Deux bandes dessinées sur la guerre d’Algérie

La guerre d’Algérie est une période noire de l’histoire de France. L’Algérie, colonie française veut récupérer son indépendance et se lance dans un conflit armé avec la France de 1954 à 1962. Deux cent cinquante mille Algériens tués, des tortures, la France n’est pas fière de son passé colonialiste. Un passé relativement récent qui suscite encore aujourd’hui des polémiques. Le conflit prendra fin en 1962 avec les accords d’Evian qui mettront un terme à 132 ans de colonisation française.

Avec les années, on commence à s’exprimer, notamment parce que les gens qui ont participé sont décédés. Je vous propose deux ouvrages qui traitent du sujet.

Puisqu’il faut des hommes

Nous sommes en 1961, Joseph rentre de la guerre d’Algérie dans son village, il n’est pas vraiment le bienvenu. À la ferme, un drame se produit durant son absence. Son frère promis à une belle carrière cycliste a un accident de tracteur, il est désormais paralysé. Tout le monde considère que Joseph est coupable et tout va mal pour lui. S’il ne s’était pas engagé, il aurait pu continuer d’aider et un tracteur n’aurait pas été nécessaire. Joseph jugé comme un planqué pour son poste dans la bureaucratie et pas dans les combats. Mathilde, sa fiancée qui n’a jamais reçu ses lettres va se marier avec le fils du boucher.

Malgré les commentaires, malgré les moqueries, Joseph tient bon. Pourtant, il y a quelque chose de peu cohérent avec son histoire de poste derrière la ligne du front. Les cauchemars, la violence qui démarre au quart de tour, et si finalement Joseph cachait un lourd secret ?

Avec à peine 68 pages, puisqu’il faut des hommes est un récit puissant malgré les très nombreux clichés.

La couverture de puisqu’il faut des hommes.

Appelés d’Algérie

Un homme âgé décide à la fin de sa vie de raconter ce qu’il a vu et fait durant la guerre d’Algérie à son petit-fils. On va bien sûr retrouver des points communs avec « Puisqu’il faut des hommes » notamment la transformation des hommes. Il y a une phrase assez marquante dans l’album qui dit que dès qu’on met un fusil dans les mains d’un homme, il n’est plus le même. Raymond raconte comment il finit par se retrouver en Algérie sans vraiment comprendre pourquoi et comment il finit dans la violence.

La bande dessinée s’attache davantage à l’histoire que la précédente dans laquelle on avait un secret, une romance. Plus de dates, de faits historiques, nous sont présentés dans l’album. La bande dessinée ne prend aucune pincette sur les tortures à la gégène, les exécutions, les décapitations, les viols ou les meurtres d’enfants.

Le petit-fils va se prendre de passion pour le sujet et mener sa propre enquête en rencontrant des individus qui ont croisé son grand-père. Il recherche un jeune Algérien qui a sauvé son grand-père.

Le récit en lui-même est moins passionnant, néanmoins on est accroché par le fait historique. Le récit nous rappelle que ce sont des hommes originaires du pays des droits de l’homme qui sont à l’origine d’horribles exactions. Preuve qu’en temps de guerre, personne ne peut savoir comment il se comportera.

One Comment

  1. J’ai été plus sceptique sur une autre BD faite avec Benjamin Stora : Histoire dessinée de la guerre d’Algérie qui essaie d’être plus historique mais avec des partis pris discutables dans l’équilibre du récit et surtout un côté un peu trop « scolaire ».

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