Le samouraï est une bonne inspiration pour faire de solides histoires. Des hommes d’honneur, des sacrifices, des combats, l’exotisme de l’Asie, etc. Tous les éléments sont réunis pour monter des récits passionnants avec de belles histoires de guerriers mystérieux. La bande dessinée franco-belge a réalisé, d’excellents titres, je vais vous en présenter ici quelques-uns.

La voie du sabre

La voie du sabre est l’adaptation du livre de Thomas Day en trois tomes. C’est l’histoire du plus grand guerrier de tous les temps qui fait halte dans une province. Le seigneur lui offre des femmes, la fortune, pour apprendre la voie du sabre et faire de lui un guerrier invincible. Le samouraï explique qu’il est trop tard pour lui mais qu’il va prendre son fils comme disciple.

Nous sommes dans la très classique relation entre le maître et l’élève, avec des initiations absurdes qui n’ont rien à voir avec ce qu’on attend de la formation d’un maître d’arme. La bande dessinée fait la performance d’être relativement courte, mais de donner une forte densité aux événements. On n’a pas l’impression que certains passages sont allés trop vites, on prend de plus le temps de nous raconter des histoires du folklore de la bd. En effet, comme souvent dans les bonnes histoires de samouraïs, le fantastique se mêle à la réalité.

La première partie de l’initiation consiste à mettre le jeune dans un restaurant où il va apprendre des tâches ingrates et la cuisine. Dans la seconde partie de l’initiation, ce sera dans une maison des plaisirs. Il devra gravir les échelles jusqu’à la patronne qui connaît toutes les vérités. Le maître est un homme qui ne vise que la défense des opprimés, le disciple ne vise que le pouvoir. Ainsi on verra le jeune homme grandir, s’affirmer et se confronter au maître.

Efficace, très bien illustrée, la voie du sabre est une excellente trilogie.

Samuraï et pas Samouraï

Samuraï est une bande dessinée en cours au moment où j’écris ces lignes. Elle compte pas moins de quinze tomes pour la série d’origine. Origine en effet, car un spin off Samuraï légendes a été réalisé, en ce moment au sixième tome.

C’est l’histoire de Takeo, un samouraï au passé mystérieux. Il est à la recherche de son frère. On en apprendra plus sur son histoire personnelle au fur et à mesure des tomes et des nombreux flashbacks. Le premier cycle raconte l’opposition entre l’empereur et son ancien intendant Akuma. Ce dernier aurait trouvé le treizième prophète, une espèce de monstre sanguinaire, indestructible avec de très grands pouvoirs. Pour le réveiller il lui faut le sang sacré. Takeo se retrouve mêlé à cette histoire, car il a croisé le chemin d’une petite fille qui serait cette élue. L’empire entier est à ses trousses. Vous en avez pour quatre tomes. Dans le second cycle Takeo retrouve son frère, deux tomes de plus.

Pour le troisième cycle, on en saura plus sur l’histoire de Takeo et de son frère. En effet, les deux hommes ont été marqués au fer rouge et leurs parents tués. Ils sont recherchés depuis leur enfance, dans ce cycle, ils affronteront l’homme à l’origine de leurs malheurs. La suite est indéniablement moins bonne et Takeo le samuraï errant porte bien son nom. Il arrive en effet des tas d’aventures à notre ami mais les cycles sont trop courts pour installer durablement une histoire. Même si la bande dessinée conserve ses qualités, il devient de plus en plus difficile d’accrocher à la bd.

Le spin off Samuraï légendes s’articule autour des sœurs de l’ombre qui interviennent dans le premier cycle. La bande dessinée n’est pas désagréable mais parfaitement dispensable.

Okko

Okko raconte les aventures d’un rônin, un samouraï sans maître, chasseur de monstres. La bande dessinée est terminée, en dix tomes. Elle se décompose en cinq cycles de deux tomes, les quatre éléments, et le vide pour achever la bd. Le premier cycle pose les bases de la bande dessinée, le cycle de l’eau, la présentation des personnages. Okko le personnage central, un expert du sabre. Noburo qu’on comprend rapidement être un démon, quand on le voit se relever après avoir pris une volée de flèches. Le moine au saké qui comme on peut le supposer est souvent ivre, ce qui ne l’empêche pas d’avoir de grands pouvoirs. Enfin, Tikku qui se met au service de Okko au début du premier tome si en contrepartie il retrouve sa sœur, une geisha enlevée.

Dans le second cycle, la terre, Okko est témoin d’un meurtre. Il va parcourir les sept monastères d’une chaîne de montagne afin de trouver qui porte le signe du corbeau à l’origine du crime. Durant le voyage, le guide lui demande s’il est bien l’assassin de sa mère. On commence dans ce tome à planter le fil rouge de l’histoire. Dans le cycle de l’air, Okko fera face à un terrible adversaire, il n’en sortira pas indemne. Pour le cycle du feu, Okko doit assurer la sécurité d’un mariage impérial. Malheureusement les choses ne vont pas se passer comme prévu, le rônin devient l’homme le plus chassé du pays. Enfin le cycle du vide, la conclusion de l’histoire mais aussi l’origine des personnages.

Okko est une bande dessinée remarquablement dessinée avec un scénario qui tient la route, des personnages réussis et attachants. Elle est l’œuvre d’un seul homme, Hub à la fois au dessin et au scénario. Il est assez rare pour le remarquer, souvent un artiste est largement plus performant dans un domaine que l’autre. Une série incontournable. Il est à noter mais c’est très personnel que j’ai trouvé dans Okko une large inspiration graphique de la bande dessinée de Frank Miller, rônin. À commencer par la cicatrice des deux personnages centraux.

Le sabre et l’épée

Nous quittons le Japon pour la Chine. Plus de Samouraï mais une histoire qui peut s’inscrire dans cette série de bandes dessinées. Dans un village, un vieil homme arrive. Il est le vingt-septième homme que doit tuer Wu Gang. Wu Gang est un jeune homme mal éduqué qui se rêve de devenir le plus bretteur de Chine. Les événements ne se déroulent pas comme prévu. La bande dessinée nous raconte en parallèle de la trame principale, l’histoire de deux épées. Confiées à deux grands guerriers, elles représentent l’union de la Chine. Il se trouve qu’Erlang, le vieil homme, possède une étrange épée noire, cassée. On comprend qu’il est l’un des deux guerriers. Il cherche à reforger l’épée, et surtout se trouver un successeur.

Bande dessinée en quatre tomes, très réussie. J’aime beaucoup les dessins qui font penser à des estampes chinoises, ainsi que les dialogues avec Wu Gang qui apporte la touche de comique.

Isabellae

Isabellae fait partie des bandes dessinées les plus étonnantes que j’ai pu lire et pas que dans la thématique du samouraï. L’histoire commence pourtant au Japon médiéval où Isabellae une guerrière d’élite est à la recherche de sa sœur. La couleur de cheveux roux qu’on voit sur la couverture trouve son explication dans la complexité du récit. La mère, qu’on comprendra irlandaise, est venue s’exiler au Japon. Sorcière, elle éduque ses filles dans le but unique de retourner au pays et de vaincre l’oppresseur anglais. Isabellae suit pourtant la voie du père, samouraï de son état quand sa sœur emprunte la voie du mysticisme.

On va donc commencer la quête de façon très classique pour basculer vers la moitié de la série finie en six tomes en Irlande. Druides, divinités oubliées vont se mêler à la fête pour en finir avec un combat contre les anges…

Un dessin remarquable pour une histoire particulièrement originale même si je dois reconnaître que je préférais la partie se déroulant au Japon.