Pix d’une épreuve obligatoire à facultative.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est pix, j’avais déjà écrit un peu sur le sujet. Il s’agit d’une certification informatique qui va concerner l’ensemble des élèves jusqu’au BTS. La certification consiste à répondre à un ensemble de questions derrière un ordinateur durant une épreuve de deux heures.
Il s’agissait de la première année où l’épreuve avait un caractère obligatoire en classe de troisième. La date butoir fixée au 21 mai. Dans un contexte COVID le caractère obligatoire est passé à facultatif. La date butoir du 21 mai au est passée au 25 juin. Au niveau de notre établissement, nous sommes allés tellement loin qu’il serait ridicule de ne pas passer la certification. Ce sera un bonus pour nos élèves.
En effet, il faut considérer qu’à terme pour toutes les populations futures qui seront en recherche d’emploi, le niveau de certification pix sera l’étalon du niveau informatique. Un niveau national, reconnu et identique pour chaque personne. À l’heure actuelle, vous mettez sur votre CV que vous maîtrisez le tableur, le traitement de texte. Tout ceci reste vague, quand un niveau pix est comptable.
Les collégiens n’ont pas d’ordinateur personnel.
Voici quelques remarques que je peux faire pour la mise en œuvre de pix au moment où j’écris ces lignes. Des enseignants ont fait remonter les informations auprès de qui de droit. On peut espérer dans le futur des améliorations : pix dans sa version actuelle n’est utilisable que par sur un ordinateur. Le site n’est pas responsive design, les activités ne sont pas adaptées pour un smartphone. Dans ma région Occitanie comme c’est le cas dans de nombreuses régions françaises, les lycéens possèdent un ordinateur personnel. Le problème ne se pose pas. Pour des collégiens où le niveau d’équipement n’est que celui de la famille, la situation est beaucoup plus complexe. L’ordinateur est très souvent celui des parents, parfois il n’y a pas d’ordinateur. Pix n’est pas à réaliser dans l’intégralité du temps scolaire. C’est un travail que doit faire l’élève en autonomie, sans ordinateur, c’est impossible.
Une absence d’autonomie pour certains enfants.
L’autonomie parlons-en. Les élèves de lycée sont capables de mener seuls pix en autonomie. Pour des élèves de 4ème, 3ème, c’est mission impossible. Les élèves perdent de façon systématique leur code. C’est devenu l’un de nos problèmes majeurs. Entre les différents ENT, outils, et la multiplication des identifiants, ils n’arrivent pas à gérer les codes. Ils ne sont pas capables de dégager du temps personnel pour s’avancer seuls. Il faut donc avec des collégiens ou élèves de CAP avoir des heures pour le faire sur le temps scolaire. C’est problématique, car le nombre d’heures est assez conséquent et l’organisation complexe quand des élèves sont absents. La réalisation du parcours de rentrée, c’est entre une heure trente et deux heures trente selon les élèves. La validation des cinq points bien plus.
Vérifier chaque parcours de façon individuelle.
La validation des cinq points est complexe à faire comprendre. Certains élèves n’arrêtent pas dans un niveau et poussent la difficulté jusqu’à deux points alors que ce n’est pas comptabilisé. Ils devraient s’arrêter et prendre un autre chemin. On dira que ce n’est pas une perte de temps, car l’élève apprend. Mais pour sa certification c’est effectivement du temps perdu. Il faut vérifier que chaque élève ne va pas trop loin dans un parcours et le réorienter si nécessaire.
Des outils de contrôle qui ne sont pas développés.
Enfin dernier point particulièrement problématique pour l’enseignant. Il n’y a pas de possibilité de contrôler l’avancée de l’élève en temps réel. Il est obligatoire de soit passer derrière lui et de pointer ou faire ce qu’on appelle une campagne de collecte. L’élève doit cliquer sur un lien et envoyer son profil. Même si ce ne sont que deux clics, dans une démarche où les choses sont déjà compliquées, ces deux clics sont un rajout supplémentaire à une situation déjà complexe.
pix même s’il montre des limites reste une démarche intéressante. Offrir un niveau d’informatique commun à chaque élève de France est une bonne chose. Comme le BAC est un examen national ou le permis de conduire un examen que tout un chacun doit avoir pour pouvoir conduire. La place du numérique est telle dans nos vies, qu’un « permis » du numérique est une excellente idée.
pix reste toutefois jeune et devra encore s’améliorer d’un point de vue technique. Il manquera enfin un dernier point qui est purement pédagogique : il faut que tout le monde éducatif comme c’est écrit dans les textes s’approprie pix, puisque des parcours sont proposés dans toutes les matières. pix est transversal, il n’est pas « le problème » de l’enseignant d’informatique mais bien une volonté de toute la communauté pédagogique.