Le concept
Si on regarde dans un dictionnaire la définition du minimalisme, on peut lire :
ARTS École de peinture qui réduit au minimum les éléments d’un tableau.
Simplification extrême (d’une décoration, d’une façon de procéder).
Dictionnaire le Robert
On part d’un courant d’art qui vise à la simplification, à une simplification extrême en tant que mode de vie. Le premier minimaliste à s’être réellement fait connaître c’est le Japonais Fumio Sasaki. Il s’agit d’un homme qui collectionnait les mangas, les goodies qui travaillait d’ailleurs dans une maison d’édition de manga. Un jour, il arrive à saturation de tous les biens matériels qu’il juge encombrants, inutiles et oppressants. Il finit par vider le gros des objets qu’il possède pour arriver à une vie plus simple. Le voici dans une vidéo où il raconte son histoire. Les sous-titres sont en anglais, mais on comprend ce qu’il veut dire.
Le minimalisme pour alléger la charge mentale
De façon très concrète et c’est une constante chez les minimalistes. La diminution du nombre de vêtements, pour avoir des tenues simples. Mark Zuckerberg patron de Facebook porte de façon systématique un T-Shirt gris et un jean. Il possède pourtant une des plus grandes fortunes au monde. En fait, c’est le même vêtement, mais en plusieurs exemplaires.
Pourquoi ? Tout simplement pour s’éviter de prendre une décision complexe de bon matin, pour ne pas avoir à réfléchir comment s’habiller. Cela peut vous paraître une forme de fainéantise, mais à la réflexion, si vous éliminez un ensemble de petites décisions inutiles dans un quotidien déjà compliqué, vous allégez votre charge mentale.
On vous conseillera de vider vos tiroirs de cuisine. Vos assiettes en porcelaine que vous n’utilisez jamais ou votre machine à pain que vous avez utilisée une seule fois. L’énergie que vous allez consacrer à trouver l’économe dont vous avez réellement besoin pour éplucher vos patates au milieu de tous les appareils inutiles, c’est autant de temps perdu pour rien, de fatigue, de contrariété. De la même manière, si vous limitez le nombre d’objets, c’est autant d’entretien en moins de l’objet (réparations, mise à jour, nettoyage). Une facilité de nettoyage de la maison, des pièces plus aérées, plus lumineuses, moins encombrées, donc plus agréables. Des économies financières du fait d’avoir moins de possession, mais aussi des économies de place.
Le courant minimaliste s’insère alors vers une simplification de la vie, mais aussi un retour à la terre. Des gens qui travaillaient pour de gros salaires dans des régions urbaines font le calcul qu’ils peuvent vivre avec moins. Moins d’argent, moins d’espace, c’est ainsi qu’on a vu apparaître les tiny house. Ces petites maisons parfois autosuffisantes, avec une empreinte carbone réduite. Elles laissent plus de place à la terre pour la cultiver par exemple.
Le minimalisme jusque dans les relations sociales et donc les réseaux
Si on a compris le principe. Le minimalisme vise à nous simplifier le quotidien en nous débarrassant au plus du superflus. Moins d’objets, moins d’espace, moins de contraintes. Il est alors logique d’avoir moins de relations, reste encore à définir lesquelles. Vous avez 500 amis sur un réseau social comme Instagram, autant sur Snapchat. Vous êtes soumis à des notifications permanentes, à une quantité importante de messages à traiter. À des images qui peuvent contribuer à vous déprimer. Pour ce dernier point, l’actualité et sa répétition peuvent être oppressantes (attentats, guerre, COVID etc.). Les photos diffusées par vos « amis » visent à témoigner d’une vie heureuse et épanouie. Ceci peut avoir un effet négatif sur vous puisque nécessairement vous tombez dans la comparaison. Il s’agit de moments choisis et ces gens ne sont pas plus heureux que vous. Faut-il continuer à suivre des mensonges ?
La vidéo suivante est très bien faite, elle montre la différence entre Instagram et la réalité.
Est-il réellement nécessaire d’être présent sur tous ces réseaux ? Doit-on réellement suivre autant de personnes ? Qui parmi ces personnes comptent réellement pour vous ? Le minimalisme vous invite alors à faire du ménage dans vos relations, à supprimer les réseaux sociaux qui sont une source de stress, de perte de temps, pour vous recentrer sur les gens qui comptent réellement pour vous.
Les dérives du minimalisme
Passer d’un état de consommation absolue, d’omniprésence sur les réseaux sociaux à une vie plus rangée, plus « sobre », ne peut pas se faire en un jour. Ainsi, imaginer que vous allez vider la maison du jour au lendemain et passer d’une vie de réseaux à une vie composée de quelques amis, c’est exactement pareil que quelqu’un qui veut se lancer dans la course à pied et qui décide d’attaquer un marathon au premier jour d’entraînement.
L’idée n’est pas de tout jeter. L’idée n’est pas de tirer un trait sur toutes les relations et de vivre comme un ermite au fond de la forêt, mais bien de commencer par une réflexion sur son mode de vie. Sur ses éventuelles dérives. Est-ce que passer 15 heures sur les réseaux sociaux, c’est sain ? Avoir 20 paires de sneakers dans son placard, c’est utile ? Est-ce que vivre à deux dans 120 mètres carrés, c’est indispensable ?
Le minimalisme trouve depuis des années de nombreux émules. Il s’agit en effet souvent de règles de bon sens visant à limiter les excès. Certains en ont donc fait un business et d’autres deviennent des relations toxiques en vous culpabilisant parce qu’ils sont capables de vivre avec un simple sac à dos. Si les réseaux sociaux vous rendent heureux, conservez-les. Comme le service en porcelaine, et si avoir 20 paires de sneakers contribue à votre bonheur, achetez vos 20 paires. Le minimalisme des uns n’est pas le minimalisme de l’autre.
Nécessairement autour de chaque pratique, vont apparaître des experts, des coachs, et même des stars. J’évoquais plus haut le japonais Fumio Sasaki qui vend des livres, qui fait des conférences, il apparaît un « business model » inhérent à son histoire. Ce n’est rien par rapport à Marie Kondo, elle aussi japonaise. Je pense que les Japonais du fait de vivre sous pression depuis l’enfance où des jeunes en échec scolaire se suicident, dans des espaces petits, des milieux urbains, sont enclins à réfléchir à un changement radical de leur mode de vie.
Alors que Fumio Sasaki est tout en sobriété, Marie Kondo c’est la jeune femme joyeuse qui a su utiliser le minimalisme comme un business assez étonnant. Marie Kondo s’est fait connaître pour ses méthodes de pliage afin de gagner de la place mais aussi pour son lien presque spirituel avec les objets. Lorsqu’elle se débarrasse d’un objet, elle le remercie pour le bonheur qu’il a pu lui apporter dans une petite cérémonie presque religieuse. Émissions de télévision, télé réalité, magasins, objets (avec des pantoufles à 67 dollars), séminaires, Marie Kondo a su faire du minimalisme une affaire juteuse.
On ne peut qu’être interrogatif face à un mode de vie qui essaie d’éliminer les objets. Les contraintes inutiles, la pression, le trop plein et celui de Marie Kondo propriétaire d’un empire autour de sa personne qui doit donc gérer certainement de nombreuses responsabilités, du stress.
En conclusion
Être heureux en vivant avec moins est certainement l’un des enjeux de notre monde où l’on essaie de nous faire croire que nous avons besoin de toujours plus. Ne pas tomber dans l’excès, ne pas choisir de mauvais guides, et réfléchir à des petites actions simples pour se débarrasser du superflu et de certaines chaînes que nous nous imposons.
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