Fake news l’info qui ne tourne pas rond

Un tournant pour la bande dessinée

Il y a une vingtaine d’années la bande dessinée francophone était clivée globalement en trois parties : la bande dessinée adulte souvent d’aventure, la bande dessinée d’humour, et la bande dessinée pour enfant. J’ai connu cette période où la bande dessinée n’était pas considérée comme un médium sérieux. Plutôt comme un sous divertissement. La culture s’oriente vers l’image pour atteindre plus en plus de monde au détriment de l’écriture. La bande dessinée devient naturellement un média très utilisé, notamment à but pédagogique. Les sujets sont de plus en plus variés, le fonctionnement de l’assemblée nationale, ou les attentats du 11 septembre, Doan Bui grand reporter pour le nouvel observateur s’attaque aux fake news.

L’histoire

La bande dessinée démarre sur une tuerie aux États-Unis où un homme armé est entré dans une école et a tué une vingtaine d’enfants. La journaliste se rend sur place, interview les parents et va se trouver face à des gens qui nient la tuerie en arguant qu’il s’agit d’une supercherie et que les parents sont des acteurs. Des arguments simples et pas forcément évidents à démontrer comme le fait d’avoir vu les corps des enfants. Cela fait partie des mécanismes des fake news, de l’absurde tellement absurde qu’il en devient indémontrable, la journaliste n’a en effet pas ouvert un cercueil pour vérifier, faire une analyse ADN afin de confirmer qu’il s’agit bien d’un enfant disparu. La problématique, c’est que le dialogue est impossible puisque par définition les auteurs de fake news ont toujours une explication. On peut se demander quelle est la motivation. En effet, imaginer qu’un tel carnage serait une supercherie, pourquoi ? Pas bien difficile, les armes à feu aux États-Unis sont un sujet qui revient régulièrement au cœur de l’actualité. Chaque nouvelle tuerie remettant en cause l’amendement où chacun a le droit de pouvoir se défendre et posséder une arme.

En Macédoine et chez les platistes

La journaliste va poursuivre son enquête dans de nombreux domaines. Les platistes, les gens qui pensent que la terre est plate. Mais aussi sur Donald Trump avec un voyage en Macédoine assez intéressant. On apprend qu’une ville au grand complet durant la crise économique qui a frappé la Grèce a participé à la diffusion massive de fake news à l’encontre de la candidate du parti démocrate Hilary Clinton. Les étudiants étaient les principaux auteurs mais le phénomène est devenu tellement important que les enseignants eux-mêmes ont fini par réaliser des fake pour gagner de l’argent !

Le rôle du journaliste

La bande dessinée ratisse large. L’origine des fake news, vieilles plus ou moins comme le monde. Les difficultés financières de la presse car le journalisme ça coûte cher, le besoin de journalistes et la défiance de ceux qu’on qualifiera de complotistes qui ne croient plus dans l’information « traditionnelle ». C’est bien plus que la fake news qui est expliquée. Doan Bui intervient en effet dans les établissements scolaires pour expliquer son métier. Elle revient sur l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, l’homme accusé d’avoir assassiné sa famille et le raté de la presse française. En effet les journalistes avaient annoncé sa capture en Écosse alors qu’il s’agissait d’un homme qui lui ressemblait.

Fake news l’info qui ne tourne pas rond est plus qu’une simple bande dessinée sur les Fake news. C’est une véritable enquête qui se veut la plus objective possible qui ne juge pas, ne caricature pas les complotistes. Elle montre les enjeux d’un monde où les réseaux sociaux, le sensationnalisme, les algorithmes ont remplacé le métier de journaliste.

La journaliste a donné une interview sur TV5 monde que vous pouvez trouver ici

La couverture de l’album