L’histoire des camps d’internement pour les Japonais au USA

Internement des Japonais, une mesure dictée par la peur.

Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent la base américaine de Pearl Harbour. Les Américains qui n’avaient pas encore pris parti dans le conflit mondial, entrent en guerre. Seulement, l’immigration japonaise sur le sol américain n’est pas anodine, on voit déjà dans Lucky Luke des asiatiques qui tiennent des blanchisseries. On compte plus de 120.000 personnes issues de l’immigration japonaise sur le territoire dont les deux tiers sont américains. Le gouvernement face à la peur du terrorisme va créer des camps d’internement pour cette population.

Dernièrement deux bandes dessinées ont abordé le sujet de façon un peu différente.

Nous étions les ennemis. L’internement des Japonais par George Takei.

George Takei, ça ne dira pas grand-chose aux plus jeunes, il s’agit pourtant d’un héros de la culture geek. Il est en effet le personnage Sulu dans la série Star Trek. Star Trek est une série télé de sciences-fictions, déclinée aussi en films, qui raconte les aventures de l’Enterprise et de son équipage. Série particulièrement moderne à l’époque, elle accueillait des individus de toutes les ethnies dans des rôles clés. C’est la série qui en 1968 propose le premier baiser interracial entre un homme blanc et une femme noire. Pour comprendre la portée de Star Trek, la série est considérée comme le concurrent de Star Wars.

George Takei est enfant lorsque avec ses parents, il est envoyé dans les camps. La bande dessinée s’étale de ses souvenirs d’enfance, quatre ans dans les camps, jusqu’à nos jours. Il insistera sur les grandes dates, comme les excuses du président Reagan aux Japonais. Je trouve que la bande dessinée est très modérée, peut-être trop. Il faut peut-être y voir le regard biaisé de l’enfant, qui pense à s’amuser et ne comprend pas la situation. Je pense que ce qui ressort le plus de la bd c’est l’aspect psychologique, plus que les conditions. Les gens présents dans les camps sont pour la majorité Américains, ils sont nés sur le territoire. Néanmoins, ils conservent un attachement aux racines Japonaises qu’on demande de rejeter. Techniquement la bande dessinée est en noir et blanc, on pense aux traits des mangas.

Les indésirables.

Kiku est une adolescente de 16 ans d’origine Japonaise. Peu concernée par ses origines, elle se retrouve dans une brume qui la projette dans le passé. Elle va se retrouver dans un camp d’internement avec pour voisine sa grand-mère. L’utilisation du fantastique ne pose pas de problème de crédibilité au témoignage qui est bien réel. Alors que dans la bande dessinée de George Takei les conditions difficiles sont peu décrites, ici, c’est le contraire. La bande dessinée insiste de façon plus approfondie sur le froid, le manque de tout. Elle revient davantage sur la pression exercée par les soldats américains, au travers des fouilles notamment. La technique utilisée est différente, le dessin coloré, magnifique, simple rend la bande dessinée plus accessible.

Les points communs.

Les points communs sont nombreux, puisque nous sommes dans le même contexte historique, il y a toutefois deux parties marquantes. Les « no no ». Durant l’internement, la guerre s’éternise, les Américains ont besoin d’hommes. Ils vont donc demander aux internés deux choses : renoncer à l’empereur, s’engager pour la patrie. La famille de George Takei fera le choix de faire partie des no no. Le père de Takei avec la responsabilité de trois enfants, la quarantaine, n’image pas partir au front. De la même manière, son épouse ne se voit pas rejeter l’intégralité de sa culture. Les no no sont déplacés dans des camps plus difficiles, considérés comme des traitres à la nation américaine.

La conclusion est aussi commune, les deux bandes dessinées finissent sur les USA de nos jours. Le président Donald Trump et sa politique de lutte contre l’immigration a la part belle. En effet, les auteurs profitent de la stigmatisation des populations musulmanes pour montrer que les États-Unis reproduisent les mêmes erreurs. Les descendants des internés en portant ce témoignage rappellent que malheureusement l’histoire se répète.