Dans l’héroïc fantasy les orcs, les gobelins et les trolls, ont toujours été les méchants. Il faut dire que Tolkien avec le seigneur des anneaux a posé des bases solides et durables de méchants. Comme on a pu le voir avec les comics, chez Disney, avec Shrek, le héros basique ne suffit plus. Assez du héros lisse, du héros parfait, on veut désormais du badass. Le méchant d’hier devient alors héros d’aujourd’hui. Ainsi forcément quand on met en avant le bestiaire le plus cradingue de la fantasy, on peut s’attendre à des histoires un peu sales.
Mercenaires, les orcs à l’inspiration asiatique
Mercenaires est une série en trois tomes finie. L’histoire pourrait être transposée au Japon médiéval, avec les samouraïs, sauf que la population n’est composée que d’orcs, de trolls et de gobelins. Il y a bien des siècles, on a emprisonné derrière un grand mur, un démon. Le mur donne des signes de faiblesse, et de vieux héros n’ont d’autres choix que de reconstituer la meute. Ces derniers vont s’embarquer dans une quête, à la recherche d’un sortilège permettant de renforcer le mur.
La bande dessinée est particulièrement réussie et fait l’exploit en trois tomes d’être particulièrement complète. Dès le premier tome on a recomposé la meute, avec le samouraï, la ninja, l’enchanteresse, la brute épaisse, l’archer et le cerveau de l’équipe. C’est l’une des forces de la bande dessinée, réussir à respecter à la fois les codes de la fantasy mais aussi du Japon médiéval. Dès le second tome on comprendra les liens qui unissaient les différents personnages par le passé, pourquoi la meute a explosé, et surtout les intérêts secrets de chacun.
De l’action, des personnages attachants, une très bonne série même si elle reste très classique et ne prend que peu de risques.
Trolls de Troy
Je ferai prochainement un billet sur Lanfeust de Troy et son univers très riche. Trop riche certainement. Dans les aventures de Lanfeust, l’un des personnages principaux, c’est Hébus, le troll Hébus. On comprend dès le jeu de mots pas très inspiré trolleybus, qu’on n’est pas dans de l’humour de haut vol. Arleston scénariste prolifique de la série et des Lanfeust qui a dû largement passer les cinquante tomes, a plus ou moins transposé les aventures d’Astérix et son village gaulois chez les trolls. Parfois même de façon très nette quand nos héros se retrouvent recrutés dans une armée, c’est très largement inspiré d’Astérix légionnaire.
Les trolls sont donc des individus sales, qui mangent des humains, qui mangent tout d’ailleurs, et qui vont vivre de grandes aventures, à l’instar d’Astérix et Obélix. On retrouve donc un village Troll, son chef, Teträm son meilleur guerrier accompagné de sa fille adoptive, une humaine qui se prend pour un troll. Ils croiseront régulièrement la route de Rysta Fuquatou le grand sage de la ville qui n’est pas sans faire penser à Jules César.
La bande dessinée a franchi les vingt-cinq tomes. Au départ, on avait un cycle de quatre tomes qui permettait de poser les personnages. Une aventure assez sympathique dans laquelle l’intégralité des trolls du village se faisait capturer. Nos héros vont donc mener une quête pour délivrer leur famille. Malheureusement la suite, c’est un tome une histoire, comme Astérix. On ne peut pas dire que c’est mauvais, mais on dira que c’est facile. Arleston est habitué des blagues potaches et n’hésite pas parfois à utiliser une planche pour faire un gag. Les références sont très nombreuses et empruntes largement à la culture geek ou populaire. Teträm qui refait la scène des trois petits cochons ou une magicienne qui appelle son serviteur Igor puis qui enchaine par Grichka en référence aux Bogdanov.
Trolls de Troy s’inscrit dans la tradition des bandes dessinées franco-belge d’aventure et d’humour. Une bande dessinée qu’on lira pour se détendre, pas pour réfléchir ou se passionner.
Orcs et Gobelins
La série elfes est pour ma part le renouveau de l’héroïc fantasy, un style très prisé dans les années 90 qui s’est essoufflé par la suite. La production était devenue trop importante. Je pense que l’une des références jusqu’à maintenant c’était les chroniques de la lune noire.
La force de la série elfe, c’est plus que ses qualités graphiques et scénaristiques mais son concept. Le premier tome d’elfes est sorti en 2013, nous en sommes actuellement à 30 tomes. Ce qui veut dire en gros trois livres par an. Dans un modèle de production franco-belge traditionnel, c’est impossible. L’astuce, c’est une direction commune, mais une réalisation par différents auteurs ce qui permet d’augmenter la cadence.
Trois spin off sont issus de la bande dessinée principale : nains, mages, enfin orcs et gobelins. À l’instar de ce que j’ai pu écrire en introduction, ces personnages sont des badass. Voleurs, mercenaires, assassins, guerriers, chaque épisode va raconter une histoire. Le concept est le même pour elfe si bien que le premier album est paru en 2017, nous sommes à 15 tomes, le rythme de production est encore une fois similaire.
Les graphismes sont magnifiques, la narration à chaque fois prenante, de l’action, des rebondissements, d’excellents textes et dialogues. C’est le troisième récit issu des terres d’Arran. Comprenez que non seulement les auteurs ont une bonne maîtrise du sujet mais puisent désormais dans un univers riche. La série nous présente des salopards magnifiques, des traitres, des personnages à la moralité douteuse mais qui font preuve toujours de panache. Par exemple le personnage de Turuk se trouve dans une cité envahie par les goules, un événement bien connu des lecteurs d’elfes. Il réussira à s’échapper à force de trahison jusqu’à sacrifier ses compagnons. Les différentes séries puisent ainsi dans l’histoire des autres, on aura des cross over avec certains personnages, on retrouvera par exemple Turuk dans le tome 29 d’elfes.
Une série incontournable pour tous les amateurs de fantasy.
Troll
Troll est une bande dessinée qui fait un peu figure d’ovni dans cette série que je présente, et certainement dans la fantasy de façon générale. Dans un monde fantastique, lors d’une bagarre, un troll finit par manger le doigt d’un gobelin. Il se retrouve enceinte et va accoucher d’une petite fille, la première et la seule de son espèce. Les deux bêtes, vont se mettre en couple pour élever l’enfant. On comprend ici l’absurdité de la situation mais sous ses aspects comiques, troll n’est pas une série vraiment drôle.
Il est à noter que troll est une bande dessinée datée de 1996 soit deux ans avant la sortie de Donjon, la série de Sfar. Dans le second tome, le « papa et la maman » du premier humain, vont travailler dans un donjon qui n’est pas sans en rappeler un autre. À la fin de ce second tome, sans entrer dans les détails, un deuxième enfant va apparaître. Deux humains de sexes opposés. Et si c’était le début de l’humanité ?
À partir du tome 4, Boiscommun et Sfar quittent l’aventure. Le dessin change radicalement de style mais la bande dessinée conserve tout son intérêt.
La guerre des orcs
La guerre des orcs est un diptyque passionnant et original. La bande dessinée reprend les codes de la fantasy, les orcs sont en train de se faire massacrer par les hommes, les nains, sous la coupe des elfes qui dirigent. Un orc apparaît comme le seul survivant d’une bataille et avec lui des idées « novatrices ». Alors que les orcs ne vivent que par la fierté et l’honneur, il utilise la ruse, la trahison, le poison.
On va suivre son ascension dans le premier album, on ne s’étonnera pas de le retrouver roi dans le second volume. Dans celui-ci, les orcs vont devoir affronter des armées de zombies. De l’humour, de l’action et une vision du héros différente de celle qu’on a l’habitude de voir.
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