com

Last but not least, comparer Infomaniak à des géants comme Microsoft ou encore Google est étrange sur le plan de la transparence, car à l’inverse de ces sociétés, Infomaniak est totalement indépendante et appartient exclusivement à ses employés. Nous ne devons pas rendre des comptes à des investisseurs et la source de nos revenus est claire : nous vendons des services cloud.

Si cela vous intéresse, je me tiens à votre disposition pour une visioconférence. Je pourrai ainsi répondre à d’éventuelles questions et vous en dire plus sur Infomaniak.

Merci pour votre attention et excellente fin de semaine à vous.

Thomas Jacobsen