Les origines
On peut lire sur la page Wikipédia pour le Black Friday que l’origine de la tradition est calée sur Thanksgiving. L’action de grâce aux États-Unis est une journée importante qui fait référence aux premiers colons. Une journée de partage face à l’adversité, la faim, des débuts. On voit déjà le mauvais goût, l’ironie ou l’esprit US vous rayerez la mention inutile. Une débauche commerciale est placée le vendredi suivant un jour de partage. Aux USA c’est donc le démarrage des soldes. L’expression Black Friday est utilisée pour la première fois en 1951 pour désigner les embouteillages le vendredi avant le weekend.
En France
En France, c’est en 2013 qu’on constate l’apparition du Black Friday. J’avais déjà expliqué que les supermarchés essaient de tenir un rythme commercial quitte à inventer ou importer des fêtes. On pense par exemple à Halloween, une fête purement artificielle pour la France qui n’a jamais pris son envol. Le Black Friday est une bonne date pour vous forcer à consommer. En effet, la rentrée scolaire qui symbolise un gros pole de dépense est loin, Noël se rapproche. On voit donc l’opportunité pour le consommateur de faire des cadeaux de Noël à bon prix.
La différence entre les États-Unis et la France, c’est que l’importation vient de l’internet, quant aux USA c’est dans les magasins. Mais comme les Américains ont des fêtes commerciales pour tout, on propose le Cyber-Monday pour finir de liquider les stocks sur les sites internet …
Le Black Friday, c’était mieux avant
À l’époque lorsque l’événement a été introduit, le commerce en ligne n’était pas au niveau d’aujourd’hui. Il faut dire que la crise COVID a fortement favorisé les achats en ligne au détriment des achats en magasin. Les e-commerçants avaient donc la volonté de se montrer et de proposer des prix cassés. C’était très intéressant.
Mais j’ai envie de dire comme tout. Comprenez qu’il y a trente-cinq ans, la braderie de Nîmes était tellement énorme qu’on avançait au pas, les gens se battaient dans les magasins. Nous constatons assez aisément que désormais les promotions, c’est toute l’année. Les soldes n’ont plus rien d’événementiel, car nous vivons dans un monde de promotions permanentes. Et pour aller encore plus loin, la mort de l’événement, c’est dans tous les domaines. La sortie d’un Star Wars était un événement, car les films sortaient avec de nombreuses années d’intervalles. Il y avait une attente. Disney propriétaire de la licence sort une série ou un film chaque année. Finalement, la firme américaine a dû se calmer face à l’échec commercial du film Solo. En toute logique, les commerçants se plaignent que les soldes ne fonctionnent plus, et c’est tout à fait normal, puisqu’on les a tuées.
Le Black Friday suit désormais une logique totalement similaire, les tarifs affichés sont soit peu attractifs, soit des arnaques. Régulièrement les sites se font taper sur les doigts pour avoir gonflé le prix d’origine avant et faire croire à un rabais important. Je vous invite à lire l’article de Que Choisir en 2020 très argumenté.
Qu’on me donne l’envie d’avoir envie
Si on fait une synthèse de ce qui précède :
- Nous sommes en soldes permanentes. Je n’ai donc pas besoin du Black Friday pour faire de bonnes affaires.
- Pas forcément de bonnes affaires et même parfois de l’arnaque.
Et la véritable question que nous devons tous nous poser. Est-ce que j’ai réellement besoin de ce qu’on me propose ? Et ça, c’est le travail des commerciaux, créer le désir pour des objets dont vous n’avez pas besoin. Prenons le site Cdiscount, il ne s’agit pas d’une critique, mais d’un site parmi d’autres. J’aurais pu prendre Amazon, mais ce que j’aime chez Cdiscount c’est la démesure, les couleurs et … l’émission de télé !
Les mécaniques commerciales sont donc parfaitement rodées, mais il faut être fort parce que le Black Friday c’est le mal.
Le Black Friday : une catastrophe écologique
On ne va pas se mentir, entre le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles, tout le monde tire la sonnette d’alarme. C’est notre mode de vie qui est principalement visé. Des milliers de litres d’eau pour fabriquer des vêtements par exemple. Dans l’article de FranceTV info, on peut lire :
En 2019, 4,3 milliards d’euros de produits industriels non alimentaires n’ont pas été vendus et ont été fabriqués « pour rien », révèle, jeudi 25 novembre, l’Ademe, l’Agence de la transition écologique.
FranceTV
Et les invendus, on sait ce qui leur arrive, ils sont détruits. C’est un problème qui a été soulevé par des associations à l’encontre d’Amazon. En effet, à cause de mécanismes simples, on préfère mieux détruire que de redistribuer ou stocker. On pourrait imaginer stocker la marchandise, mais c’est trop cher, une destruction est finalement plus économique. Brader des télés vendues 600 € à 200, car elles ne se vendent pas, aurait été une véritable affaire, un vrai Black Friday. Seulement, on considère que c’est dévaluer la valeur d’un bien. Plutôt que de casser sa valeur, on préfère mieux le détruire. Aberration pour l’individu, logique commerciale parfaite. Il est à noter qu’avant que l’état ne s’en mêle, on procédait de la même manière sur les invendus alimentaires. On préférait mieux « empoisonner » la nourriture plutôt que de la redistribuer.
N’achetez qu’en cas de besoin, pensez au réemploi.
Nous ne pouvons plus, pour l’avenir de la planète continuer dans des démarches de surconsommation. Néanmoins, il ne faut pas tomber dans l’extrémisme non plus. Si vous avez besoin d’une télévision parce que la vôtre est en panne, non réparable, si vous voyez une offre intéressante, prenez la.
Ce qui est important, c’est de ne pas céder aux sirènes du consumérisme, et à l’achat compulsif. Pensez aussi au marché de l’occasion, j’avais donné quelques conseils sur l’achat d’un ordinateur à moins de 200 €.
Deux « bonnes » astuces que je m’applique depuis longtemps et qui je pense peuvent faire ses preuves :
1) lorsqu’on veut quelque chose, si vraiment on en a besoin il faut effectivement se demander « est-ce que j’en ai besoin » puis se laisser un temps de réflexion puis se reposer la question un peu plus tard.
Si la réponse est par l’affirmative, alors c’est que oui, ce n’est pas un achat compulsif mais raisonné.
Prendre une décision lissée dans le temps n’est pas une indécision ou une non-décision, c’est une décision.
2) ma deuxième astuce c’est de m’imaginer avec l’objet (au autre chose) déjà en ma possession et de me projeter l’usage que j’en ferai si je l’avais réellement dans mes mains. Très pratique pour pas se retrouver dans 1 heure avec un bidule qui va me coûter 200 € et que je vais utiliser une fois par an. (les exemples sont nombreux, surtout dans le petit-électroménager)
Je ressens toute cette campagne (particulièrement le Black Friday) comme une agression, une quasi « injonction » Je me demande ci cette année a eu autant/plus/moins de succès que les années précédentes histoire de voir la tendance..mais je ne me fais aucune illusion…
C’est à la mode de cracher sur ce genre d’évènements, alors qu’il suffirait que ça ne se vende plus, etc. comme disait Coluche.
Grâce au Black Friday, j’achète moins cher des trucs récurrents (Abo PS+, comptes premium sur des sites, etc.) voire quand j’ai besoin de renouveler du matériel c’est un plus (smartphone, télévision, etc.).
Pour sauver la planète, c’est pas en achetant plein pot au lieu de réductions que ça va marcher.
Soit on consomme moins, soit on consomme pareil.
Le Black Friday n’est pas, pour moi, plus incitatif qu’autre chose.
Si tu achètes des trucs dont tu n’as pas besoin justement parce que c’est le Black Friday, bah flingue toi 😀
Et pour savoir si un produit est une arnaque niveau prix, y’a des sites comme Dealabs…
Comme tu le remarqueras, j’ai écrit qu’il ne fallait pas tomber dans les travers de ne rien acheter ce jour-là. Si effectivement tu avais prévu de réaliser tes achats d’abonnement et que tu les obtiens à moins cher, il serait idiot de ne pas le faire. Le problème, c’est la tentation d’imaginer acheter quelque chose qui pourrait potentiellement servir sous prétexte que c’est une bonne affaire.
Comme souvent, le Black Friday focalise les critiques alors que personne n’a de problèmes avec les fêtes de Noël qui sont à mon sens bien plus propices au gaspillage en tous genres. Les catalogues de jouets et la publicité qui commence 3 mois avant, ça ne date pas d’hier.
J’ai aussi un peu de mal avec l’amalgame « promotions = surconsommation ». Non seulement c’est un jugement de valeur (estimer que les gens achètent des choses dont ils n’ont pas besoin), mais en plus ça ne prend pas en compte ce qui se passe le reste du temps. Par exemple moi je me constitue une liste d’achats au fur et à mesure, et j’attends des promotions pour la dépiler. Si beaucoup font comme moi, alors cela peut entraîner un pic d’achat, mais un déficit le reste du temps.
J’avoue le screenshot de la vitrine de cdiscount me donne envie de vomir…
Pour Noël tout dépend de ce que tu mets autour. J’entends par là que pour certains encore cela correspond à une fête chrétienne ou une fête de famille. Sinon tu as raison, et encore plus quand tu vois les gamins qui sortent les jouets des cartons, juste heureux de posséder, mais qui ne jouent pas avec. En ce qui concerne « promotions = surconsommation » ce n’est pas mon propos. Nous sommes à l’instar de Noël sur un événement précis qui vise à faire consommer.