Le contexte
Pour comprendre la totalité de l’arnaque, je vous renvoie vers le site Frandroid : Bitcoin : un ado gagne plus de 2 millions d’euros grâce à une arnaque sur Google. Je m’attacherai plus au problème de fond et à la mécanique. Concrètement un jeune a fait une fausse page internet ressemblant à un site internet connu. Ce n’est pas une nouveauté, il existe des millions de pages de ce type. Des gens « naïfs » se sont faits duper et ont laissé leurs identifiants bancaires. La question qu’on peut se poser, c’est comment quelqu’un qui va taper cdiscount ou Amazon finit sur un site d’arnaque ? Pas bien difficile, il suffit de payer.
Si c’est gratuit c’est vous le produit
Comme je le rappelle souvent, nous accédons à de très nombreux services. Ces services sont gratuits pourtant ces services coûtent de l’argent. Dans le cas du moteur de recherche Google, des serveurs, des techniciens. C’est une véritable fortune qu’il faut investir pour supporter les milliards de recherches par jour. Afin de financer cet investissement, comme le service est gratuit, il existe deux canaux de monétisation : la récolte des données personnelles et la publicité, l’une allant rarement sans l’autre. Vos recherches permettent à Google de mieux définir vos préférences et vous proposer des publicités adaptées à votre profil. Quelqu’un de 70 ans faisant une recherche sur des chaussures n’aura pas le même résultat qu’un jeune de 15 ans. Sans tomber dans la caricature, charentaise pour les premiers, sneakers pour les autres.
Il suffit de payer pour être en haut
Notre escroc a réussi à se hisser en tête de la liste, en payant simplement son espace publicitaire. J’évoquais la recherche des chaussures, on peut voir le résultat dans Google ci-dessous.
Les résultats surlignés en rouge ne sont pas les meilleurs magasins de chaussures, ceux qui vendent les chaussures de la meilleure qualité possible ou les plus connus. Il s’agit simplement de vendeurs qui ont payé pour se retrouver en tête du classement.
Comment se fait-il que Google propulse une arnaque en tête de liste sans vérifier ? Acheter une publicité sur Google ce n’est pas très compliqué, chaque jour des millions d’entreprises, d’individus vont acheter de la publicité. On comprend alors qu’il est impossible de tout vérifier … surtout si on n’en a pas vraiment la volonté. Il faut comprendre que chaque clic réalisé sur une escroquerie c’est autant de rentrées publicitaires pour Google qui n’a finalement que peu d’intérêt à être regardant. Google bien sûr n’est pas le seul à diffuser de mauvais liens, c’est tout le système qui pose problème. Voici par exemple une capture d’écran du Midi Libre, journal bien connu dans ma région.
Un tracking bien organisé
Il est intéressant de voir le lien en bas à gauche qui explique pourquoi la publicité est ciblée. Ma fille est en classe de service à la personne et j’ai fait des recherches sur les EHPAD du coin pour trouver un lieu de stage. Cela signifie que cet encart qui s’affiche provient directement du lien entre cette publicité et Google. Le lien du haut sur l’immobilier c’est une invitation à vendre ma maison du fait d’être dans le sud de la France. En effet la crise COVID a fait que beaucoup de personnes ont acheté des maisons dans le sud si bien qu’il manque des bien à vendre. Le dernier encart est encore lié à ma situation géographique, sans poursuivre sur la publicité on peut facilement imaginer qu’il s’agira d’une offre qui m’expliquera que je pourrais vivre totalement en autonomie grâce au solaire sauf qu’il s’agit comme souvent d’une « escroquerie », où les gens ne rentrent pas dans leurs frais avec le solaire. Dans Facebook et dans les autres réseaux sociaux, c’est autant de publicités pour des appareils miracles qui ne fonctionnent pas ou des propositions pour devenir riche.
Tous coupables
Il serait facile de tirer sur le système car nous sommes en partie responsables. Si nous ne sommes pas responsables des arnaques mises en avant, c’est la responsabilité des publicitaires et des sites. Ils utilisent ces pubs, à eux de vérifier les contenus diffusés sur leur site. Pour la pub, en général, quand ce n’est pas une arnaque c’est différent. Si je profite d’articles gratuits ou d’une recherche dans un moteur gratuitement, je dois fournir une contrepartie. La contrepartie peut être financière. Je paye alors mon abonnement à un journal, à un service. Je suis dans le droit de ne pas avoir de publicité. Si je ne paye pas, la contrepartie est publicitaire.
La moralité de cette histoire, c’est que tant que le système sera tel qu’il est, la prudence s’impose. Le système n’a pas de raison particulière de changer car les gens ne veulent pas payer. Il faut bien faire attention aux liens, aux adresses internet, aux détails. Il est important de garder toujours une part de méfiance avant de cliquer trop vite. Le temps consacré à étudier un site avant de s’engager sera toujours beaucoup moins long que celui à se faire rembourser d’une arnaque.
Et surtout, utiliser un bloqueur de pub ! Je ne sais pas comment on peut lire la presse sans ça…
Ben c’est pareil, ça dépend. Si tu veux qu’un site puisse vivre de la publicité sans tomber dans le modèle du payant, il faut soit supporter la pub soit faire des dons. Il y a donc une juste utilisation du bloqueur de pub ou assumer la disparition du gratuit pour un modèle purement payant. Il faut par contre reconnaître que les sites ne font aucun effort, sur téléphone c’est illisible.