L’Homme qui tua Lucky Luke

Lucky Luke par Bonhomme

Contrairement aux comics en France on a du mal à partager les personnages. Batman a été réalisé par de très nombreux auteurs dans des contextes très différents. On aura même pu voir Batman ninja ! C’est dire qu’on a beaucoup tissé autour du personnage. En France c’est totalement différent. Lorsqu’un auteur passe la main tout est fait de façon officielle. La réutilisation des personnages passe mal, elle est reconnue comme un viol du droit d’auteur. La société Moulinsart qui représente les intérêts de Hergé et donc de Tintin est souvent dans la presse. Les procès qu’elle réalise contre ceux qui reprennent l’image du jeune reporter.

Une bande dessinée dans le canal non officiel

L’homme qui tua Lucky Luke a donc un caractère assez exceptionnel puisqu’il ne s’agit pas d’un album officiel. Il s’agit pas de la série mais d’un spin off réalisé par un auteur qui a eu l’autorisation. On imagine donc bien qu’on ne va pas casser les codes, et pour le dessin, et pour l’histoire. On aura par contre une vision un peu différente de celle proposée de façon officielle. Lucky Luke arrive dans une petite ville dans laquelle une diligence a été attaquée, à priori par un Indien.

Il va mener l’enquête et se retrouver face à une famille dont un des membres est le shérif. Ces derniers vont mettre des bâtons dans les roues du cowboy qui tire plus vite que son ombre. L’album se veut singulièrement plus dur, très peu d’humour pour un album plus sombre. L’ensemble est plutôt réussi même si je mets toutefois un bémol, je trouve que le titre est racoleur. Il ne s’agit que d’un simple élément de l’histoire et c’est pourtant le titre choisi, ainsi que les planches d’ouvertures. Il y a certainement intention d’attiser la curiosité du lecteur et ça marche. On se doute tout de même que Lucky Luke ne puisse pas mourir dans cet album.

Un rappel à la loi

Il est à noter que c’est dans cet album où l’on apprend comment Lucky Luke a arrêté de fumer. Il faut savoir que la culture pour enfant est régie par la loi du 16 juillet 1949. Une loi où il est interdit de faire l’apologie du vol, de la paresse, mais rien sur le tabac et sur l’alcool. Lucky Luke est un personnage de 1947 et à cette époque, la relation à la cigarette n’était pas du tout le même qu’actuellement.

Si aujourd’hui la cigarette est vue comme un symbole de maladie, à l’époque, la cigarette était considérée comme un signe de virilité. Les hommes, les vrais fument, des paquets de cigarettes étaient distribués gratuitement aux militaires jusqu’en 1986. Il a fallu attendre la loi Evin de 1991 pour faire cesser toute forme de publicité pour le tabagisme. Morris l’auteur historique de Lucky Luke avait un tour d’avance puisque c’est en 1983 que le cowboy remplace la cigarette par un brin d’herbe.

Vous pouvez retrouver un nouvel épisode de Lucky Luke par Mathieu bonhomme avec Wanted.

7 Comments

  1. Un excellent album qui permet, si on le souhaite, de conclure la série de Morris.
    Sombre à souhait, je te conseille dans le genre différent mais aussi bon la série Lapinot de Trondheim et sa suite « sans Lapinot ».

      1. La série Donjon est certainement l’un des rares cas où tout le monde collabore. Après c’est aussi dans l’esprit des auteurs qui sont quand même largement dans la gaudriole certainement plus que dans le business.

  2. Pour rebondir « sur » Gilles, Trondheim avait réalisé un super album Spirou.

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