La cancel culture, un nouveau fléau de plus à gérer.
France Info propose un reportage que je trouve assez pertinent, Cancel culture. Tu m’offenses, je te censure ! Il s’agit d’une vidéo d’une vingtaine de minutes expliquant la difficile situation aux États-Unis. La situation est tellement dramatique que l’on utilise les intelligences artificielles pour vérifier les quotas. Y-a-t-il assez de femmes, de personnes de couleurs, des différentes minorités. L’idée étant de faire des productions où personne n’est lésé.
On explique de la même manière que des experts en sensibilité existent désormais pour évaluer les œuvres. On vérifie plus que la représentation, si aucune minorité ne se trouverait blessé. Il y a par exemple des experts en personne en fauteuil roulant. Ils vont vérifier l’œuvre avant parution, pointer si aucune personne à mobilité réduite ne sera heurtée.
Et la création dans tout ça ?
La vidéo explique la problématique. Si un artiste doit s’autocensurer pour faire son œuvre d’art, est-ce que c’est encore de l’art ? Parallèlement, sous couvert de la liberté d’expression peut-on exprimer tout et n’importe quoi ? Ne faut-il pas se préoccuper de savoir si on a blessé quelqu’un. C’est cette position du curseur qu’il devient très complexe à trouver. Elle correspond en effet à une prise de risque pour l’auteur. S’exprimer c’est désormais prendre le risque de choquer des individus. Les réactions peuvent être particulièrement violentes y compris pour quelque chose qui pouvait sembler anodin. Car dans le concept de cancel culture tel qu’il est évoqué dans le reportage, on comprend qu’il ne s’agit pas ici d’expliquer à la partie adversaire qu’on a été blessé, d’envisager le dialogue, de débattre, mais bien d’éliminer littéralement la partie adverse.
Dure limite
Alors parfois la limite entre ce qu’on peut dire, ce qu’on ne peut pas dire est parfois beaucoup plus claire. Lorsque le discours est extrémiste, raciste, homophobe, qu’il n’est pas conforme à la loi, la situation est simple, claire. On va modérer ou même supprimer les comptes incriminés.
L’article de Slate apporte une vision complémentaire et pertinente avec la question suivante : Bannir des gens des réseaux sociaux crée-t-il un web à deux vitesses ? De façon synthétique on explique que les exclus des réseaux sociaux vont créer leurs propres réseaux ou utiliser ceux qui sont moins regardants sur les contenus.
La problématique est alors la suivante. Dans un réseau traditionnel, on pourrait imaginer encore pouvoir débattre avec ces individus. En les mettant à la porte, en les poussant vers des réseaux où ils se regroupent, on les maintient dans leur bulle de filtres. Ils seront confortés par une vision partagée par le plus grand nombre. Faut-il pour autant tolérer ces personnes pour les raisonner ? Faut-il faire le ménage sur la toile pour fermer les lieux qui tolèrent des propos illégaux ? Dans les deux cas c’est compliqué. Comme on l’a vu plus haut, nous sommes dans une société où on n’échange plus malgré les outils, et l’idée n’est pas de convaincre l’autre mais de l’écraser. En ce qui concerne la fermeture des réseaux parallèles, « tolérants », l’histoire a montré qu’à chaque fois qu’on a mis un grand coup dans la fourmilière on en avait dix autres qui se formaient.
La solution en fin de compte ne passera certainement pas par la toile mais par l’éducation dans les écoles et les familles, celle de la tolérance et du vivre ensemble. C’était ma phrase utopiste.
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