Cruella, à l’origine une vraie méchante Disney.
Cruella pour ceux qui sont trop jeunes, c’est la méchante du classique de Disney, le dessin animé de 1961. Elle cherche à se faire un manteau avec la peau des 101 dalmatiens. Cruella est le second méchant que reprend Disney après maléfique, la méchante sorcière de la belle au bois dormant. L’approche est assez singulière, elle n’est pas sans faire penser à Batman. Quelques explications, car effectivement, entre Disney et Batman, on peut y voir une grosse différence. Le traitement des personnages est pourtant similaire.
Cruella et Batman même combat (oui).
Dans Batman, seulement le Joker, l’ennemi juré de Batman est un homme mauvais par essence. L’intégralité des super méchants sont des victimes de la société. Ils sont devenus des méchants mais ce n’est pas vraiment leur faute. Ils sont des victimes. Le pingouin par exemple, totalement difforme à sa naissance est rejeté par ses parents et se tourne vers le crime. Le docteur Freeze perfectionne ses techniques de congélation pour maintenir sa femme cryogénisée en vie. Il vole de l’argent pour financer ses recherches et espérer vaincre sa maladie.
Le postulat de Batman est très particulier, car Bruce Wayne lui-même possède sa part d’ombre. Batman n’est pas un justicier gentil. C’est un homme qui ne respecte pas la loi pour privilégier la sienne, sa justice. Toute la bande dessinée se base sur cette ambiguïté. La frontière entre le bien et le mal si mince, le fait que tout puisse basculer. La différence fondamentale entre Batman et ce que fait Disney, c’est que la série Batman a été créée sur ces fondations. Disney est en train de changer largement d’orientation et on peut s’interroger sur le bien fondé de la chose.
À l’origine Disney c’est quand même les gentils
Disney c’est blanche neige et le sept nains dès 1937, un film qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Blanche neige est la gentille, la reine est la méchante, ni plus ni moins. L’ensemble des Disney qui sortira pendant des décennies sera basé sur le même principe. Le manichéisme, la distinction franche entre le bien et le mal, les valeurs de la famille, du courage, de l’obéissance, de l’engagement, la gentillesse. Des mots et des valeurs qui ne font plus nécessairement vendre. En effet, aujourd’hui les jeunes jouent à des jeux vidéos violents. Ils ont accès à tous les contenus possibles sur le net. De la violence, de la pornographie, le rap comme musique avec encore une fois de la violence, de la drogue. Le gentil à l’ancienne ne paye plus. Le gentil à l’ancienne est tout simplement ringard et on peut penser que Disney l’a bien compris.
Un excellent film.
Le film Cruella est excellent, Emma Stone est donc Cruella, une espèce d’alter égo maléfique. Enfant elle est partagée entre ses deux identités Estella et Cruella. Enfant brillante, mais rebelle, elle se fait renvoyer de nombreuses écoles. Un soir sa mère meurt suite à un rendez-vous mystérieux avec Emma Thompson. La plus grande créatrice de mode de la ville. Elle voit sa mère mourir sous ses yeux poussée par les dalmatiens d’Emma Thompson.
C’est déjà dès le début, un positionnement qui est assez singulier. Disney trouve une caution dans son préquel. Plus tard on peut comprendre qu’elle voudra se faire un manteau avec des dalmatiens. Emma Stone va finir par travailler pour Emma Thompson. Elle n’aura de cesse d’essayer de lui prendre sa place, la guerre est déclarée. Les deux actrices sont excellentes. La mise en scène des années 70, l’ambiance, les décors, les costumes, tout est parfait, le film est vraiment prenant mais c’est problématique.
Aimer une méchante, ce n’est pas bien.
Le personnage de Cruella est foncièrement mauvais. Aucun traumatisme lié à l’enfance ne justifie de découper des chiots pour en faire un manteau. Et pourtant pour l’art, pour l’esthétique, pour le business, Disney arrive parfaitement à trouver des excuses à son personnage. Une justification pour le psychopathe qu’il deviendra quelques années plus tard. De la même manière, Maléfique, vivant paisiblement dans sa forêt, trahie par les hommes finira, elle aussi, en psychopathe. Elle endort une jeune fille pendant 100 ans. Elle la prive de toutes les personnes qu’elle aime, morts de vieillesse pendant son sommeil. Pourtant, à la fin du film, on a presque envie de pleurer sur le sort d’Angelina Jolie l’héroïne.
Exagération ?
Mon propos pourrait paraître futile, avec un, ce n’est pas grave, ce n’est que du cinéma. Il correspond pourtant à la mouvance dangereuse de notre société. Les bonnes valeurs ne sont plus mises en avant, alors que Disney en était le garant jusqu’à maintenant. Ce même Disney qui est fait passer à la trappe l’intégralité de ses vieux films au profit des « lives ».
À regarder dans le passé, Disney est inquiété par la cancel culture car ses films ne symbolisent plus notre époque. Le racisme des chats siamois dans les aristochats, une caricature inacceptable. Ce baiser forcé dans blanche neige par le prince. Il l’embrasse endormie sans qu’elle puisse faire quoi que ce soit assimilé à un viol.
Le positionnement de Disney est dangereux. Cette société si prudente quant à son image affiche ouvertement son soutien à de mauvaises valeurs. Pire, elle trouve des justifications aux comportements déviants plutôt que de les condamner. Nous découvrirons certainement bientôt que le capitaine crochet a eu une enfance difficile. Une vie dans la pauvreté qui justifie la piraterie, et que cette main coupée, ce handicap fait que ce pauvre n’avait d’autre choix que d’être aussi méchant !
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