Restez curieux, de l’importance d’avoir les codes

Napalm est une œuvre du street artist Bansky. Un auteur que nous avons déjà croisé la toile qui se déchire, la petite fille et le ballon rouge. Comment interpréter cette œuvre si on n’a pas les codes ?

La guerre du Vietnam

Si on a une culture de base, loin des cours d’histoire, on a du mal à comprendre l’image. Que fait cette enfant nue au milieu de Mickey et de Ronald Mac Donald. Ronald Mac Donald, le clown, fut pendant longtemps le symbole de la firme. Le contraste est trop important. Si on a les codes, on sait que la fille nue est issue de cette photo qui a fait le tour du monde.

Il s’agit de Kim Phuc Phan Thi vietnamienne âgée à l’époque de 9 ans. En 1972, son village vient d’être bombardé par les Américains au napalm un gaz inflammable. La photographie est prise par Nick Ut. Elle fait le tour du monde et sera l’un des éléments de dénonciation de la guerre du Vietnam.

Dénoncer la société de consommation

Il est toujours difficile de se mettre à la place d’un auteur. On sait toutefois que le street artist est particulièrement engagé dans la lutte contre les inégalités, la société de consommation. L’image est forte. Bansky utilise le présent et le passé des États-Unis. D’un côté la vision de la société de loisir, l’empire financier. Ces deux représentants que nous connaissons tous et qui dominent le monde. Une belle image de réussite. De l’autre un passé trouble où l’on n’a pas hésité à jeter une bombe nucléaire sur des civils. Il rappelle ainsi que derrière la façade du pays se cache de nombreuses inégalités. On peut penser aussi au travail des enfants en Asie. Cette société parfaite qui exploite les autres pays pour fabriquer des objets vendus à des enfants riches en occident.

Une certitude. Comment se lancer dans une interprétation quelconque sans un minimum de culture, sans volonté de comprendre. Si ici, il c’est un fait historique, une image que tout le monde connaît, le cas suivant, c’est plus complexe.

Steve Jobs le gars qui avait les codes sans aucun doute.

Il s’agit d’une peinture réalisée à Calais, la fameuse « jungle » où l’on a entassé des migrants. On y voit Steve Jobs patron décédé d’Apple, avec un vieux Mac à la main. On retiendra que Jobs est celui qui aura « inventé » l’iphone. La peinture s’appelle  « The Son of a Migrant from Syria » qui signifie le fils d’un migrant de Syrie. Ce n’est pas totalement vrai mais c’est tout de même proche d’une forme de réalité. Steve Jobs est le fils d’un étudiant Syrien qui a étudié aux États-Unis. Il est finalement adopté par la famille Jobs. L’artiste dans un communiqué souligne qu’un enfant de migrant a été à l’origine d’une des entreprises mondiales les plus rentables au monde. Il s’interroge ainsi sur le fait de passer à côté de génies dans une politique basée sur le rejet.

Ce « détail » de la vie de Jobs méritait d’être creusé, il faut pour cela avoir envie de comprendre une œuvre et pour cela, rester curieux !

3 Comments

  1. La curiosité est essentielle dans le domaine de sa culture générale…Mais il faut y ajouter des aspects générationnels ce qui laisse penser aussi à l’age de Banksy ou du collectif derrière dans l’utilisation de certains symboles. On aurait pu avoir des photos de Robert Capa pendant la guerre d’Espagne par exemple mais cela fait appel à une histoire plus lointaine.

    Quant à Jobs et ce manque de père et d’origine, cela a joué incontestablement dans sa carrière et sa personnalité. Mais c’est une autre histoire.

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