A silent voice raconte l’histoire de Shouko Nishimiya, une enfant sourde. Elle intègre l’école de Shouya Ishida. Ishida est un enfant perturbateur qui cherche à se faire remarquer. Il prend Nishimiya comme victime et commence à lui faire subir les pires horreurs. Moqueries, violences physiques, il en vient à casser jusqu’à huit fois ses appareils auditifs. La maman de Nishimiya finit par réagir en déscolarisant sa fille. Alors que la classe avait fini par suivre Ishida et se montrer méchante avec Nishimiya, elle lâche complètement le meneur.
Comme nous avons pu le voir dans le triangle de Karpman, alors qu’Ishida était le bourreau, il finit par devenir une victime. Totalement rejeté par sa classe, on le retrouve des années plus tard au lycée avec la ferme intention de se suicider. Pourtant, alors qu’il a prévu de se jeter du haut d’un pont, il met un point d’honneur à réparer le mal qu’il a fait.
A silent voice, une construction intelligente
Le handicap de Nishimiya est très bien présenté. Il est omniprésent, on montre les difficultés notamment avec les entendants, mais il reste surtout un prétexte au harcèlement. En effet Nishimiya fait preuve de toute la meilleure volonté du monde pour se faire accepter. Elle en vient à accepter les humiliations des autres, jusqu’au jour où elle craque en hurlant qu’elle fait ce qu’elle peut.
Ce qu’il y a de très intéressant dans la construction de l’histoire, c’est le passage de harceleur à harcelé. En se retrouvant rejeté par tout le monde, Ishida en vient à mettre une croix au sens littéral sur les gens. On va donc voir les élèves de sa classe avec des croix sur le visage. Et puis, pour une raison ou pour une autre, Ishida s’ouvre aux autres. On voit la croix comme un pansement qui finit par tomber comme une blessure qui cicatrise.
En menant sa quête d’amitié, Ishida finit par s’ouvrir aux autres.
La rédemption existe
Ishida fait de gros efforts pour changer. Il apprend la langue des signes pour pouvoir communiquer avec Nishimiya. En devenant lui-même une victime, il apprend l’empathie et le fait de se mettre à la place des autres. Pourtant, certaines scènes rappellent que la rédemption n’est pas acquise, qu’elle n’est pas un dû, que le pardon n’est pas une obligation. Ishida rencontre la jeune sœur de Nishimiya. Il finit par la ramener chez elle sous la pluie. L’enfant finit par lui dire qu’il est hypocrite, qu’apprendre la langue des signes ne permettra pas de tout effacer. Devant la porte de la maison de Nishimiya, la maman des deux filles décolle une claque monumentale à Ishida pour lui rappeler à quel point le passé est encore douloureux.
On remarquera l’intelligence de l’anime qui rappelle que le harcèlement concerne bien sûr le harcelé, mais toute sa famille.
Le positionnement du harceleur qui fait son chemin de croix pour arriver à la rédemption est fondamental. C’est une manière de montrer que l’on peut se tromper, changer, expier. Et je peux vous dire que ce n’est pas anodin pour un enseignant d’écrire ceci, des situations décrites dans l’animé, des enfants qui changent, c’est notre quotidien.
Une œuvre magistrale
2h10 d’animation tout en lenteur, et pourtant on reste figé devant son écran. A silent voice réussit un parfait mélange des genres qui va au-delà du handicap ou du harcèlement. Le pardon, la rédemption, l’amour des autres et l’amour de soi. À voir d’urgence.