Barbra Streisand est une chanteuse qui a connu un grand succès dans les années 70-80, une actrice aussi. En 2003 un journaliste survole sa propriété et diffuse l’image ci-dessous. Il ne s’agit pas d’un journaliste à sensation qui a voulu dévoiler sa vie privée. C’est une photo prise dans un cadre scientifique. On voulait montrer l’érosion du littoral et c’est certainement ceci qui a suscité la levée de bouclier des internautes.
Barbra Streisand mécontente demande le retrait de la photo et fait donc pression sur le journaliste avec un procès. Les internautes considérant l’action injuste, la photo s’est multipliée sur de très nombreux sites internet. On parle d’effet Streisand quand on démultiplie une information pour qu’elle ne disparaisse pas. C’est une façon de protéger l’information quand d’autres veulent la faire disparaître. Parmi les cas les plus marquants, Wikileaks le site qui distribuait des secrets d’états qu’on voulait cacher au peuple. Le site pirate the piratebay sans cesse fermé par les sociétés « culturelles ». On peut penser à l’animal légendaire, l’hydre, on coupe une tête, deux repoussent.
Présenté de cette façon, on peut penser que l’effet Streisand, c’est une arme du petit peuple pour faire plier les grands. Ce n’est pas toujours vrai, il y a un peu de réflexion à faire. Si on regarde la photo, elle n’a rien de choquant, ce n’est que l’image d’une propriété de loin. On peut effectivement constater que c’est certainement plus la falaise qui intéresse que la maison. On ne peut pas évoquer d’atteinte à la vie privée même si madame Streisand l’a peut-être vécu de façon différente. C’est tout de même sa maison.
L’effet Streisand pose tout de même le problème qui est le suivant. Des gens, décident pour d’autres de mettre en lumière ce qu’ils voudraient cacher. À tort ou à raison. Et c’est ici la problématique, c’est qu’on empiète directement sur le respect de la vie privée. Le droit à l’image ou encore même le droit à l’oubli qui est apparu depuis ces dernières années.
À mon sens, y compris dans le cas de Barbra Streisand, les internautes n’avaient pas à décider pour la justice du bien fondé ou non de sa demande. En outre, des journalistes dont c’est le métier, des scientifiques, des hommes de loi et des internautes auraient dû se positionner, expliquer, dénoncer le fait de mettre une publication scientifique au tribunal, les internautes donner de l’argent pour payer de justice. La méthode Streisand est une méthode brutale et qui implique peu. Avant de vous lancer dans ce type d’action, mettez vous à la place de celui ou de celle qui subit son effet, n’entrave-t-on pas sa vie privée ou son droit à l’oubli ?