Le super-héros conventionnel
Lorsque l’on pense à super-héros, on pense forcément à Superman, Spiderman, de façon générale, tous les super-héros issus des comics. On considère d’ailleurs que c’est Superman le premier à répondre à la vision moderne. En effet, la mythologie regorge d’individus aux pouvoirs extraordinaires mais l’archétype a été posé par les Américains dans les comics. Il y a en effet des codes à respecter, une identité secrète, une volonté de faire le bien, et souvent de sauver le monde.
Superman personnage apparu en 1938 par exemple avec ses bonnes valeurs a contribué à la propagande durant la seconde guerre mondiale. Il n’est pas le seul, capitaine América bien évidemment ou encore Wonder Woman.
Il est évident qu’avec les années, cette image parfaite, cette image lisse, ne correspond plus aux critères du XXI° siècle. Le super-héros a évolué, montre ses faiblesses, ne se définit plus non plus comme le mâle blanc hétérosexuel dominant. À l’instar de chez Disney qui met en avant ses méchants en avant, les « badass » ont aussi leur succès : Venom ou encore Deadpool. On tombe même parfois dans la parodie avec l’excellent Hancock où Will Smith incarne un super-héros alcoolique et détesté qui va avoir besoin d’un entraîneur.
Vous noterez que j’ai choisi comme image de présentation Super Dupont qui dépasse la parodie pour tomber dans la caricature délirante que seuls savent faire les Français. Comme toujours avec Fluide Glacial, c’est de l’humour totalement absurde. Il ne s’agit pas ici de présenter ce type d’œuvre, mais plutôt des bandes dessinées qui ont fait des choix originaux sans nécessairement tomber dans le délirant. Je trouve que la version Européenne apporte une dimension inédite et souvent surprenante.
Vigilantes
Bande dessinée en quatre tomes, vigilantes raconte l’histoire d’un groupe d’amis dans leur enfance et dans le temps présent. Dans un camp de vacances, ils rencontrent un vieil indien dans une grotte. Ce dernier va leur donner des super-pouvoirs. Ces pouvoirs n’opéreront qu’à une seule condition, qu’ils soient ensemble. Des événements dramatiques vont se produire durant cet été, la mort d’un de leur camarade et la naissance d’un monstre. En effet, le directeur de la colonie est un prédateur qui tue des enfants. Malheureusement lui aussi va rencontrer l’indien dans la caverne et développer des pouvoirs.
Nous retrouvons nos quatre héros devenus adultes. Ils n’ont d’autres choix que de reformer les vigilantes. En effet l’ancien directeur de colonie est devenu un personnage politique important. Les amis décident de l’arrêter et de dénoncer ses actes passés. Où l’on retrouve la « french touch », c’est bien sûr dans la relation entre les personnages. Il s’agit d’hommes d’âge mûr, plus des gamins avec leurs forces et leurs faiblesses. Bien loin des clichés américains, ils prennent des cuites et draguent des filles, s’engueulent, ont des problèmes de couple. La dimension humaine apportée à la bande dessinée est intéressante, les scènes d’action et les cliffhangers ne sont pas laissés derrière pour autant. Vigilantes est une vraie bande dessinée d’action.
Density, le super-héros vu par Trondheim
Lewis Trondheim fait partie des grands maîtres de l’humour absurde. On lui doit les aventures de Lapinot ou sa participation à la série Donjon que j’évoquerai un jour. Chloé est en voyage aux États-Unis avec son frère, sa sœur et une amie. Son frère Gilles est une pointure dans le monde des OVNIs, ils ont organisé un voyage pour aller dans une convention. Les filles décident de lui faire une plaisanterie. Le long d’une route, pendant que Chloé détourne l’attention de Gilles, les deux autres filles enfilent un costume d’extra-terrestre. Sauf que c’est un véritable extra-terrestre qui fait son apparition, il va faire deux choses. Annoncer qu’une attaque d’une race destructrice est imminente, envoyer un rayon laser qui donne des pouvoirs bien particuliers. Sauf que c’est Chloé qui prend quand c’était Gilles le destinataire.
Chloé a désormais le pouvoir de changer la densité de son corps, elle peut devenir légère comme une plume et traverser la matière ou au contraire peser des tonnes. Bande dessinée très bien réalisée techniquement avec une histoire qui si elle est délirante, tient tout de même la route. C’est drôle et ça va franchement loin, Chloé affrontera des hordes d’extra-terrestres gigantesques pour sauver la terre.
Superworld, la vision trash
Le ton est donné dès les premières pages. Deux adolescents sont dans une chambre d’hôpital en train de jouer à la console, pendant qu’un vieil homme meurt. Dans son dernier souffle, il dit qu’un grand pouvoir amène de grandes responsabilités. Il s’agit de l’un des premiers super-héros qui meurt, la première génération. Dans Superworld, les seuls héros restants sont des ados qui ont grandi sans leurs parents. En effet, ces derniers en activant un bouclier de défense contre les aliens ont tous disparu. Afin de compenser ce sacrifice pour la planète, on a parqué tous les jeunes au pied de la tour Eiffel dans une résidence riche, mais très surveillée. Un ghetto pour super-héros. Il faut comprendre que ces ados qui ont grandi sans parent ont tendance à utiliser leurs pouvoirs n’importe comment.
Des événements inattendus vont se produire qui vont mettre en péril le bouclier de défense et donc la sécurité de la planète. Les parents vont faire leur retour et empêcher la fin du monde. Superworld apporte une vision particulièrement caustique du mythe et ne lésine pas sur les tripes à l’air. La série apporte de plus un aspect intéressant, ces enfants qui ont grandi seuls voient d’un mauvais œil revenir leurs parents. L’idée étant de montrer que même si on peut raser un continent en quelques minutes, on ne sait pas gérer la crise d’adolescence. Conclue en trois tomes, on aurait pu pousser plus, excellente bd, acide et grand spectacle.
Masqué
Dans un Paris plus ou moins futuristes, des anomalies se produisent. Il s’agit de regroupements d’objets qui prennent plus ou moins vie. Par exemple, un surfer, façon surfer d’argent sillonne la capitale. Ces événements s’accélèrent avec l’arrivée d’un ancien soldat qui entre en résonance avec les phénomènes. La ville réserve en effet bien des secrets, sous Paris une caverne avec une énergie mystérieuse ainsi qu’une armure de super-héros, lorsque notre soldat s’en approche la symbiose se fait automatiquement. Mais qui dit super gentil dit nécessairement super méchant, en fusionnant avec l’armure, il déclenche l’apparition de mutations dans la ville et la croissance des anomalies.
Masqué est une bande dessinée en quatre tomes qui est certainement la plus mystique. Comprenez que malgré l’aspect délirant d’un density et son histoire qui vous emporte très loin, il n’y a pas de place au mystère. Ici on imagine que Paris, la ville, a une puissance mystique et qu’elle régulerait par elle-même les exactions quand elles ne seraient plus supportables. La bande dessinée malgré son côté étrange qui vous entraînera vers une relecture reste une valeur sûre pour les amateurs du genre. On notera des références comme les armures de Stark ou même une apparition de Superman.
Sympa la présentation.
Trondheim a dessiné plein de super-héros, souvent décalés…